Après deux ans d’accession au pouvoir du président Macky Sall, quel regard portez-vous sur son bilan ?
C’est un bilan mi-figue mi-raisin. Mais on peut quand même dire qu’il y a encore de l’espoir, à la condition qu’il y ait une réconciliation entre le président Macky Sall et l’ancien président Abdoulaye Wade. Je connais très bien le président Macky Sall de par son humilité et sa fidélité en amitié. Mais s’il se fie seulement aux va-t-en-guerres de son entourage, cette réconciliation ne sera pas possible. Mais dans l’ensemble, je constate une certaine transparence dans sa gestion.
Dans le cas de la délivrance des maisons de Jaxaay, j’ai pu voir des citoyens lambda bénéficier de ces maisons, ce qui n’était pas forcément le cas du temps du président Wade. J’ai vécu beaucoup de choses positives avec le régime de Macky Sall.
Mais au-delà de la réconciliation entre Macky et Wade, il nous faut véritablement une réconciliation nationale entre l’opposition et le pouvoir incarné par la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. On ne peut pas être dans une situation délétère et vouloir que le pays avance. Il faut également revoir la feuille de route des partis politiques.
Comment avez-vous vécu le retour de Wade au Sénégal ?
J’ai combattu Abdoulaye Wade mais j’ai compris que c’est un très grand homme. Je l’ai combattu à cause de la dévolution monarchique. Ce qui m’intéresse le plus chez lui, c’est sa vision de l’Afrique et j’ai beaucoup salué ses réalisations dans le domaine des infrastructures, la construction d’universités régionales etc.
Avec le temps, j’ai compris que c’est le meilleur président de la République qu’on ait eu depuis nos indépendances. Tout comme Marième Faye Sall est la plus grande première dame de toute l’histoire du Sénégal. Je demande cependant à la Première dame de travailler à une réconciliation entre Macky Sall et Abdoulaye Wade.
Je ne suis pas nostalgique d’Abdoulaye Wade mais en parcourant le Sénégal, on se rend compte de l’immensité de son bilan et je sais que c’est un visionnaire. Il a donné l’exemple en tant que panafricain.
Vous avez tantôt parlé de va-t-en guerres qui seraient dans l’entourage de Macky. Pensez-vous aux dinosaures politiques qui l’entourent ?
Je ne pense même pas à eux, mais je crois qu’il y a des gens de son entourage qui croient que seule la vision occidentale peut nous faire développer. Moi je crois, comme Wade, que l’Afrique peut bel et bien se développer sans les Occidentaux. Je suis panafricaniste. Tant que ces gens occidentalisées sont là, il y aura toujours des problèmes.
On ne peut venir et vouloir tout imposer au peuple, en particulier aux étudiants. Il faut savoir susciter l’implication et l’adhésion des populations par rapport à certaines réformes, au risque de créer des tensions. Mais sur les questions de développement, il faut bien reconnaitre que les dinosaures politiques sont limités.
A l’heure actuelle, est-ce qu’une réconciliation entre Macky et Wade est possible, d’autant plus que Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, est encore en prison ?
J’ai toujours dit que si la justice n’arrive pas à avoir les preuves des accusations faites à l’encontre de Karim Wade, il sera un jour président de la République. On ne martyrise pas une personne quand on n’a pas des accusations fondées et c’est très dangereux.
Abdoulaye Wade a tellement fait la prison qu’il a fini par être président de la République. Pour nous qui étions contre cette dévolution monarchique, je n’aimerai pas que le temps donne raison à Karim Wade.
Que pensez-vous des élections locales qui doivent se tenir le 29 juin 2014, avec plus de 2000 listes en lice ?
A mon avis, c’est là que la coalition Bennoo Bokk Yaakaar a échoué. On m’a malheureusement forcé à être dans la liste de Bennoo Bokk Yaakaar de mon quartier, comme je suis un porteur de voix. Je n’étais ni demandeur ni preneur, parce que je n’ai pas aimé la démarche de cette coalition. Je n’aime pas la politique politicienne.
La plupart des leaders qui y sont, étaient dans la coalition Bennoo Siggil Sénégal. Ils avaient gagné les élections de 2009 et celles de 2012. Par conséquent, je ne comprends vraiment pas qu’ils veuillent éclater la coalition, en ces élections locales de 2014.
Ce n’était pourtant pas si compliqué. Tout le monde sait que Khalifa Sall, c’est un homme politique crédible, il a une démarche transparente qui fait qu’il a fait du bon travail. Il est également membre d’un grand parti, le Parti socialiste (Ps). Pourquoi donc Bennoo Bokk Yaakaar n’a pas mis en scelle Khalifa Sall pour la mairie de Dakar et Me Aissata Tall Sall pour la mairie de Podor ?
