Quand l'État planifie les inondations dans la banlieue Dakaroise in


Rédigé le Vendredi 6 Juin 2014 à 14:30 | Lu 138 fois | 0 commentaire(s)




Le respect de l’intégrité physique et morale de l’être humain est une exigence intégrale et absolue, parce qu’Allah (swt) a dit : «Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam [...] et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créa- tures» (Qur’an s17 ; v70).
La communauté internationale a suivi en adoptant des textes qui regroupent plusieurs incriminations et la condamnation formelle de «tout traitement cruel et inhumain, voire dégradant infligé à un individu ou groupe d’individus».
Notre pays qui se dit de droit et de démocratie, tolère pourtant que des personnes agissant à titre officiel -avec le consentement tacite de leur tutelle - s’attèlent à porter de graves atteintes à la dignité humaine. Le cas de la Société nationale des habitations à loyers modérés (Sn-hlm) dont il est question ici est, de ce point de vue un cas d’école.
Créée en décembre 1987, la Sn- hlm a comme mission, la construction de logements, la délivrance de parcelles viabilisées à usage d’habitations et commerciales. Dans les années 90, elle a entrepris des travaux de viabilisations du site du projet P.A de Keur Massar-Malika.
Rapidement, avec le retour des pluies, la «viabilisation» s’est révélée n’être en réalité qu’un simple saupoudrage de terrains marécageux qui ont été ensuite cédées à des familles. Depuis lors, ces dernières subissent régulièrement des inondations, avec des déménagements à répétitions.
Des déménagements souvent nocturnes, mais toujours en situation d’urgence. Ces déménagements sont émaillés de pertes d’objets irremplaçables, de destruction de biens...
Les autorités de la Sn-hlm, prétendent avoir investi en 2009 plus d’un milliard pour venir au secours de ces victimes. En 2008, elles avaient décidé, piquées par on ne sait quelle mouche, de pomper la nappe phréatique.
Rien que ça ! Elles se sont donc mises à construire des abris pour protéger les pompes et, sur plusieurs kilomètres, des tuyaux à fort diamètre ont été posés. Ensuite, plus rien. A ce jour, sur le terrain, il n’existe aucun résultat qui puisse servir à justifier ces dépenses. Par contre, des vestiges de ce projet quasi pharaonique existent bel et bien, preuves des errements et de l’incompétence d’individus pourtant grassement payés par l’Etat.
Il n’y a pas longtemps, le Président américain Barack Obama disait ceci : «Il est important pour la société de ne pas avoir une situation où beaucoup de gens ont, en un moment donné, violé la loi et que seuls certains parmi eux soient punis». En tout état de cause, les autorités étatiques actuelles auraient été bien inspirées de jeter un coup d’œil sur la gestion des inondations par la Sn-hlm des années 2007 à 2010.
Que «seuls certains soient punis» ne serait pas justice.
La Sn-hlm a écrit un scénario catastrophe qui a installé des familles dans une précarité qu’il est difficile d’accepter au plan moral et humain. Pour justifier son incapacité à donner une suite correcte au problème, elle se réfugie derrière des arguments tels que : «Les coûts impliqués dépassent les capacités financières de la Sn-Hlm».
La Sn-hlm avait estimé en effet le coût des réparations à plus de «14,5 milliards, compte non tenu des frais d’exondement, des coûts sociaux et de l’assiette foncière (par ailleurs non disponible) nécessaire pour recaser les victimes». Cependant, la société continue sans état d’âme, à s’activer dans de nouveaux projets (cf. Diamniadio) qu’elle proposera à ses futures victimes.
Cette année encore, ni la Sn-hlm, ni le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat (Muh), ne lèveront le petit doigt pour éviter à ces familles l’expérience d’une nouvelle inondation. Dans ces conditions, il n’est pas besoin d’être devin pour prédire que cette année encore, ces familles-là connaîtront humiliation et déménagements.
