Le vent a tourné cette fois-ci en faveur du journaliste El Malick Seck. Le Directeur de publication du Magazine «Exclusif Dakar» n’a pas été puni par le tribunal. En procès contre l’architecte Pierre Goudiaby Atépa, El Malick Seck a été tout bonnement relaxé. L’architecte a été débouté de sa constitution de partie civile.
Dans la livraison de son numéro 2 au mois de mai dernier, «Exclusif Dakar» avait barré à sa Une : «Atépa sommé de rembourser plusieurs milliards FCfa à l’Etat du Sénégal.» Et dans les colonnes du papier glacé, on pouvait lire : «L’architecte Dakarois Pierre Goudiaby Atépa pourrait se retrouver dans de sales draps, s’il ne remboursait pas près de quatre milliards de FCfa que lui réclamaient les auditeurs de la Cour des comptes. Atépa avait bénéficié, dans le Programme de développement intégré de la santé (Pdis), de plusieurs marchés d’un montant total de quatre (4) milliards 300 millions de FCfa pour la construction et les équipements des hôpitaux de Fatick et de Ziguinchor. Atépa n’a livré qu’une partie du matériel et depuis, les autorités s’impatientent.» Dans le papier incriminé, El Malick Seck dénonçait des capacités de préfinancement non-avérées, un défaut d’application des pénalités de retard, la non résiliation du contrat malgré une carence avérée, de même que l’absence de transparence dans l’exécution du marché. Cet article faisait suite à un rapport de la Cour des comptes qui rappelait que la société Atépa Technologies Services a failli à ses engagements dans la construction et l’équipement de deux hôpitaux à Fatick et Ziguinchor. Des déclarations qui n’ont pas agréé l’ancien conseiller de Me Abdoulaye Wade.
Devant le Tribunal correctionnel, le 5 février dernier, El Malick avait assumé tous ses écrits. Cependant, il avait eu l’humilité d’expliquer que tout le corps de l’article n’était qu’une compilation d’extraits du rapport de la Cour des comptes de 2008, publié en 2010. Il opposait au conseil de la partie civile que le rapport de la Cour des comptes est une source autorisée. Mais le conseil de l’architecte s’est appesanti sur la titraille et le chapeau de l’article incriminé : «Atépa sommé de rembourser plusieurs milliards FCfa à l’Etat du Sénégal.» Un piége que le journaliste a déjoué en avouant que cette partie du papier ne figure nulle part dans le rapport. Ce qui ne l’a pas empêché d’insinuer qu’il n’avait fait que reformuler une partie dudit rapport. Ainsi, comme le dicte la loi, El Malick et son conseil ont fourni une preuve de leurs allégations dans le délai prévu par la loi.
Me Ibrahima Diallo qui a défendu les intérêts de Pierre Goudiaby Atépa avait estimé que le prévenu était d’une mauvaise foi manifeste, puisqu’il a visé Atépa en son nom, alors que celui-ci n’est pas le Directeur général de Atépa Technologies Services, mais le président du Conseil d’administration. Me Diallo accuse même le journaliste d’être le bras armé d’un groupe de lobbyistes qui veut la tête de l’architecte en le mêlant aux pilleurs de deniers publics traqués par ces temps qui courent. Pour la réparation de son préjudice, Me Diallo réclame 50 millions FCfa. Mais le tribunal a estimé, hier mardi, que le journaliste n’avait commis aucune infraction.
Makhaly Ndiack Ndoye / Gfm