Et après, il s’agira tout simplement d’aller à la conquête des mairies contrôlées par l’opposition. C’est cette démarche cohérente que j’attendais de Bennoo Bokk Yaakaar. Mais j’ai compris une certaine boulimie du pouvoir de l’Alliance pour la République (Apr), que je dénonce fortement.
J’ai été très déçu de cette déconfiture de Bennoo Bokk Yaakaar, qui ressemble plus à du Bennoo Xeuthio Yaakaar. Cette situation risque de profiter plus à l’opposition. Je crois en la politique faite de vertu, c’est pourquoi les élections locales ne me disent absolument rien du tout.
Dans le domaine culturel, quelle politique préconisez-vous ?
Je constate malheureusement que la culture est encore restée le parent pauvre du régime de Macky Sall. On a confié la culture à un ministre que je ne connais pas certes, mais vu la cascade de démissions au ministère de la culture, il y a aiguise sous roche.
Beaucoup d’artistes m’interpellent sur cela et me parlent même de l’arrogance du ministre de la culture. C’est pourquoi je pense que dans cette dynamique, la culture risque de ne pas retrouver sa vraie place. Nous sommes des vétérans de la culture, nous avons fait toute notre carrière dans ce domaine, depuis la période des indépendances.
Du temps de Mame Birame Diouf et de Bousso Lèye, il y avait des propositions allant dans le sens d’une meilleure prise en charge des acteurs culturels. Auparavant, il y avait même possibilité d’avoir des subventions au niveau du ministère de la culture, mais depuis deux ans environ, on n’a plus cela. De toutes les façons, je n’ai jamais cherché à voir le ministre de la culture.
Mais ce qui me dérange fondamentalement, c’est l’entourage du président de la République. Ils ne répondent même plus au téléphone à l’exception de Penda Mbow. Je donne toujours mon avis aux dirigeants quand une situation se présente. Mais depuis un an, les collaborateurs du président de la République ne reconnaissent même plus leurs anciens camarades des années pré et post- électorales de 2012.
Dans la vie, il faut avoir de l’humilité. C’est pourquoi j’ai beaucoup aimé l’attitude et l’humilité de Me Souleymane Ndéné Ndiaye. Quand il était Premier ministre, il mangeait avec les musiciens, déjeunait avec ses gardiens. Je salue également l’attitude de Khalifa Sall, parce qu’à chaque fois qu’il y a problème dans cette ville, je lui écris un petit mot pour donner mon avis, et dès réception il me contacte. C’est important pour un leader de continuer à préserver ses relations avec le peuple. Nous sommes du peuple et en tant que porteur de voix, nous nous devons de transmettre les doléances des populations par les canaux officieux que nous avons.
On vous a entendu dans des propos assez embarrassants suite à la condamnation à mort de Sénégalais en Gambie. Quelles sont les relations que vous entretenez avec la Gambie ?
La Gambie m’a tout donné dans ma vie. Je suis un panafricain parce que né au Sénégal, j’ai fait mes études et entamé ma carrière en Côte d’Ivoire. Quand je suis rentré au Sénégal, les gens ne m’avaient pas bien compris. Il y avait une censure à 100% de mes œuvres artistiques, j’étais presque menacé. En ces périodes, c’est la Gambie qui m’a accueilli, Yaya Jammeh était jeune, c’était en 1972. Je dois beaucoup à ce grand pays qu’est la Gambie. J’avais d’autres idées révolutionnaires que les dirigeants du Sénégal de l’époque ne partageaient pas. En ces moments, il fallait un visa pour aller en Gambie et j’étais obligé de passer par la brousse pour regagner la Gambie. Ce pays m’a accueilli et adopté, et c’est à travers une radio que les Sénégalais captaient la musique révolutionnaire de Ouza.
Quand le président Yaya Jammeh est venu au pouvoir, je ne le connaissais pas. Un jour, une de mes sœurs gambiennes, Collé Sène, m’avait engagé. Après avoir honoré le contrat avec elle, de retour, cette expérience avec cette dame m’avait inspiré et c’est à partir de là que j’ai chanté un morceau pour cette dame, dans lequel j’ai raconté l’histoire, la sagesse et la vertu qu’incarnait cette Gambienne. Par la suite, on m’a contacté pour me dire que j’avais les mêmes idées que le président Yaya Jammeh, que j’ai eu l’honneur de rencontrer au cours d’un Festival, en Gambie, où je devais faire une prestation en sa présence.
