Il a peut être vêtu “les habits de lumière” comme le prédisait la célèbre diseuse de bonne aventure, Selbé NDOM, mais il est clair que Karim gagne la sympathie des sénégalais, chose qu’il n’avait pas alors pas du tout, et ce qui a été une des raisons de la défaite de son père en 2012.
Karim Wade gagne en notoriété, plus que ce qu’il avait dans les lambris dorés du pouvoir paternel. Pas un jour, sans une information relative à son incarcération, aux actions de ses souteneurs ou même à l’intervention médiatique d’un leader d’opinion tendant à invalider son emprisonnement. Karim Wade est « vu » sous un autre angle, avec de « nouveaux » yeux par la majorité des sénégalais ; rien d’étonnant ! nous sommes dans la même galère.
Si vous poussez la curiosité et interrogez les gens qui vous entourent, vous serez surpris ! Certains pousseront la jugeote au point de s’exclamer « boy bi guerrier la han ! (Ce gosse là est un vrai combattant !). Êtes-vous au courant du nombre impressionnant de personnalités politiques et publiques, religieuses, coutumières, de jeunes, femmes bref de sénégalais lambda qui cherchent à aller le « visiter » à Rebeuss ? Même s’ils y ont vont par charité ou par dévotion, tous retournent chez eux, impressionnés par le prisonnier modèle, qui comme son crane nu, brille par son charisme et son stoïcisme.
Oui Karim est courageux, il a beaucoup d’abnégation ; son mental est solide. Qui l’aurait cru ? C’était un inconnu pour nous Karim, le fils d’un père transformé par le pouvoir.
Des débordements pharaoniques poussaient le padre Wade – le président que l’on a le plus aimé dans le plein sens du terme – à mépriser l’expertise de l’intelligentcia sénégalaise au profit de son fils qui était « le plus intelligent des sénégalais – sic ».
Sa fille, Syndiely était trop présente, Viviane, sa femme n’en parlons même pas ; c’en était trop pour les sénégalais, la dynastie Wade commençait à exagérer. Le creuset riche-pauvre s’agrandissait ; le sénégalais devenait aigri et Karim était dans toutes les sauces, devant notre destinée ; dénommé ministre du ciel, de la terre, de la mer et je ne sais quoi encore, il revêtait officieusement l’habit du ministre des affaires étrangères en plus des quatre ministères qu’il occupait officiellement ; le plus cocasse est que le commun des sénégalais avait fini de croire et d’affirmer que c’est lui qui dirigeait le pays.
Les opposants ont eu la « bonne » idée de le peindre sous les traits d’un homme de petite vertu, veule, indifférent au sort du peuple car se croyant supérieur, qui ne cherche qu’à « hériter du trône de papa-qui-était-trop-fier-de-son-fils ». Cette stratégie de communication a fortement entaché sa réputation.
La génération du concret n’a pas su contrecarrer le débordement médiatique anti-Karim, au contraire, certains profils politiques, détestables et imbus de leur personne entouraient le petit prince qui ne voulait toujours pas se défendre et encaisser sans riposter genre les chiens aboient la caravane passe. C’en était énervant, il fallait « achever » le pti prince.
Un certain 23 juin a fini de « faire réagir » le métis « saoudien » franco-sénégalais qui, redigea à l’attention du peuple une lettre pathétique dans laquelle il se plaignait d’etre victime d’une haine non justifiée. Mauvaise idée et grave erreur de son staff communicationnel. Il était clair que père Wade ne serait pas réélu ; eux seuls l’ignoraient.
L’évidence de l’électorat était que voter Wade c’est donner le pouvoir à Karim ; celui là même qui s’est vu sanctionné lorsqu’il a voulu être maire de la commune de Point E, le quartier où il a grandi.
L’évidence aujourd’hui est que le président Sall pour qui le peuple a massivement voté est devenu le président qui ne mériterait qu’un seul mandat ; il est le seul au pouvoir qui, non seulement n’a pas fini de singer Abdoulaye Wade dans le népotisme, la présence massive de détestables transhumants, la bénédiction du « griotisme » politique mais se permet des règlements de compte judiciaire.
Interprétées par le peuple comme une rancune tenace contre les Wade, ces épisodes judiciaires sont des barrières à l’émergence de ce pays et installent les sénégalais dans une perplexité déconcertante quant au sursaut national promis appelé yonou yokouté 1.
En réalité, rien ne marche au Sénégal, tout est difficile, l’argent se fait rare quand on l’a il « fond » sans que l’on puisse régler ses problèmes. On est en tout cas loin de yokouté 2 promis.
wolof xamoul kou togn kou fayou la xam 3
Le sénégalais condamne plutôt celui qui rend les coups ; ce dicton vient a son heure et confirme le courant de sympathie qui embrasse le jeune Karim qui continue de purger dignement sa peine accompagné par un excellent pool communicationnel et des politiciens aguerris qui le soutiennent.
Comme le peuple a le même sentiment : celui d’être piégé et emprisonné dans le yonou yakkouté, il y’a forcément du feeling et une fusion entre Karim et le peuple. Gardez-le toujours au frais – ce serait votre responsabilité dans l’histoire, Mister Président comme vous l’a rappelé le l’illustre bagnard de Rebeuss – mais pour sûr, il fera mal une fois dehors !
* - Le « je » s identifie au lecteur
1 - Emergence
2 - voie de l’émergence
3 - le wolof ne condamne pas celui qui a commencé les hostilités mais celui qui est entrain de riposter