Je viens de prendre connaissance dudit article, paru dans le quotidien «Le Soleil» du 8 Juillet 2016, intitulé «Premiers leviers pour l’augmentation de toute production agricole». Une toute première lecture m’amène, sans être exhaustif, à formuler 15 observations qui sont les suivantes :
1) L’auteur attribue au Ministre de l’Agriculture, l’annonce d’une production arachidière de 1 670 000 tonnes pour 2015. Je n’ai pas souvenance d’un dossier officiel susceptible de confirmer une telle déclaration. Ce faisant, je vais lui être très reconnaissant d’en apporter la preuve.
2) Pour le Pr Sow, les chiffres du Ministère de l’Agriculture sont contradictoires car celui-ci a annoncé 1 121 400 tonnes ensuite 1 050 000 tonnes.
Ici, nous tenons à informer le Pr Sow que le processus de publication des statistiques agricoles respecte deux étapes : la publication des données prévisionnelles en novembre 2015 qui a donné 1 121 400 tonnes et la publication des données définitives en mars 2016 avec 1 050 000 tonnes.
En réalité, il n’y a pas eu de contradiction, mais plutôt différentes étapes de recueil et de diffusion des statistiques corrélées au facteur temps ce qui, du reste, est de mise dans tous les pays.
3) L’auteur nous apprend que les semences distribuées aux producteurs en 2015 étaient de mauvaise qualité et qu’une mauvaise germination a été observée dans le bassin arachidier. Il est important de préciser que le capital de semences utilisées est composé de semences écrémées et de semences certifiées.
Les semences écrémées sont prélevées sur la production et celles dites certifiées sont passées par toutes les étapes normées de contrôle et de certification attestant la qualité. Par conséquent, pour les semences certifiées, le problème de qualité ne se pose pas. Pour celles dites écrémées, nous avons un dispositif de contrôle fiable fondé sur 5 critères : pureté variétale, pureté spécifique, faculté germinative, état sanitaire et enfin rendement semences. Toutes les semences écrémées subventionnées ont été testées selon ce schéma, avant leur acceptation par les Directions Régionales du Développement Rural (DRDR) et les fiches de contrôle existent par localité et par acteur.
4) Au sujet du capital de semences utilisées en 2015, il faut retenir que le circuit officiel en représente 60% et le circuit parallèle (40%). Par conséquent, lorsqu’on parle de semences de mauvaise qualité, il est important de préciser de quel sous-ensemble, de quelle localité et de quel détenteur de stock il s’agit pour éviter une analyse réductrice, un transfert de responsabilités et un divorce avec les cahiers de charge des acteurs de la filière arachidière.
5) Il est également affirmé par l’auteur que les superficies emblavées en arachide baissent régulièrement depuis quelques années à cause des bons impayés et du système carreau-usine.
Les statistiques nous renseignent, plutôt, que les superficies emblavées en 2015 ont augmenté de 24% par rapport à la moyenne des cinq dernières années et de 29% par rapport à 2014.
Pour la même année, les rendements à l’hectare ont augmenté de 21% en comparaison à 2014 et de 11% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Pour ce qui est des bons impayés, ils ont disparu de notre décor depuis trois ans. Nous sommes prêts à prendre au sérieux tout contre-exemple.
6) Une quantité importante de semences subventionnées est détournée dans le circuit de consommation. Pour rappel, la production arachidière sénégalaise a les destinations suivantes : autoconsommation, semences personnelles, semences subventionnées, huileries, exportations, trituration artisanale. En fonction du volume de production, une équation d’équilibre est présentée chaque année et approuvée par l’ensemble des acteurs lors du conseil interministériel portant sur le bilan et la préparation de la campagne de commercialisation arachidière.
7) L’auteur avance, aussi, sans le démontrer que les semences distribuées cette année sont de meilleures qualités à l’exception de certaines Communes. Ici, également, aucune précision n’est apportée donc il nous est impossible d’élaborer.
8) Depuis l’indépendance, le Sénégal a obtenu 9 fois plus d’un million de tonnes d’arachide. Je dois faire observer à l’auteur que durant ces campagnes, la part des semences écrémées était supérieure à celles des semences certifiées. Par conséquent, poser comme préalable la non utilisation de semences écrémées afin d’obtenir une production de un million de tonnes, n’est pas conforme aux enseignements de terrain.
9) L’auteur avance que beaucoup de graines sont distribuées aux gros producteurs. Pour son information, la part de celles-ci est de 13 % et celle passant par des commissions régionales de 87%.
10) Il n’existe pas, à ce jour, une commission nationale qui supervise les commissions régionales mais plutôt un cadre de concertation regroupant tous les acteurs qui se réunit tous les 15 jours sous la présidence du Ministre. Il est impossible d’auditer ce qui n’existe pas sauf dans le cadre d’un exercice destiné à des apprenants.
11) L’auteur recommande à l’Etat de travailler davantage avec les acteurs dans le cadre de la distribution des semences. Je rappelle que les commissions régionales comprennent l’administration territoriale, la Direction régionale du Développement rural, les organisations professionnelles, les organisations de femmes, les organisations de jeunes, les élus locaux, les syndicats. Une circulaire ministérielle est publiée chaque année et mise en application par les gouverneurs de région à qui je rends hommage pour leur engagement au service de l’agriculture.
