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Pour l’Afrique, saluons l’entrée dans l’histoire judiciaire de M. Sarkozy : une injustice réparée


Rédigé le Samedi 7 Mai 2016 à 15:25 | Lu 140 fois | 1 commentaire(s)



Dans un contexte de crise de la spiritualité et de montée des périls, la mise en examen de l’ancien Président SARKOZY pour ses comptes de campagne 2012 nous a conduits à réécouter son célèbre discours tenu à Dakar et à en extraire le plus retentissant de ses propos : « …le drame de l’Afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… ». Ainsi s’était-il exprimé à Dakar le jeudi 26 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta DIOP (1923- 1986). Impressionnant décalage entre ce que décrit M. SARKOZY et ce que vivent les africains. L’homme africain n’est pas une chose : il réfléchit, façonne, évalue le présent et se projette dans l’avenir !


Pour l’Afrique, saluons l’entrée dans l’histoire judiciaire de M. Sarkozy : une injustice réparée
L’égyptologue et auteur du célèbre ouvrage « Nations nègres et culture » dénonçant les mensonges et falsifications de l’histoire en s’appuyant sur des chroniques éblouissantes du temps, doit se retourner dans sa tombe. Son épouse, Louise-Marie Maes DIOP, qui nous a quittés il y a quelques jours, en était ébahie tout en restant combative et fidèle aux valeurs de dignité humaine. 

Beaucoup d’Africains, de chercheurs et de journalistes en sont encore tourmentés, ébahis même après sa mise en examen. Certes, il bénéficie d’une présomption d’innocence car un non-lieu est toujours possible. 

I – Le Poids des mots et le sens des propos 

D’une violence inouïe, le discours de Dakar relève de l’arrogance, du mépris et d’adversités belliqueuses qui sont toujours actuelles. Force est de constater que de tels propos légitiment les logiques qui sous-tendent plusieurs projets de développement en Afrique. 

Le discours de Dakar a réveillé l’état de souffrance d’une majorité d’individus dans le monde et s’inscrit dans le sens des propos stigmatisants et mensongers de M. CHIRAC, tenus à Orléans le 19 juin 1991 : 
« Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite la Goutte-d’ or…qui travaille avec sa femme et qui ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté…entassée, une famille avec un père de famille… trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagnent 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler. Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier devient fou… ».

Voilà d’autres propos qui éclairent sur la stigmatisation de l’africain. Les propos discriminatoires aident à réfléchir et dévoilent le jeu de construction des légendes et représentations négatives dont souffrent les africains lucides et le continent africain. Les propos de MM. SARKOZY et CHIRAC sont d’autant plus funestes, que leur délire martial et le vocabulaire inculte avaient déclenché plusieurs réactions. Entre mécontentement et inquiétude, les exploités, humiliés, offensés dans leur dignité d’être humain se réjouissent aujourd’hui de la mise en examen de M. SARKOZY, entré dans l’histoire judiciaire. On sait que l’expression humaine est une aventure dont on n’est jamais sûr du résultat. 
Les intellectuels et les dirigeants africains doivent agir autrement pour sortir leurs compatriotes des lieux d’injustice où les ont confinés des logiques de pouvoir déstructurant la dignité. Pour une rupture, il convient d’impulser un nouveau souffle de justice sociale même si par moments on devient comme cet« oiseau qui vole en arrière pour savoir d’où il vient » (Jorge Luis BORGES (1899-1986). 

Du paysan africain, il en a été question dans les propos de M. SARKOZY…Cette appellation n’est plus actuelle depuis qu’Henri MENDRAS (1927-2003) a publié après sa thèse, un ouvrage remarquable intitulé : « La fin des paysans ». Il mettait en évidence les interactions entre les aspects techniques et économiques auxquels sont confrontés les paysans. Même si les paysans répondent à une fonction sociale et économique, on sait que l’interdépendance des économies et la mondialisation néolibérale a fragilisé le monde paysan même en Occident. Encore plus en Afrique. Ce n’est pas tant la conception du monde des paysans africains qui est en cause que l’oppression du marché néolibéral qui a conduit les agriculteurs français depuis quelques semaines à des manifestations et de blocage de la circulation routière notamment en Ile et Vilaine. Ce sont donc les politiques agricoles menées qui fragilisent ceux qui ne peuvent plus vivre des fruits de leur travail. Depuis la création de l’organisation mondiale de commerce (OMC) le 1er janvier 1995 remplaçant ainsi le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) et l’ouverture des marchés à la concurrence mondiale, les paysans des pays pauvres sont écrasés par une logique inhumaine de marché. Comment un paysan africain peut-il concurrencer un agriculteur américain ou européen ?Ce n’est pas tant la vision que le paysan africain a du monde qui l’écrase que l’économie néolibérale qui l’assujettit. Le modèle européen de développement ne doit plus être transposé en Afrique. 

