Où sont enterrés les nombreux disparus durant le règne de Jammeh ? La question reste en suspens.
Alors que la Commission de réconciliation est en fin de mandat et s’apprête à livrer ses conclusions, et ce, après avoir entendu bourreaux, victimes et témoins, une question reste en suspens : où est enterrée la centaine de disparus sous le magistère de l’ex dictateur, Yahya Jammeh ? Emedia rentre d’une visite avec les membres de la Commission de réconciliation qui enquête sur les abus commis sous l’ex-président. Reportage.
Ce week-end, la structure chargée de l’enquête a tenté de percer le mystère en faisant le tour de plusieurs sites supposés être des fosses communes, puits ou zoo de caïmans où l’on aurait jeté les dépouilles d’opposants.
Selon des témoignages, beaucoup de personnes, portées disparues par leurs familles, ont été tuées et enterrés en catimini sur différents sites dans la jungle, dans la région naturelle de la Casamance. Aujourd’hui, les récits les plus mystérieux foisonnent.
Guidée par deux junglers- les membres de l’escadron de la mort de Jammeh-, l’équipe de la commission de réconciliation a visité plusieurs sites situés dans des zones éloignées les unes des autres.
Une journée marathon qui a démarré par la sépulture de Solo Sandeng, opposant torturé à mort, en 2016 et enterré clandestinement. Ensuite cap sur différents sites situés à l’orée de la ville dont un site en pleine jungle où ont été enterrés deux hommes d’affaires, en janvier 2017. Mais sans détecteur de restes humains, difficile de retrouver la tombe.
À l’arrière du palais, la sépulture de deux Américano-gambiens rentrés en Gambie en 2013. Arrivés ici, l’un des fossoyeurs qui a participé au crime a expliqué comme ces deux individus soupçonnés de subversion ont été nuitamment exécutés et enterrés à la va vite, sur ordre personnel du président Jammeh. « Nous sommes arrivés ici à 2h du matin. Sur ordre du président, on a exécuté par asphyxie les deux individus menottés et les pieds joints. Moi, j’étais chargé de creuser la tombe. Ensuite, on les a décapités avant de les enterrer ensemble. »
À la question de savoir dans quel état mental était-il, le “jungler” de répondre qu’il en était très navré mais qu’il n’avait pas le choix. À l’aide de Caterpillar, toute la zone a été excavée sans succès pour l’instant. Une journée riche en découvertes, d’après les membres de la Commission même si les supposées fausses communes et puits d’enterrement n’ont pas été identifiés.
Human Rights Watch appelle à une enquête pénale
« Les témoignages devant une commission de vérité gambienne sur l’implication de l’ancien président Yahya Jammeh dans de nombreux crimes graves perpétrés au cours de ses 22 années au pouvoir devraient être suivis d’une enquête pénale » ! Cette déclaration est de l’ONG Human Rights Watch, à la suite de la diffusion d’une vidéo intitulée « Vérité et justice en Gambie ».