12) Pour la reconstitution du capital semencier, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 6 000 tonnes de semences certifiées en 2014 ; 25 000 tonnes en 2015 ; 50 000 tonnes en 2016 contre un objectif de 40 000 tonnes en 2017.
13) Pour obtenir un volume de production d’un million de tonnes, l’auteur recommande d’avoir des semences de qualité, de l’eau à temps et suffisante, des intrants de qualité et à temps. Il faut prolonger son propos en ajoutant l’incorporation d’innovations technologiques, la mécanisation, la restauration et l’amélioration de la fertilité des sols, la formation et l’information des acteurs surtout dans le contexte des changements climatiques pour minimiser les risques.
14) L’auteur demande sur quelles bases sont choisis les gros producteurs, nous répondons en lui demandant de bien vouloir relire la circulaire n°0828/MAER/DA du 22 avril 2016. Celle-ci définit le profil des gros producteurs et les demandes doivent être adressées aux DRDRs qui les étudient en fonction de critères précis.
En fait, l’article du Pr Sow pourrait être assimilé à une antithèse du conseil interministériel du 17 mai 2016 ayant regroupé tous les acteurs de la filière arachidière et tous les représentants de l’Etat.
15) Pour la gouvernance de la filière, des réformes majeures sont faites ou en voie de l’être pour une meilleure transparence dans la distribution des intrants. A titre illustratif, on peut citer la plateforme électronique, la redéfinition du statut de gros producteur, l’élargissement des membres de la commission de distribution des intrants, l’instauration d’une commission multi-acteurs travaillant en parfaite intelligence avec le CNIA, etc.
La reconstruction d’une filière n’est jamais décrétée, elle est co-construite et co-évaluée par l’ensemble des acteurs. Nous sommes, aujourd’hui plus que jamais, dans cette logique de quête d’excellence.
Pour conclure, rappelons et soulignons que la filière arachidière est dans une dynamique de co-gestion et de libéralisation, d’où la nécessité de considérer l’Etat comme un acteur parmi tant d’autres. En d’autres termes, des analyses globalistes et non globalisantes ne sont pas de nature à déboucher sur une thérapie opérationnelle en phase avec la réalité objective.
La pluralité des opinions est certainement source de progrès, si le réel est, et reste, notre référentiel assorti d’un souci d’objectivité.
Prions pour un bon hivernage au grand bonheur des agriculteurs et de la société sénégalaise.
Dr Papa Abdoulaye Seck
Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural
1) L’auteur attribue au Ministre de l’Agriculture, l’annonce d’une production arachidière de 1 670 000 tonnes pour 2015. Je n’ai pas souvenance d’un dossier officiel susceptible de confirmer une telle déclaration. Ce faisant, je vais lui être très reconnaissant d’en apporter la preuve.
2) Pour le Pr Sow, les chiffres du Ministère de l’Agriculture sont contradictoires car celui-ci a annoncé 1 121 400 tonnes ensuite 1 050 000 tonnes.
Ici, nous tenons à informer le Pr Sow que le processus de publication des statistiques agricoles respecte deux étapes : la publication des données prévisionnelles en novembre 2015 qui a donné 1 121 400 tonnes et la publication des données définitives en mars 2016 avec 1 050 000 tonnes.
En réalité, il n’y a pas eu de contradiction, mais plutôt différentes étapes de recueil et de diffusion des statistiques corrélées au facteur temps ce qui, du reste, est de mise dans tous les pays.
3) L’auteur nous apprend que les semences distribuées aux producteurs en 2015 étaient de mauvaise qualité et qu’une mauvaise germination a été observée dans le bassin arachidier. Il est important de préciser que le capital de semences utilisées est composé de semences écrémées et de semences certifiées.
Les semences écrémées sont prélevées sur la production et celles dites certifiées sont passées par toutes les étapes normées de contrôle et de certification attestant la qualité. Par conséquent, pour les semences certifiées, le problème de qualité ne se pose pas. Pour celles dites écrémées, nous avons un dispositif de contrôle fiable fondé sur 5 critères : pureté variétale, pureté spécifique, faculté germinative, état sanitaire et enfin rendement semences. Toutes les semences écrémées subventionnées ont été testées selon ce schéma, avant leur acceptation par les Directions Régionales du Développement Rural (DRDR) et les fiches de contrôle existent par localité et par acteur.
4) Au sujet du capital de semences utilisées en 2015, il faut retenir que le circuit officiel en représente 60% et le circuit parallèle (40%). Par conséquent, lorsqu’on parle de semences de mauvaise qualité, il est important de préciser de quel sous-ensemble, de quelle localité et de quel détenteur de stock il s’agit pour éviter une analyse réductrice, un transfert de responsabilités et un divorce avec les cahiers de charge des acteurs de la filière arachidière.