Ce jour là quand il m’a vu, le président Yaya Jammeh a fait appel à moi et m’a dit devant tout le monde: « Ouza, tu ne sais pas que c’est avec toi que j’ai fait la révolution ? Je fais partie des enfants qui assistaient à tes séances de répétitions. Ouza, c’est grâce à tes chansons que je suis devenu révolutionnaire ?». Il a ensuite dit qu’il me cherchait depuis cinq ans. C’est Ce jour là quand il m’a vu, le président Yaya Jammeh a fait appel à moi et m’a dit devant tout le monde: « Ouza, tu ne sais pas que c’est avec toi que j’ai fait la révolution ? Je fais partie des enfants qui assistaient à tes séances de répétitions. Ouza, c’est grâce à tes chansons que je suis devenu révolutionnaire ?». Il a ensuite dit qu’il me cherchait depuis cinq ans. C’est comme ça que j’ai fait sa rencontre et on a en commun les mêmes idées parce qu’on croit en l’Afrique. On reste conscient qu’on peut se développer sans les Européens. On a discuté de la vision de Thomas Sankara, Lumumba ou Mamadou Dia. C’est grâce à la Gambie que je suis devenu célèbre. Je voyais comment la Gambie vivait, comment ce pays était, des gens qui ne croyaient pas en l’avenir. Mais avec l’avènement du président Jammeh, j’ai vu de plus en plus des intellectuels et beaucoup de choses ont changé. L’anarchie ou disons la démocratie à géométrie variable existante au Sénégal, n’existe pas en Gambie. Cela veut dire qu’il y a des dirigeants africains qui croient en la vertu africaine. Au sujet de la peine de mort, je suis en phase avec Me El Hadji Diouf. En Gambie, il y a la peine de mort. Idem en Mauritanie. Pourquoi le président Macky Sall est allé en Arabie Saoudite pour négocier la tête d’Alcaly Cissé ? Quand un dirigeant dit que « dans mon pays je n’aime pas voir des homosexuels, je n’aime pas voir les talibés qui trainent dans les rues et je ne vais pas abolir la peine de mort », mais il est dans ses droits. Maintenant, il faut négocier pour qu’on puisse libérer les autres Sénégalais qui sont encore en détention dans ce pays.
Vérité du jour
C’est un bilan mi-figue mi-raisin. Mais on peut quand même dire qu’il y a encore de l’espoir, à la condition qu’il y ait une réconciliation entre le président Macky Sall et l’ancien président Abdoulaye Wade. Je connais très bien le président Macky Sall de par son humilité et sa fidélité en amitié. Mais s’il se fie seulement aux va-t-en-guerres de son entourage, cette réconciliation ne sera pas possible. Mais dans l’ensemble, je constate une certaine transparence dans sa gestion.
Dans le cas de la délivrance des maisons de Jaxaay, j’ai pu voir des citoyens lambda bénéficier de ces maisons, ce qui n’était pas forcément le cas du temps du président Wade. J’ai vécu beaucoup de choses positives avec le régime de Macky Sall.
Mais au-delà de la réconciliation entre Macky et Wade, il nous faut véritablement une réconciliation nationale entre l’opposition et le pouvoir incarné par la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. On ne peut pas être dans une situation délétère et vouloir que le pays avance. Il faut également revoir la feuille de route des partis politiques.
Comment avez-vous vécu le retour de Wade au Sénégal ?
J’ai combattu Abdoulaye Wade mais j’ai compris que c’est un très grand homme. Je l’ai combattu à cause de la dévolution monarchique. Ce qui m’intéresse le plus chez lui, c’est sa vision de l’Afrique et j’ai beaucoup salué ses réalisations dans le domaine des infrastructures, la construction d’universités régionales etc.
Avec le temps, j’ai compris que c’est le meilleur président de la République qu’on ait eu depuis nos indépendances. Tout comme Marième Faye Sall est la plus grande première dame de toute l’histoire du Sénégal. Je demande cependant à la Première dame de travailler à une réconciliation entre Macky Sall et Abdoulaye Wade.
Je ne suis pas nostalgique d’Abdoulaye Wade mais en parcourant le Sénégal, on se rend compte de l’immensité de son bilan et je sais que c’est un visionnaire. Il a donné l’exemple en tant que panafricain.
Vous avez tantôt parlé de va-t-en guerres qui seraient dans l’entourage de Macky. Pensez-vous aux dinosaures politiques qui l’entourent ?
