Comment ne pas vous féliciter et vous remercier pour cet intérêt présumé à la rationalisation des dépenses publiques et la promotion du « label Sénégal » ? Cependant, comment ne pas vous inviter à plus de rigueur dans votre analyse ?
Suivant le fil de votre analyse, j’aimerais d’abord rendre hommage à cette institution que vous blâmez et qui par ses missions et ses travaux est digne de louanges, et à travers elle toutes ces éminentes personnes à son service, je veux nommer l’IGE.
La création de l’APIX et de l’ASEPEX est le fruit de la Stratégie de développement du secteur privé (SDSP) qui les avait recommandées comme chefs de file dans la coordination des interventions au titre des fonctions éponymes de promotion de l’investissement et de l’exportation.
Mutatis mutandis, le dispositif d’appui au secteur privé a toujours nécessité une adaptation surtout dans sa coordination. Plusieurs études ont été menées dans ce sens par des experts dont l’expérience tant national qu’international et l’indépendance ne peuvent faire souffrir leurs travaux de subjectivité ou de légèreté. A notre connaissance, aucune de ces études disponibles n’abondent dans votre sens, alors qu’elles ont permis d’éclairer les décisions de rationalisation des dépenses publiques prises par le Chef de l’Etat aux termes des liquidations et fusions d’agences et de directions.
Monsieur Sy, il n’y a nullement d’incongruité dans l’existence à la fois de l’APIX (Agence de Promotion des Investissements et Grands Travaux) et de l’ASEPEX (Agence sénégalaise de Promotion des Exportations), que vous présentez comme « les deux bras armés de notre politique d’exportation et d’attraction des investisseurs étrangers ». Reprenant votre métaphore, « les deux bras », et à l’illustrer d’un corps humain, chaque bras a sa fonction et ne peut se substituer entièrement à la fonction de l’autre.
Suivant votre logique, le Ministère des investissements devrait être fusionné avec le Ministère en charge du commerce, et que le département en charge du tourisme, qui par ailleurs, vend la destination Sénégal devrait suivre !
Je sais que vous suivez ce débat au niveau mondial sur la fusion de ces deux fonctions, mais chaque pays dispose de son propre contexte et de son environnement.
A vouloir rationaliser par la fusion, on risque de créer un gigantesque monstre aux pieds d’argile.
Je vous concéderai l’esprit présumé de votre analyse qui voudrait une efficacité dans le dispositif d’appui au secteur privé et une rationalisation des dépenses publiques et dont le fondement serait une meilleure coordination de la politique de l’intervention publique et une synergie des structures.
Ayant pour mission le développement des exportations sénégalaises aux fins d’une amélioration durable de la position de la structure commerciale, l’ASEPEX se présente comme une plateforme intégrée de services dédiés aux entreprises exportatrices ou à potentiel export. La structure regroupe un ensemble d’activités d’information et d’intelligence économique, des services de facilitation sur des formalités du commerce extérieur (administration, douane…), d’assistance technique pour que les produits soient conformes aux standards de qualité et d’exigences sanitaires des marchés extérieurs. L’ASEPEX s’investit parallèlement dans le financement d’activités transversales visant à améliorer le climat des exportations et se met à la disposition des entreprises pour soutenir le développement de la stratégie d’exportation en proposant notamment l’adaptation des produits sénégalais à des marchés ciblés (certification, labellisation, enregistrement de marque). L’agence remplit enfin des activités de promotion commerciale en participant notamment à des foires et salons.
Ayant pour vocation d’améliorer le climat des affaires et de faciliter les grands investissements, notamment ceux mis en œuvre dans le cadre de l’Investissement Direct Etranger, l’APIX promeut l’attractivité extérieure du Sénégal avec une attention particulière portée à la réalisation des grands travaux d’où sa dénomination : Agence de promotion de l’investissement et des grands travaux. Dans cette perspective, l’APIX identifie les investisseurs et effectue toute l’activité de suivi-évaluation des projets dont elle aide à la mise en œuvre.
A chacune de ces structures suffit sa charge. Il faudrait simplement arpenter une approche « chaine de valeur », une approche systémique pour annihiler tout enchevêtrement et tout flou institutionnel et parvenir à un développement inclusif.