Il n’est donc pas exagéré de dire qu’il y a planification, car ces faits ne sont pas ignorés par la Sn-hlm. Ils sont inscrits dans son agenda. Ceci est tout à fait en contradiction avec les vœux et les instructions du chef de l’Etat, qui, encore une fois, a dit combien il est «sensible à l’angoisse des familles pour le logement».
Pourtant, ce à quoi aspirent ces familles est simple et légitime : c’est qu’on leur rende Justice. Des personnes de bonne foi seraient alors tentées de se demander pourquoi ces gens ne traîneraient- elles pas la société devant la justice ? La réponse est toute simple.
Dans le cas présent, il est certain que si les victimes restent et attendent un quelconque secours, elles subiront les inondations. Prendre en location un appartement à long terme est un luxe qu’ils ne peuvent s’offrir. Mais l’alternative est tout aussi périlleuse : si elles engagent une action légale, elles subiront aussi les inondations car la justice est lente et les intempéries elles, n’attendent pas. Il faut rappeler que la plupart des victimes sont des retraités et des travailleurs aux revenus modestes.
Elles ne peuvent non plus soutenir une bataille judiciaire à long terme contre la société. C’est ce dilemme corné- lien, qu’un observateur a résumé en ces termes : «Ces pauvres retraités ont un pied dans la tombe et un pied dans les eaux».
Un recadrage s’impose donc. Déjà en août 2009, l’ancien directeur de la société, M. Amadou Moctar Bâ avait reconnu l’entière responsabilité de la société dans cette affaire et avait présenté des excuses publiques. Il faut aussi savoir que la Sn-hlm a déjà indemnisé certaines de ses victimes, sur des bases qui ne sont pas claires.
C’est d’ailleurs cette gestion fantaisiste et népotiste du dossier qui avait amené M. Oumar Sarr, alors ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat à écarter la société de la gestion des inondations. Ce qui lui avait permis en 2011, de mettre en place un réseau de drainage des eaux de pluies qui, quoique très rudimentaire avait permis de parer au plus pressé.
Dans cette nouvelle perspective, il ne serait pas raisonnable de dépenser l’argent du contribuable et le temps précieux de nos magistrats dans des procès absurdes. Il revient simplement aux autorités de ce pays d’amener la Sn-hlm à faire le travail pour lequel elle a été créée.
En réalité, la Sn-hlm n’a pas une bonne lecture de la situation. L’importance des sommes avancées laisse supposer qu’il s’agit de déménager toutes les six mille sept cent et quelques familles des Parcelles assainies, sinon une bonne partie de celles-ci. Ce qui est loin de la vérité.
Des solutions réalistes existent. A court, moyen terme, des solutions structurelles du genre assainissement et restructuration sont en cours. Mais, il y a ceux dont les maisons ont trempé dans des eaux saumâtres pendant plusieurs années parce que situées dans des bas-fonds. Ces maisons ont subi des dégradations avancées.
La fragilisation de certaines habitations est manifeste et le danger d’écroulement est réel. Ceux-là ne relèvent pas d’un programme d’assainissement mais d’un transfèrement. Autrement, ils vont immanquablement être (encore) victimes des inondations dans quelques mois. Pour eux, l’heure est à l’urgence.
S’il n’est pas permis à ces familles de trouver justice auprès des autorités de ce pays, il faudra alors considérer qu’il existe - comme c’est toujours le cas dans de pareilles circonstances – une «troisième voie». Ces familles pourront s’en remettre à Allah (swt) l’Omniscient, qui a décrété : «Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) parce que vraiment ils sont lésés et Allah est certes capable de les secourir» (Qur’an : s22; v39). Il ne faudra pas être surpris, (le désespoir aidant), de voir les victimes se résoudre à aller au charbon. Le prix à payer peut-être extrême. Le moindre serait la prison pour trouble à l’ordre public.
Toutefois, d’ici peu, il se pourrait que des victimes soient contraintes d’accepter de payer ce prix, d’autant qu’en prison au moins, l’Etat, qui s’est montré jusqu’ici incapable à assurer un toit, sera en mesure de leur offrir le gite et le couvert, loin des eaux fétides.
Le quotidien


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