Un contrecoup politique pour limiter l'écho du retour en fanfare de Moïse Katumb i? La concordance des deux événements le laisse penser. A peine les médias locaux et internationaux avaient annoncé la démission de Bruno Tshibala, le dernier Premier ministre de Joseph Kabila, que le nom de son successeur s'échappait déjà comme la «fumée blanche» à laquelle faisait référence Félix Tshisekedi .
Sylvestre Ilunga Ilunkamba, un commun accord Kabila Tshisekedi
Après quatre mois d'interminables tractations, de blocages et de dilatoires entre le Front commun pour le Congo et le Cap pour le changement (CACH), le choix du chef du gouvernement s'est porté sur Sylvestre Ilunga Ilunkamba, une personnalité désignée d'un commun accord entre les deux plateformes politiques. Le plus grand atout de ce haut-fonctionnaire sera sa connaissance du mécanisme de fonctionnement des grandes entreprises publiques et son expérience dans la gestion de l'Etat depuis le temps de Mobutu Sese Seko
Nommé Premier ministre ce lundi 20 mai par ordonnance, «cet ancien Directeur Général de la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC SA) va être à la tête du nouveau Gouvernement dont la structure est en cours d'élaboration», précise une note d'information de la présidence congolaise. Les éloges sur les capacités managériales de cet économiste de spécialité qui tient les rênes de la SNCC depuis 2014 après avoir géré le Comité de pilotage et de reforme des entreprises du portefeuille de l'Etat (Copirep), pourront satisfaire les exigences de rupture et de changement de Félix Tshisekedi.
Marge de manœuvre au milieu des caprices des deux alliés
De son côté, Joseph Kabila aura à cœur de savoir qu'il a placé sur le fauteuil de la primature ce membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), son parti. Originaire du Haut-Katanga (ancienne Katanga), Sylvestre Ilunga Ilunkamba a aussi occupé plusieurs fonctions au gouvernement notamment vice-Premier ministre, au ministère du Plan, aux finances et à l'industrie sous le régime du maréchal Mobutu dont il a été le conseiller en matière économique et financière.
C'est finalement sur le nom de ce haut-commis de l'Etat que le consensus entre le président sortant et son successeur. Entamées avant même l'installation des députés, des sénateurs et des gouverneurs, les négociations sur la nomination du Premier ministre - dont le choix revenait de droit au FCC, ont achoppé sur les noms des personnalités proposées de part et d'autre. Elles dureront quatre mois avant de se porter finalement sur une personnalité désignée par Joseph Kabila, soutenue par tout son camp et nommée par Félix Tshisekedi.
Malgré ce consensus, la tâche s'annonce immense pour Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Premier défi de taille, former un gouvernement dont 70% revient au FCC et 30% à Cach et ses alliés. La répartition des portefeuilles ministériels pour satisfaire les caprices des deux nouveaux alliés sera le plus grand test de ce haut-fonctionnaire. Le plus difficile sera ensuite d'éviter que leurs désaccords ne réduisent sa marge de manœuvre.
