À mes compatriotes
Le Sénégal traverse une période de son existence où seul le normal devrait étonner. À la tribune des honneurs,les voleurs et les incompétents sont partout aux premières loges. La parole de l’autorité publique est devenue monnaie de singe. Les palais de justice ont des portes coulissantes où ne passe que ce qui est « petit ».
Les voleursde poule, de légume ou de bouteille de gazsont sévèrement condamnés pour ostentatoirementdonner des exemples de fermeté et aussi afficher une exigence de droiture.Au même moment, des voleurs d’un autre calibre s’amusent avec nos deniers publics sans n’avoir de compte à rendre à personne; plus on bouffe des milliards dans ce pays, moins on est inquiété. Plus incompréhensible encore, ce n’est qu’au Sénégal qu’il est possible de voir un simple fonctionnaire ou un obscur affairistedevenir,du jour au lendemain,milliardaire sans qu’il ait de quoi fouetter un chat...
En vérité, les faussaires notoires et les délinquants financiers ont beau jeu dans ce pays.Mais rien de surprenant si l’on est conscient qu’une justice aux ordres a les épaules trop frêles pour porter et supporter la Vérité.Les écoles du pays n’ont d’écoles que de nom, mais tout le monde sait que ce sont des enclosfaits pour abrutir une jeunesse aspirante.
L’État traite enseignants et élèves comme des ruminantsrécalcitrants indignes d’attention. Ailleurs, ça ne va pas mieux non plus; en effet, sur les plateaux de télévision des fumistes, des laudateurs, des incultes, et des ignares ont fini de prendre la place des journalistes formés à bonne école. Dorénavant, ils font légion dans nos médias, ces énergumènes affublés des titres de chroniqueurs ou de penseurs qui désinforment et saoulent de bêtiseà longueur de journée un peuple désabusé pris en otage par la médiocrité et l’hypocrisie.Au demeurant, les belles valeurs de jadis sont piétinées à tous les niveaux dans ce pays, le bon sensy est muselé et la capacité de s’indigner des Sénégalais dort profondément au cimetière.
Le Sénégal est plongé dans une noirceur qui frise le chaos. Seule une âme malade pourrait se dire sereine et indifférente face à tous les dangers qui guettent ce pays. Tout est cher, tout est faux, tout est compliqué…S’il y a un sentiment que tous les Sénégalais partagent, c’est bien la peur. Les voleurs ont peur, la justice a peur, les forces de l’ordre ont peur. Les riches ont peur, les faibles ont peur; ceux qui aspirent à conquérir le pouvoir ont peur. Ceux qui incarnent l’État de droit et l’autorité publique ont peur.
Aucune discussion n’est plus sereine dans ce pays : les accusations, les engueulades, les intimidations, les menaces, les attaques, les emprisonnements, de quelque bord que ce soit, ne sont rien d’autre que les manifestations d’une peur bleue que les plus peureux ont de la misère à contenir. Si personne ne dort plus dans ce pays les deux yeux fermés, c’est parce qu’il est d’une évidence notoire pour tous que nous sommes assis sur une poudrière et que la brindille qui amènera le feu pourrait sortir de nulle part.
Au demeurant, hélas, il est des moments dans l’existence d’un peuple où aucun humain, serait-il un surhomme, ne peut changer l’ordre des choses. Seul Dieu a la latituded’intervenir pour régenter le Chaos. En sommes-nous rendus là, chers compatriotes, avec ce beau pays de jadis qui s’appelait le Sénégal? Telle est la question fondamentale de l’heure!
Mamadou Bamba Tall,
Ancien élève du lycée Malick Sall de Louga,
Ancien étudiant de l’Université Gaston Berger,
Ancien boursier de la Fondation Ford (Université Laval),
Consultant international en éducation,
Conseiller au ministère de l’éducation du Québec (MEQ)
Le Sénégal traverse une période de son existence où seul le normal devrait étonner. À la tribune des honneurs,les voleurs et les incompétents sont partout aux premières loges. La parole de l’autorité publique est devenue monnaie de singe. Les palais de justice ont des portes coulissantes où ne passe que ce qui est « petit ».
Les voleursde poule, de légume ou de bouteille de gazsont sévèrement condamnés pour ostentatoirementdonner des exemples de fermeté et aussi afficher une exigence de droiture.Au même moment, des voleurs d’un autre calibre s’amusent avec nos deniers publics sans n’avoir de compte à rendre à personne; plus on bouffe des milliards dans ce pays, moins on est inquiété. Plus incompréhensible encore, ce n’est qu’au Sénégal qu’il est possible de voir un simple fonctionnaire ou un obscur affairistedevenir,du jour au lendemain,milliardaire sans qu’il ait de quoi fouetter un chat...
En vérité, les faussaires notoires et les délinquants financiers ont beau jeu dans ce pays.Mais rien de surprenant si l’on est conscient qu’une justice aux ordres a les épaules trop frêles pour porter et supporter la Vérité.Les écoles du pays n’ont d’écoles que de nom, mais tout le monde sait que ce sont des enclosfaits pour abrutir une jeunesse aspirante.
L’État traite enseignants et élèves comme des ruminantsrécalcitrants indignes d’attention. Ailleurs, ça ne va pas mieux non plus; en effet, sur les plateaux de télévision des fumistes, des laudateurs, des incultes, et des ignares ont fini de prendre la place des journalistes formés à bonne école. Dorénavant, ils font légion dans nos médias, ces énergumènes affublés des titres de chroniqueurs ou de penseurs qui désinforment et saoulent de bêtiseà longueur de journée un peuple désabusé pris en otage par la médiocrité et l’hypocrisie.Au demeurant, les belles valeurs de jadis sont piétinées à tous les niveaux dans ce pays, le bon sensy est muselé et la capacité de s’indigner des Sénégalais dort profondément au cimetière.
Le Sénégal est plongé dans une noirceur qui frise le chaos. Seule une âme malade pourrait se dire sereine et indifférente face à tous les dangers qui guettent ce pays. Tout est cher, tout est faux, tout est compliqué…S’il y a un sentiment que tous les Sénégalais partagent, c’est bien la peur. Les voleurs ont peur, la justice a peur, les forces de l’ordre ont peur. Les riches ont peur, les faibles ont peur; ceux qui aspirent à conquérir le pouvoir ont peur. Ceux qui incarnent l’État de droit et l’autorité publique ont peur.
Aucune discussion n’est plus sereine dans ce pays : les accusations, les engueulades, les intimidations, les menaces, les attaques, les emprisonnements, de quelque bord que ce soit, ne sont rien d’autre que les manifestations d’une peur bleue que les plus peureux ont de la misère à contenir. Si personne ne dort plus dans ce pays les deux yeux fermés, c’est parce qu’il est d’une évidence notoire pour tous que nous sommes assis sur une poudrière et que la brindille qui amènera le feu pourrait sortir de nulle part.
Au demeurant, hélas, il est des moments dans l’existence d’un peuple où aucun humain, serait-il un surhomme, ne peut changer l’ordre des choses. Seul Dieu a la latituded’intervenir pour régenter le Chaos. En sommes-nous rendus là, chers compatriotes, avec ce beau pays de jadis qui s’appelait le Sénégal? Telle est la question fondamentale de l’heure!
Mamadou Bamba Tall,
Ancien élève du lycée Malick Sall de Louga,
Ancien étudiant de l’Université Gaston Berger,
Ancien boursier de la Fondation Ford (Université Laval),
Consultant international en éducation,
Conseiller au ministère de l’éducation du Québec (MEQ)