Le respect de soi et de son intégrité sont à préserver, même si l’« amour » est en jeu.
Savoir poser ses limites est de la responsabilité de tout adulte.
En prendre conscience
Tant que l’on ne veut pas admettre que l’on subit effectivement un véritable chantage affectif, et non quelques exigences ponctuelles sans aucune gravité, il est inutile d’espérer que la situation change.
Tant que l’on pense que l’on n’aura pas le courage de regarder la réalité en face pour s’affirmer, rien ne changera.
Capituler devant la menace ne doit en aucun cas devenir une habitude : la personne manipulée, infidèle à elle-même, en perdrait toute estime de soi.
C’est bien pourquoi elle doit ouvrir les yeux sur le besoin de domination du maître chanteur et sa surdité à ses propres arguments et sentiments.
Voici quelques questions à se poser pour faire un diagnostic de « dispositions » pour subir un chantage affectif :
Est-ce que je suis en colère après moi chaque fois que je cède ?
Les demandes de l’autre me semblent-elles plus importantes que les miennes ?
Est-ce que j’ai peur de la rupture si je ne cède pas ?
Est-ce que j’ai peur de lui faire de la peine en ne cédant pas ?
Est-ce que je fuis la colère et le conflit ?
Est-ce que j’estime que, en amour, il faut tout accepter de l’autre ?
Est-ce que, en général, je recherche l’approbation des autres ?
Est-ce que, dans mon couple, je sais exprimer librement ce que je ressens ?
Est-ce que, en général, je sais dire « non » ?
Est-ce que je dis que je suis fatigué(e) quand je suis triste ou blessé(e) ?
Avoir la volonté de changer pour modifier sa réponse au chantage
Comprendre ne suffit pas.
Le changement fait peur : mais l’idée de se perdre soi-même peut aussi faire très peur.
Il faudra choisir.
D’autant plus qu’il existe des moyens de modifier la situation pour rétablir l’équilibre dans la relation.
Équilibre dans l’expression des demandes et dans les attentes mutuelles.
Il est normal de vouloir que son (sa) partenaire accepte de parler clairement des sujets de désaccords, en écoutant l’autre pour le (la) comprendre et admettre sa propre responsabilité dans ce désaccord.
Le respect de soi implique quelques capacités (qui peuvent être l’objectif du changement souhaité) :
→savoir exprimer ses idées et ses émotions en toute franchise
→savoir poser les limites des comportements inacceptables
→rester fidèle à soi-même, à ses valeurs
→savoir se protéger de comportements potentiellement nuisibles à son intégrité personnelle
→refuser toute forme de soumission (qui n’est pas l’acceptation)
Acquérir ces compétences pourra demander un certain temps et il faudra peut-être se faire accompagner par un spécialiste, mais c’est possible.
Il n’y a pas de véritable courage sans peur : cette dernière peut être dépassée, transgressée, si l’on s’en donne les moyens, si le futur de la relation est essentiel.
L’estime de soi et l’amour pour l’autre sont de très bonnes motivations à agir.
Gagner du temps
En effet, rien n’oblige à donner une réponse immédiate à une exigence du maître chanteur.
Se donner un délai de réflexion est un bon moyen, facile à mettre en place : « Je ne sais pas, je dois réfléchir » est une formule qui n’implique pas nécessairement le refus.
Elle donne le temps utile pour évaluer la demande.
Le maître chanteur n’appréciera pas et il se peut qu’il accentue ses pressions car ce nouveau comportement va sûrement le déstabiliser.
Il peut croire que c’est une façon de lui prendre le pouvoir, le dominer : ce problème n’appartient qu’à lui.
Pendant ce temps gagné, la réflexion s’impose : « Est-ce que je peux accepter cette demande sans me trahir moi-même ? Est-ce très important pour moi ? »
Rester à l’écoute de ses émotions est également essentiel : il est donc utile de les nommer pour soi — et d’en tenir compte.
Sachant que si la réponse est finalement positive, elle sera un choix fait librement, non pas dicté par la peur ou la culpabilité.
S’affirmer face aux pressions, aux menaces
Cette étape est fondamentale.
Même si l’on a très peur de la réaction du maître chanteur, il s’agira alors de « faire comme si » l’on n’avait pas peur pour parler « d’adulte à adulte » en communiquant d’une façon différente.
Il est possible de lui dire : « Je vois que tu es très (en colère, triste, etc.), c’est donc très important pour toi. Je préfère pouvoir en parler avec toi quand tu seras moins bouleversé(e). »
Car il n’y a pas lieu d’accepter toute forme de manipulation (par les cris, les menaces ou les larmes), ou de prendre au sérieux toutes les prédictions négatives sur l’avenir.
Tout au contraire, il est possible de lui répondre que ses prévisions pessimistes sont sûrement exagérées, que ses menaces ou injures ne sont proférées que sous le coup de la colère, qu’un refus n’aurait rien de dramatique.
Exprimer calmement sa décision
Ce n’est pas simple, mais il suffit d’être convaincu(e) du bien-fondé de ses arguments.
« Je suis désolé(e) de te décevoir, mais tu m’as exprimé une demande : rien ne m’oblige à l’accepter.
J’ai bien réfléchi et ma réponse est non.
Je t’ai expliqué mes arguments et je ne changerai pas d’avis.
Nous sommes tous les deux des adultes : tes demandes sont respectables, mes refus également.
Il ne s’agit pas d’être gentil ou méchant, d’aimer ou ne pas aimer, d’être égoïste ou non, cela n’a rien à voir.
Tu as pris la responsabilité de ta demande, je prends celle de mon refus. »
Éviter les répétitions
Après avoir exprimé un refus, il sera utile de faire en sorte que ce type de situation ne se répète pas.
La relation en souffrirait.
Il va donc falloir apprendre à gérer les désaccords autrement, des plus anodins aux plus graves, les conflits.
« Maintenant, nous pourrions réfléchir ensemble afin de mieux communiquer lorsque nous ne sommes pas d’accord sur un projet ou une demande.
Nous nous aimons et la vie de notre couple nous tient à cœur. Nous pouvons ensemble trouver des solutions pour éviter les drames. »
Sandia Karima Mohamed M'bechezi