Je ne pense même pas à eux, mais je crois qu’il y a des gens de son entourage qui croient que seule la vision occidentale peut nous faire développer. Moi je crois, comme Wade, que l’Afrique peut bel et bien se développer sans les Occidentaux. Je suis panafricaniste. Tant que ces gens occidentalisées sont là, il y aura toujours des problèmes.
On ne peut venir et vouloir tout imposer au peuple, en particulier aux étudiants. Il faut savoir susciter l’implication et l’adhésion des populations par rapport à certaines réformes, au risque de créer des tensions. Mais sur les questions de développement, il faut bien reconnaitre que les dinosaures politiques sont limités.
A l’heure actuelle, est-ce qu’une réconciliation entre Macky et Wade est possible, d’autant plus que Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, est encore en prison ?
J’ai toujours dit que si la justice n’arrive pas à avoir les preuves des accusations faites à l’encontre de Karim Wade, il sera un jour président de la République. On ne martyrise pas une personne quand on n’a pas des accusations fondées et c’est très dangereux.
Abdoulaye Wade a tellement fait la prison qu’il a fini par être président de la République. Pour nous qui étions contre cette dévolution monarchique, je n’aimerai pas que le temps donne raison à Karim Wade.
Que pensez-vous des élections locales qui doivent se tenir le 29 juin 2014, avec plus de 2000 listes en lice ?
A mon avis, c’est là que la coalition Bennoo Bokk Yaakaar a échoué. On m’a malheureusement forcé à être dans la liste de Bennoo Bokk Yaakaar de mon quartier, comme je suis un porteur de voix. Je n’étais ni demandeur ni preneur, parce que je n’ai pas aimé la démarche de cette coalition. Je n’aime pas la politique politicienne.
La plupart des leaders qui y sont, étaient dans la coalition Bennoo Siggil Sénégal. Ils avaient gagné les élections de 2009 et celles de 2012. Par conséquent, je ne comprends vraiment pas qu’ils veuillent éclater la coalition, en ces élections locales de 2014.
Ce n’était pourtant pas si compliqué. Tout le monde sait que Khalifa Sall, c’est un homme politique crédible, il a une démarche transparente qui fait qu’il a fait du bon travail. Il est également membre d’un grand parti, le Parti socialiste (Ps). Pourquoi donc Bennoo Bokk Yaakaar n’a pas mis en scelle Khalifa Sall pour la mairie de Dakar et Me Aissata Tall Sall pour la mairie de Podor ?
Et après, il s’agira tout simplement d’aller à la conquête des mairies contrôlées par l’opposition. C’est cette démarche cohérente que j’attendais de Bennoo Bokk Yaakaar. Mais j’ai compris une certaine boulimie du pouvoir de l’Alliance pour la République (Apr), que je dénonce fortement.
J’ai été très déçu de cette déconfiture de Bennoo Bokk Yaakaar, qui ressemble plus à du Bennoo Xeuthio Yaakaar. Cette situation risque de profiter plus à l’opposition. Je crois en la politique faite de vertu, c’est pourquoi les élections locales ne me disent absolument rien du tout.
Dans le domaine culturel, quelle politique préconisez-vous ?
Je constate malheureusement que la culture est encore restée le parent pauvre du régime de Macky Sall. On a confié la culture à un ministre que je ne connais pas certes, mais vu la cascade de démissions au ministère de la culture, il y a aiguise sous roche.
Beaucoup d’artistes m’interpellent sur cela et me parlent même de l’arrogance du ministre de la culture. C’est pourquoi je pense que dans cette dynamique, la culture risque de ne pas retrouver sa vraie place. Nous sommes des vétérans de la culture, nous avons fait toute notre carrière dans ce domaine, depuis la période des indépendances.
Du temps de Mame Birame Diouf et de Bousso Lèye, il y avait des propositions allant dans le sens d’une meilleure prise en charge des acteurs culturels. Auparavant, il y avait même possibilité d’avoir des subventions au niveau du ministère de la culture, mais depuis deux ans environ, on n’a plus cela. De toutes les façons, je n’ai jamais cherché à voir le ministre de la culture.
Mais ce qui me dérange fondamentalement, c’est l’entourage du président de la République. Ils ne répondent même plus au téléphone à l’exception de Penda Mbow. Je donne toujours mon avis aux dirigeants quand une situation se présente. Mais depuis un an, les collaborateurs du président de la République ne reconnaissent même plus leurs anciens camarades des années pré et post- électorales de 2012.
Dans la vie, il faut avoir de l’humilité. C’est pourquoi j’ai beaucoup aimé l’attitude et l’humilité de Me Souleymane Ndéné Ndiaye. Quand il était Premier ministre, il mangeait avec les musiciens, déjeunait avec ses gardiens. Je salue également l’attitude de Khalifa Sall, parce qu’à chaque fois qu’il y a problème dans cette ville, je lui écris un petit mot pour donner mon avis, et dès réception il me contacte. C’est important pour un leader de continuer à préserver ses relations avec le peuple. Nous sommes du peuple et en tant que porteur de voix, nous nous devons de transmettre les doléances des populations par les canaux officieux que nous avons.
On vous a entendu dans des propos assez embarrassants suite à la condamnation à mort de Sénégalais en Gambie. Quelles sont les relations que vous entretenez avec la Gambie ?
La Gambie m’a tout donné dans ma vie. Je suis un panafricain parce que né au Sénégal, j’ai fait mes études et entamé ma carrière en Côte d’Ivoire. Quand je suis rentré au Sénégal, les gens ne m’avaient pas bien compris. Il y avait une censure à 100% de mes œuvres artistiques, j’étais presque menacé. En ces périodes, c’est la Gambie qui m’a accueilli, Yaya Jammeh était jeune, c’était en 1972. Je dois beaucoup à ce grand pays qu’est la Gambie. J’avais d’autres idées révolutionnaires que les dirigeants du Sénégal de l’époque ne partageaient pas. En ces moments, il fallait un visa pour aller en Gambie et j’étais obligé de passer par la brousse pour regagner la Gambie. Ce pays m’a accueilli et adopté, et c’est à travers une radio que les Sénégalais captaient la musique révolutionnaire de Ouza.
Quand le président Yaya Jammeh est venu au pouvoir, je ne le connaissais pas. Un jour, une de mes sœurs gambiennes, Collé Sène, m’avait engagé. Après avoir honoré le contrat avec elle, de retour, cette expérience avec cette dame m’avait inspiré et c’est à partir de là que j’ai chanté un morceau pour cette dame, dans lequel j’ai raconté l’histoire, la sagesse et la vertu qu’incarnait cette Gambienne. Par la suite, on m’a contacté pour me dire que j’avais les mêmes idées que le président Yaya Jammeh, que j’ai eu l’honneur de rencontrer au cours d’un Festival, en Gambie, où je devais faire une prestation en sa présence.
Ce jour là quand il m’a vu, le président Yaya Jammeh a fait appel à moi et m’a dit devant tout le monde: « Ouza, tu ne sais pas que c’est avec toi que j’ai fait la révolution ? Je fais partie des enfants qui assistaient à tes séances de répétitions. Ouza, c’est grâce à tes chansons que je suis devenu révolutionnaire ?». Il a ensuite dit qu’il me cherchait depuis cinq ans. C’est Ce jour là quand il m’a vu, le président Yaya Jammeh a fait appel à moi et m’a dit devant tout le monde: « Ouza, tu ne sais pas que c’est avec toi que j’ai fait la révolution ? Je fais partie des enfants qui assistaient à tes séances de répétitions. Ouza, c’est grâce à tes chansons que je suis devenu révolutionnaire ?». Il a ensuite dit qu’il me cherchait depuis cinq ans. C’est comme ça que j’ai fait sa rencontre et on a en commun les mêmes idées parce qu’on croit en l’Afrique. On reste conscient qu’on peut se développer sans les Européens. On a discuté de la vision de Thomas Sankara, Lumumba ou Mamadou Dia. C’est grâce à la Gambie que je suis devenu célèbre. Je voyais comment la Gambie vivait, comment ce pays était, des gens qui ne croyaient pas en l’avenir. Mais avec l’avènement du président Jammeh, j’ai vu de plus en plus des intellectuels et beaucoup de choses ont changé. L’anarchie ou disons la démocratie à géométrie variable existante au Sénégal, n’existe pas en Gambie. Cela veut dire qu’il y a des dirigeants africains qui croient en la vertu africaine. Au sujet de la peine de mort, je suis en phase avec Me El Hadji Diouf. En Gambie, il y a la peine de mort. Idem en Mauritanie. Pourquoi le président Macky Sall est allé en Arabie Saoudite pour négocier la tête d’Alcaly Cissé ? Quand un dirigeant dit que « dans mon pays je n’aime pas voir des homosexuels, je n’aime pas voir les talibés qui trainent dans les rues et je ne vais pas abolir la peine de mort », mais il est dans ses droits. Maintenant, il faut négocier pour qu’on puisse libérer les autres Sénégalais qui sont encore en détention dans ce pays.
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