II – l’avenir de l’Afrique noire est-elle dans les conceptions occidentale et orientale du monde ? 

Il convient de se libérer des aliénations pour synchroniser les intelligences et « poliniser » les talents des africains pour l’Afrique. Les représentations, discours et pratiques des peuples aident à comprendre les croyances et les rites qui influencent profondément les attitudes et les comportements des individus. Chaque société, chaque groupement humain se structure à partir de sa vision et conception du monde. Ainsi, des règles sont établies et le destin des êtres humains se situe dans un intervalle du permis et de l’interdit. Toute société produit ses règles de fonctionnement pour la socialisation juridique de ses membres. On assiste donc à une pluralité de règles et de conceptions du monde qui fondent le droit. 

La façon dont on pense le droit et on organise une société se complètent. 

Selon le Recteur Michel ALLIOT (1924-2014), la conception de certains européens de la modernité est régie par une série de préjugés qui remonteraient à Georg Wilhelm Friedrich HEGEL (1770-1831) : L’Occident est mouvement ; le reste du monde est endormi. L’Occident a pour vocation de réveiller les sociétés endormies. 

Voilà en résumé un prérequis à partir duquel sont déployés les projets de développement pour la modernité de l’Afrique mais aussi tout un ensemble de stéréotypes dévalorisants l’être noir. Concept flou, la modernité est confrontée à une difficulté de datation. Pour certains, il faut remonter à 1492, année de la découverte de l’Amérique par Christophe COLOMB (1451-1506) ; pour d’autres, l’année 1494 reste une référence. En découvrant les lois de la gravitation universelle, Isaac NEWTON (1642-1727) inaugure une révolution scientifique et consacre une rupture entre le monde dit divin et celui de la mécanique ainsi que du déterminisme des lois naturelles qui régissent le cosmos. Au « monde divinisé » s’est ajouté un « monde mathématisé » (cf. JEANNIERE, A. Qu’est- ce que la modernité, dans Etudes, Paris, Assas, 1990, p.502).Des chercheurs comme Louis DUMONT parlent de l’englobement des contraires et de postmodernité : une sortie de la modernité. 

Le débat promet d’être douloureux car le progrès est un objet fantasmé. Les victimes des stéréotypes sont volontairement maintenues dans l’ignorance et l’illusion. En pleine possession de leurs moyens, elles n’ignorent pas ce qu’elles endurent même si elles en méconnaissent l’origine. 

Des âmes peu charitables, racistes, de réputation infaillible véhiculent des discours de haine de l’autre du fait de leur conception différente du monde. De quoi rabaisser et ternir le débat car les niaiseries ne sont pas relayables. Des signifiants vides de sens et des hommes sans qualités dont les discours creux, ronflants et vaniteux sont au service de leurs ambitions personnelles. Ils s’inscrivent dans le sillage des déchets d’un darwinisme et d’un colonialisme oriental et occidental que transposent et relaient inconsciemment certains toucouleur porteurs de misère sociale et intellectuelle qui n’ont pas pris conscience de la communauté de destin des noirs quelle que soit leur religion ou catégorie socio-professionnelle.Il est temps de nous réveiller dans un monde où l’Afrique subit le pillage continu de ses ressources économiques (minières, foncières, forestières, halieutiques…) et symboliques par des puissances occidentales, orientales ou asiatiques. 