En effet, pour que se développe l’activité exportatrice des entreprises, un appui devait être apporté à tous les niveaux des filières d’exportations au travers d’une approche « chaîne de valeur». Cette approche se concentre sur la création d’un environnement propice à la création de valeur ajoutée à tous les maillons de la chaîne.
Aussi, il faudrait instaurer une stratégie de développement fondée sur l'extraversion par la promotion des exportations manufacturières, pour des raisons essentielles que le pays ne disposant pas suffisamment de matières premières. Mais pour exporter, et donc s'insérer dans les échanges mondiaux, il faut une spécialisation dans des productions où il y’a un avantage, cela ne pouvant être que des productions industrielles nécessitant de la main d'œuvre peu qualifiée et nombreuse, le textile ou l'électronique par exemple. L’Etat devra laisser une place prépondérante à l'initiative privée en faisant le choix d'aider au développement des industries à forte intensité de travail. Il devra aussi protéger le marché intérieur, de manière sélective mais draconienne, de façon à assurer son développement dans les secteurs possible à accroître tout en recourant massivement aux capitaux étrangers pour l'industrialisation.
Cette démarche stratégique de « substitution des importations », consiste à remplacer les importations manufacturières par les productions nationales :
- il s’agit, d’abord, de cibler les débouchés importants du marché intérieur, tels que reflètent les achats substantiels effectués à l’étranger au fil des années ;
- il s’agit, ensuite, de s’assurer de la capacité des industriels locaux à maîtriser les techniques de production ou de la volonté des investisseurs étrangers de fournir des techniques, des gestionnaires et du capital ;
- il s’agit, enfin, d’ériger des mesures protectrices (tarifs douaniers ou contingents à l’importation) afin de couvrir les coûts initiaux, probablement élevés, de la production nationale et d’assurer la rentabilité des industries prioritaires pour les investisseurs potentiels.
Enfin, Monsieur Sy, il faudrait aux structures d’appui au secteur privé les moyens de leur politique.
Hic sunt gressus (voici la démarche) et le défi bien pris en charge dans la nouvelle politique du Gouvernement à travers le Plan Sénégal Emergent.
Dr. Diouf Mbaye Jean-Marie
Juriste-Economiste
Suivant le fil de votre analyse, j’aimerais d’abord rendre hommage à cette institution que vous blâmez et qui par ses missions et ses travaux est digne de louanges, et à travers elle toutes ces éminentes personnes à son service, je veux nommer l’IGE.
La création de l’APIX et de l’ASEPEX est le fruit de la Stratégie de développement du secteur privé (SDSP) qui les avait recommandées comme chefs de file dans la coordination des interventions au titre des fonctions éponymes de promotion de l’investissement et de l’exportation.
Mutatis mutandis, le dispositif d’appui au secteur privé a toujours nécessité une adaptation surtout dans sa coordination. Plusieurs études ont été menées dans ce sens par des experts dont l’expérience tant national qu’international et l’indépendance ne peuvent faire souffrir leurs travaux de subjectivité ou de légèreté. A notre connaissance, aucune de ces études disponibles n’abondent dans votre sens, alors qu’elles ont permis d’éclairer les décisions de rationalisation des dépenses publiques prises par le Chef de l’Etat aux termes des liquidations et fusions d’agences et de directions.
Monsieur Sy, il n’y a nullement d’incongruité dans l’existence à la fois de l’APIX (Agence de Promotion des Investissements et Grands Travaux) et de l’ASEPEX (Agence sénégalaise de Promotion des Exportations), que vous présentez comme « les deux bras armés de notre politique d’exportation et d’attraction des investisseurs étrangers ». Reprenant votre métaphore, « les deux bras », et à l’illustrer d’un corps humain, chaque bras a sa fonction et ne peut se substituer entièrement à la fonction de l’autre.
Suivant votre logique, le Ministère des investissements devrait être fusionné avec le Ministère en charge du commerce, et que le département en charge du tourisme, qui par ailleurs, vend la destination Sénégal devrait suivre !
Je sais que vous suivez ce débat au niveau mondial sur la fusion de ces deux fonctions, mais chaque pays dispose de son propre contexte et de son environnement.