5) Il est également affirmé par l’auteur que les superficies emblavées en arachide baissent régulièrement depuis quelques années à cause des bons impayés et du système carreau-usine.
Les statistiques nous renseignent, plutôt, que les superficies emblavées en 2015 ont augmenté de 24% par rapport à la moyenne des cinq dernières années et de 29% par rapport à 2014.
Pour la même année, les rendements à l’hectare ont augmenté de 21% en comparaison à 2014 et de 11% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Pour ce qui est des bons impayés, ils ont disparu de notre décor depuis trois ans. Nous sommes prêts à prendre au sérieux tout contre-exemple.
6) Une quantité importante de semences subventionnées est détournée dans le circuit de consommation. Pour rappel, la production arachidière sénégalaise a les destinations suivantes : autoconsommation, semences personnelles, semences subventionnées, huileries, exportations, trituration artisanale. En fonction du volume de production, une équation d’équilibre est présentée chaque année et approuvée par l’ensemble des acteurs lors du conseil interministériel portant sur le bilan et la préparation de la campagne de commercialisation arachidière.
7) L’auteur avance, aussi, sans le démontrer que les semences distribuées cette année sont de meilleures qualités à l’exception de certaines Communes. Ici, également, aucune précision n’est apportée donc il nous est impossible d’élaborer.
8) Depuis l’indépendance, le Sénégal a obtenu 9 fois plus d’un million de tonnes d’arachide. Je dois faire observer à l’auteur que durant ces campagnes, la part des semences écrémées était supérieure à celles des semences certifiées. Par conséquent, poser comme préalable la non utilisation de semences écrémées afin d’obtenir une production de un million de tonnes, n’est pas conforme aux enseignements de terrain.
9) L’auteur avance que beaucoup de graines sont distribuées aux gros producteurs. Pour son information, la part de celles-ci est de 13 % et celle passant par des commissions régionales de 87%.
10) Il n’existe pas, à ce jour, une commission nationale qui supervise les commissions régionales mais plutôt un cadre de concertation regroupant tous les acteurs qui se réunit tous les 15 jours sous la présidence du Ministre. Il est impossible d’auditer ce qui n’existe pas sauf dans le cadre d’un exercice destiné à des apprenants.
11) L’auteur recommande à l’Etat de travailler davantage avec les acteurs dans le cadre de la distribution des semences. Je rappelle que les commissions régionales comprennent l’administration territoriale, la Direction régionale du Développement rural, les organisations professionnelles, les organisations de femmes, les organisations de jeunes, les élus locaux, les syndicats. Une circulaire ministérielle est publiée chaque année et mise en application par les gouverneurs de région à qui je rends hommage pour leur engagement au service de l’agriculture.
12) Pour la reconstitution du capital semencier, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 6 000 tonnes de semences certifiées en 2014 ; 25 000 tonnes en 2015 ; 50 000 tonnes en 2016 contre un objectif de 40 000 tonnes en 2017.
13) Pour obtenir un volume de production d’un million de tonnes, l’auteur recommande d’avoir des semences de qualité, de l’eau à temps et suffisante, des intrants de qualité et à temps. Il faut prolonger son propos en ajoutant l’incorporation d’innovations technologiques, la mécanisation, la restauration et l’amélioration de la fertilité des sols, la formation et l’information des acteurs surtout dans le contexte des changements climatiques pour minimiser les risques.
14) L’auteur demande sur quelles bases sont choisis les gros producteurs, nous répondons en lui demandant de bien vouloir relire la circulaire n°0828/MAER/DA du 22 avril 2016. Celle-ci définit le profil des gros producteurs et les demandes doivent être adressées aux DRDRs qui les étudient en fonction de critères précis.
En fait, l’article du Pr Sow pourrait être assimilé à une antithèse du conseil interministériel du 17 mai 2016 ayant regroupé tous les acteurs de la filière arachidière et tous les représentants de l’Etat.
15) Pour la gouvernance de la filière, des réformes majeures sont faites ou en voie de l’être pour une meilleure transparence dans la distribution des intrants. A titre illustratif, on peut citer la plateforme électronique, la redéfinition du statut de gros producteur, l’élargissement des membres de la commission de distribution des intrants, l’instauration d’une commission multi-acteurs travaillant en parfaite intelligence avec le CNIA, etc.
La reconstruction d’une filière n’est jamais décrétée, elle est co-construite et co-évaluée par l’ensemble des acteurs. Nous sommes, aujourd’hui plus que jamais, dans cette logique de quête d’excellence.
Pour conclure, rappelons et soulignons que la filière arachidière est dans une dynamique de co-gestion et de libéralisation, d’où la nécessité de considérer l’Etat comme un acteur parmi tant d’autres. En d’autres termes, des analyses globalistes et non globalisantes ne sont pas de nature à déboucher sur une thérapie opérationnelle en phase avec la réalité objective.
La pluralité des opinions est certainement source de progrès, si le réel est, et reste, notre référentiel assorti d’un souci d’objectivité.
Prions pour un bon hivernage au grand bonheur des agriculteurs et de la société sénégalaise.
Dr Papa Abdoulaye Seck
Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural