Réinventer le syndicalisme et la grève - (Par Babacar TOURE)


Rédigé le Mardi 24 Avril 2018 à 14:24 | Lu 116 fois | 0 commentaire(s)



Sacré Sénégal. Le front syndical des enseignants s’est fissuré. La paralysie de l’école qui dure depuis des mois va s’estomper. En tout cas, au niveau de l’élémentaire, les cours vont reprendre car le SELS de Souleymane Diallo, le SNEALS de Moustapha Segnane, syndicats les plus représentatifs ont levé leur mot d’ordre.


Réinventer le syndicalisme et la grève - (Par Babacar TOURE)
Mais le désarroi des parents d’élèves persiste, dès lors que les amis de Abdoulaye Ndoye et ceux de Saourou Sene, les leaders syndicaux du moyen secondaire n’ont pas levé le pied. L’angoisse des apprenants, ces innocentes victimes, otages d’une grève qui ne les concernait que de loin persiste. Les enseignants grévistes s’échineront, à présent, à rattraper le temps perdu. Savent-ils, au moins, que le temps perdu ne se rattrape jamais 

Un certain syndicalisme, dans notre pays, n’est-il pas mort avec les grèves qui viennent de secouer l’école sénégalaise ? 

Comme on le sait, tout a mal tourné. Le front syndical s’est fracassé. Pénible guerre des chefs qui ne parlaient plus d’une seule et même voix. Ils s’accusaient de tous les maux. Ils se traitaient de tous les noms. On eut dit des frères d’armes, soudainement envoûtés. Et de retourner leurs fusils contre eux-mêmes. Un suicide en règle. L’unité de façade affichée n’a pu empêcher la manifestation de la vérité : le ver était dans le fruit. La fracture du front syndical n’est que l’expression des dysfonctionnements et des faiblesses internes. Et le fruit est tombé dès le premier coup de vent. Ramasse-t-on l’huile qui s’est renversée? Le syndicalisme est mort. Une génération de chefs syndicalistes se doit de commencer par scruter les horizons d’une toute prochaine retraite. C’est le meilleur service à rendre au mouvement syndical sénégalais. 

Les grèves, dans leur forme classique, paralysie de secteurs vitaux de développement, prise en otage des intérêts d’une frange sociale, ne paraissent-elles pas dépassées, contreproductives, voire liberticides? 

Affirmons-le : une grève, telle que conduite ici et jusqu’ici, et qui cible l’école, met en péril l’avenir de toute une nation. Quand ce type de grève frappe les milieux hospitaliers, il porte atteinte au tout premier des droits de l’Homme, le droit à la vie. Pouvons-nous alors, en conscience, continuer de faire grève à l’aveuglette, de manière uniforme, confondant indistinctement tous les secteurs d’activités? Demandons-nous pourquoi les Japonais choisissent-ils de faire la grève autrement? 

La réponse est à trouver dans leur histoire. Nous, Sénégalais, jusqu’à preuve du contraire, nous avons une histoire. Revisitons-la. Mais qu’on nous comprenne bien : la grève est un droit constitutionnel. Aussi désapprouvons-nous totalement le retrait de ce droit à certaines corporations. Hier, les médecins Demain, qui sait, la magistrature. Et vive le déboulonnage de notre démocratie, pièce après pièce. La grève n’est pas à supprimer. La grève est à aménager intelligemment. La grève, toute grève, pour légitime qu’elle soit, doit nuire le moins possible à son environnement humain. 

Comment promouvoir un nouveau syndicalisme avec des grèves de nouvelle génération? 

Le syndicalisme de papa ne peut secréter que des grèves de papa. Si, comme il est dit, ce syndicalisme-là doit disparaître, ce n’est que logique que ses sous-produits ne lui survivent pas. Le temps doit être à la réflexion et à la recherche pour baliser les chemins de l’avenir. Le fabuliste ne s’y est pas trompé : « Travaillez, prenez de la peine ». Les grèves de demain sont déjà dans nos têtes. Il ne reste plus qu’à prendre possession de notre esprit pour nous assurer de prendre en main notre destin. Mais avant tout, écoutons ce sage conseil de Pierre Loti: « Quand tu es dans le trou, arrête de creuser ». 

Par Babacar TOURE senenews.com
 
 


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