Monsieur le Président, une fois de plus encore vous manquez sévèrement au rendez-vous de la finesse et de la lucidité dans la résolution des crises que subit l’enseignement supérieur sénégalais.
La question de l’augmentation des bourses n’est nullement à l’origine de la mort de notre camarade Fallou Sène. Elle n’a jamais fait l’objet d’une grève à l’université depuis votre accession à la magistrature suprême. Vous n’avez en aucun moment, lors des récentes manifestations organisées au niveau national, entendu un étudiant intercéder en faveur de cette supplique.
Alors pourquoi vouloir s’attaquer à une cause qui n’est en aucun cas comptable des conséquences désastreuses que vivent les étudiants et qui ont conduit à la mort de certains de nos camarades ?
Monsieur le Président, l’orgueil et le mépris vous ont suffisamment prouvé leur stérilité et leur inefficacité quant à la résolution du problème des étudiants, de l’enseignement supérieur mais vous persistez. Nous ne sommes pas des numéros que vous arrangez à votre guise (le Recteur Baydallaye Kane pourra vous en dire plus). Penser que nous réfléchissons mal ou que nous ne réfléchissons pas, c’est ne pas réfléchir.
A quoi bon de nous écouter si vous ne répondez jamais à nos questions ? A quoi bon de nous former alors que nos idées et nos visions sont toujours prises pour des idioties de farceurs, incapable de raisonner de façon sérieuse ?
Nous accordons aux ministres Mary Teuw Niane et Amadou Ba qu’ils sont intelligents et qu’ils sont animés de bonnes intentions de bien faire. C’est précisément pour cette raison que nous avons accepté, malgré que cela charrier nombre de nos camarades vers la porte de sortie de l’université, les différentes réformes qu’ils nous ont imposés.
• Le MESR a augmenté de façon outrancière les frais d’inscriptions pour tous les cycles, nous avons accepté.
• Le MESR a réduit de plus de la moitié du taux de bénéficiaire des bourses, nous avons accepté.
• Le MESR a défini de nouvelles critères d’obtentions des bourses, nous avons accepté.
• Le MESR a forcé la main aux étudiants pour signer un protocole d’accord qui permettrait au gouvernement de bénéficier de fonds pour améliorer la qualité de l’enseignement supérieur (la même année Bassirou Faye est mort suite à des émeutes à l’UCAD, quatre ans après Fallou Sène tomba à l’UGB tué par un agent des forces de l’ordre).
Monsieur le président, si de tels sacrifices sont faits pour des hommes et pour leurs visions, et qu’en retour ;
• des étudiants continuent de perdre la vie pour avoir réclamé une insignifiante allocation de 36 000F qui leur revenait pourtant de droit ;
• des classes qui se faisaient en une année se font maintenant en deux ans ;
• des chambres qui contenaient un étudiant maximum en contiennent maintenant des dizaines ;
• du personnel administratif initialement proportionné pour la gestion de quelques centaines d’étudiants, se retrouve avec des milliers sans assistance technique et financière ;
• des étudiants orientés dans l’enseignement supérieur privé abandonnent parce que leurs écoles doivent de l’argent au gouvernement ;
• des ministres censés servir la république, là prennent en otage pour des querelles de tendance politique ;
• etc.
Ne pensez vous pas, Monsieur le Président, que vous devriez mieux écouter les étudiants plutôt que vouloir satisfaire une demande inexistante (l’augmentation des bourses) ? La démission des ministres concernés, si vous pensez à la prochaine génération et non à la prochaine élection, est l’ultime option qui s’impose.
Niakasso Dianka
UGB/SAINT-LOUIS