A vouloir rationaliser par la fusion, on risque de créer un gigantesque monstre aux pieds d’argile.
Je vous concéderai l’esprit présumé de votre analyse qui voudrait une efficacité dans le dispositif d’appui au secteur privé et une rationalisation des dépenses publiques et dont le fondement serait une meilleure coordination de la politique de l’intervention publique et une synergie des structures.
Ayant pour mission le développement des exportations sénégalaises aux fins d’une amélioration durable de la position de la structure commerciale, l’ASEPEX se présente comme une plateforme intégrée de services dédiés aux entreprises exportatrices ou à potentiel export. La structure regroupe un ensemble d’activités d’information et d’intelligence économique, des services de facilitation sur des formalités du commerce extérieur (administration, douane…), d’assistance technique pour que les produits soient conformes aux standards de qualité et d’exigences sanitaires des marchés extérieurs. L’ASEPEX s’investit parallèlement dans le financement d’activités transversales visant à améliorer le climat des exportations et se met à la disposition des entreprises pour soutenir le développement de la stratégie d’exportation en proposant notamment l’adaptation des produits sénégalais à des marchés ciblés (certification, labellisation, enregistrement de marque). L’agence remplit enfin des activités de promotion commerciale en participant notamment à des foires et salons.
Ayant pour vocation d’améliorer le climat des affaires et de faciliter les grands investissements, notamment ceux mis en œuvre dans le cadre de l’Investissement Direct Etranger, l’APIX promeut l’attractivité extérieure du Sénégal avec une attention particulière portée à la réalisation des grands travaux d’où sa dénomination : Agence de promotion de l’investissement et des grands travaux. Dans cette perspective, l’APIX identifie les investisseurs et effectue toute l’activité de suivi-évaluation des projets dont elle aide à la mise en œuvre.
A chacune de ces structures suffit sa charge. Il faudrait simplement arpenter une approche « chaine de valeur », une approche systémique pour annihiler tout enchevêtrement et tout flou institutionnel et parvenir à un développement inclusif.
En effet, pour que se développe l’activité exportatrice des entreprises, un appui devait être apporté à tous les niveaux des filières d’exportations au travers d’une approche « chaîne de valeur». Cette approche se concentre sur la création d’un environnement propice à la création de valeur ajoutée à tous les maillons de la chaîne.
Aussi, il faudrait instaurer une stratégie de développement fondée sur l'extraversion par la promotion des exportations manufacturières, pour des raisons essentielles que le pays ne disposant pas suffisamment de matières premières. Mais pour exporter, et donc s'insérer dans les échanges mondiaux, il faut une spécialisation dans des productions où il y’a un avantage, cela ne pouvant être que des productions industrielles nécessitant de la main d'œuvre peu qualifiée et nombreuse, le textile ou l'électronique par exemple. L’Etat devra laisser une place prépondérante à l'initiative privée en faisant le choix d'aider au développement des industries à forte intensité de travail. Il devra aussi protéger le marché intérieur, de manière sélective mais draconienne, de façon à assurer son développement dans les secteurs possible à accroître tout en recourant massivement aux capitaux étrangers pour l'industrialisation.
Cette démarche stratégique de « substitution des importations », consiste à remplacer les importations manufacturières par les productions nationales :
- il s’agit, d’abord, de cibler les débouchés importants du marché intérieur, tels que reflètent les achats substantiels effectués à l’étranger au fil des années ;
- il s’agit, ensuite, de s’assurer de la capacité des industriels locaux à maîtriser les techniques de production ou de la volonté des investisseurs étrangers de fournir des techniques, des gestionnaires et du capital ;
- il s’agit, enfin, d’ériger des mesures protectrices (tarifs douaniers ou contingents à l’importation) afin de couvrir les coûts initiaux, probablement élevés, de la production nationale et d’assurer la rentabilité des industries prioritaires pour les investisseurs potentiels.
Enfin, Monsieur Sy, il faudrait aux structures d’appui au secteur privé les moyens de leur politique.
Hic sunt gressus (voici la démarche) et le défi bien pris en charge dans la nouvelle politique du Gouvernement à travers le Plan Sénégal Emergent.
Dr. Diouf Mbaye Jean-Marie
Juriste-Economiste