Le sursaut de l’Afrique sera d’envergure quand les élites intellectuelles, politiques et maraboutiques au pouvoir renonceront à rester des relais de domination contre leurs frères et sÅ“urs pour l’Occident et l’Orient! Aveuglés par le pouvoir, des pans entiers de notre identité nous échappent du fait du mimétisme culturel et cultuel allant jusqu’à nous imposer d’autres prénoms d’origine arabes ou français. Rappelons que l’islamité n’est pas synonyme d’arabité. Savoir distinguer ce qui relève de la culture arabe et de la religion musulmane aiderait à mieux vivre notre Africanité qui n’est que le singulier d’un pluriel car l’Afrique est plurale. Ce n’est pas seulement là que réside l’enjeu. L’appartenance commune à un peuple noir discriminé par l’Occident, l’Orient et le Maghreb suffit à elle seule pour transcender les idéologies religieuses et politiques extérieures à l’Afrique mais finalement transposées dans ce continent. 

Les ressources minières pétrolières, foncières, forestières et halieutiques du continent sont très convoitées par ceux-là même qui rejettent les noirs africains. On sait que le Fouta Toro pourtant islamisé sous Wardiabi SOUMARE a été assujetti plus tard par le Maghreb d’abord et la France ensuite sous la période des Almami, vecteurs de l’idéologie théocratique et de l’administration coloniale au Sénégal. Les dominateurs extérieurs ont fait de leurs complices des représentants locaux, une élite politique et religieuse. Pour des motifs incultes et superficiels, ils ont apposé des étiquettes réductrices sur les noirs sous la théocratie voulue par les arabo-maghrébins. L’humiliation consiste à pousser les personnes jusqu’à l’inestime d’elles-mêmes : c’était un des motifs de combat des Bourba, Damel et Satigui mais aussi d’El Haj Omar TAL, de Cheikh Ahmadou BAMBA. 

Malheureusement, certains incultes et frustres toucouleur valets inconscients de colonisateurs arabes et/ou français diffèrent le moment de réfléchir pour se mettre en face de leur conscience et être libres en fin. Ce qui ne les met pas à l’abri des inquiétudes et angoisses. La situation des noirs discriminés, violentés et humiliés en Mauritanie par des beydan avec la complicité malheureusement de certains noirs est plus qu’alarmante. 

L’idée est de chercher à comprendre les logiques qui sous-tendent les conceptions du monde de chaque groupement humain. On n’a pas fini d’expliquer le monde ; aucun peuple n’a la clé de la solution aux enjeux qui préoccupent l’humanité. 

Dans ce contexte de déconstruction du champ de l’objet apparaissent de nouveaux paradigmes parce que par essence, l’être humain est à la recherche de l’intelligibilité et d’un monde sécurisé. 

Aucun être humain ne mérite l’humiliation ou la dévalorisation quelles que soient sa pensée, sa religion, sa conception du monde. Ce qui donne une idée de l’étendue des dégâts engendrés par des terroristes musulmans qui par leurs actions néfastes pour l’humanité entière répandent la haine et la guerre avec un objectif planétaire : convertir le monde à leur vision du monde. Ce sont là des attitudes apocalyptiques qui résultent d’une vision nostalgique de la barbarie privilégiant l’accès aux éléments culturels et cultuels oppressants sans se préoccuper de leurs logiques et de leur processus de production. 

On se référera aux arguments de Philippe-Jean CATINCHI faisant l’éloge des travaux de notre regretté Umberto ECO (1932-2016), philosophe, essayiste et écrivain italien. 

L’avenir de l’Afrique noire est-elle dans la subordination et l’humiliation par l’Orient et l’Occident ? 

En renonçant à leurs valeurs pour transposer dans leurs vies des conceptions occidentales ou orientales du monde, les Africains participent à leurs propres asservissements et subordination. Se développer c’est agir pour l’unité africaine, valoriser prioritairement les moyens et potentiels locaux à notre portée. Si « L’Afrique noire est mal partie » comme l’avait écrit René DUMONT (1904-2001), on peut se demander si l’Europe est bien arrivée. Ce qui est certain le demeure : l’Afrique noire reste acculturée et dominée par les influences orientale, occidentale et maghrébine. Le discours de Dakar tout comme les politiques publiques menées en Afrique traduisent la déliquescence de systèmes incarnés dans un genre paralysant et désuet. Qu’en conclure ? A cette question,on est tenté de rejoindre Gustave FLAUBERT(1821-1880) car, « La bêtise c’est de conclure ». 

Demba Ciré Soulé NDIAYE 



1.Posté par feeling massage le 07/05/2016 16:06
..................BON WEEK END A TOUS......................
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