Rapport sur la Gambie : quand Yaya Jammeh violait des lauréates et menait des « chasses aux sorcières »


Rédigé le Mardi 25 Mai 2021 à 12:54 | Lu 228 fois | 0 commentaire(s)



La TRRC a également entendu le témoignage de Fatou « Toufah » Jallow, lauréate en 2014 du principal concours de beauté parrainé par l’État, qui a accusé Jammeh de l’avoir violée à l’âge de 19 ans. Et une témoin placée sous protection a déclaré que l’ancien chef d’Etat l’avait engagée comme « fille du protocole », pour qu’elle travaille dans ses bureaux, lui faisant miroiter une bourse.


Rapport sur la Gambie : quand Yaya Jammeh violait des lauréates et menait des « chasses aux sorcières »
Quand elle a refusé ses avances sexuelles, Jammeh l’a renvoyée et est revenu sur sa promesse. Avec l’ancien chef du protocole de Jammeh et d’autres, ces personnes ont fourni des preuves supplémentaires d’un système, décrit dans un rapport de juin 2019 de Human Rights Watch et TRIAL International, au sein duquel des assistants faisaient régulièrement pression sur des femmes pour qu’elles rendent visite à Jammeh ou travaillent pour lui, qui s’est ensuite livré à des abus sexuels sur plusieurs d’entre elles.

Des témoins ont également impliqué Jammeh dans des « chasses aux sorcières » en 2009, au cours desquelles des marabouts et des soldats ont placé des centaines de personnes dans des centres de détention secrets, les forçant à boire des concoctions hallucinogènes.

Quarante-et-une d’entre elles ont perdu la vie en détention ou peu de temps après. L’ancien chef de la police gambienne, Ensa Badjie, a déclaré que Jammeh lui avait personnellement ordonné d’identifier des « sorcières » au sein des forces de police. De nombreux témoins ont rapporté que des soldats et des véhicules d’État accompagnaient les marabouts et que le chef de leur équipe de sécurité était un « Jungler » haut placé.

La Commission vérité, réconciliation et réparations a par ailleurs entendu des témoignages sur le soi-disant « programme de soins présidentiel » de Jammeh, dans le cadre duquel des Gambiens séropositifs ont été contraints de renoncer à leurs traitements contre le VIH pour s’en remettre aux soins personnels de Jammeh, une trentaine d’entre eux ayant trouvé la mort.

La Commission a documenté les meurtres par les forces de sécurité gambiennes les 10 et 11 avril 2000 de 12 à 14 élèves et étudiants qui manifestaient contre le meurtre d’un collégien et le viol d’une collégienne. Lalo Jaiteh, l’ancien aide de camp de Jammeh, a déclaré l’avoir entendu, alors qu’ils se trouvaient tous deux à l’étranger, dire à sa vice-présidente, Isatou Njie Saidy, de « s’occuper de ces salauds d’une manière ou d’une autre ». Saidy aurait alors ordonné le déploiement de troupes contre les manifestants.
 
 


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