Au fur et à mesure du long processus de comptage des voix par la commission électorale nigériane, le calcul était simple pour le camp de Muhammadu Buhari : rafler les voix dans les Etats du nord, plus peuplés, et grappiller sur l'électorat des autres. La mathématique électorale est tombée juste : le président sortant a été réélu ce mardi 26 février, selon les résultats définitifs de la commission électorale publiés tard dans la nuit.
56% pour Buhari contre 41% pour Atiku Abubakar
« Je soussigné, Mahmood Yakubu, président de la commission pour l'organisation de la présidentielle du 23 février, atteste que (...)Muhammadu Buhari de l'APC, ayant rempli toutes les exigences de la loi et remporté le plus grand nombre de votes, est déclaré vainqueur de ladite élection». L'annonce de la commission, rendue publique vers 5 heures du matin, n'a déclenché que peu de scènes de liesse en raison sans doute de l'heure tardive.
Avec 15,1 millions de voix sur les 82 millions d'électeurs (29 millions seulement se sont déplacés pour voter), Muhammadu Buhari remporte la présidentielle du 23 février, initialement prévue une semaine plus tôt puis reportée pour des raisons logistiques. Avec un gap de 4 millions de voix, son challenger, Atiku Abubakar du PDP arrive second avec 11,2 millions de voix soit 41% des suffrages.
Buhari réélu mais contesté par Atiku Abubakar
Ce mardi 26 février déjà, les premières tendances plaçaient Muhammadu Buhari en tête de course devant son principal rival. Il s'en est suivi un long processus de comptage, de collecte et de centralisation des votes avec une publication des votes État par État. Il en ressort que le camp du président sortant rafle la mise dans 19 des 36 États du pays, notamment dans le Nord, dont il est originaire et offrant un réservoir électoral plus grand. Son rival a quant à lui remporté les suffrages des Etats du sud et du sud-est dans un pays où l'élection, surtout présidentielle, est d'abord un vote par affinité ethnique.
Néanmoins, la réélection du président sortant est contestée par le camp du candidat malheureux. A l'eau du moulin d'Atiku Abubakar, des irrégularités se traduisant par des achats de voix, des intimidations d'électeurs, relevées par la société civile nigériane qui appelle à une contestation par des moyens légaux. Dès mardi soir, alors que les tendances laissaient entrevoir une victoire de Buhari, le PDP avait exigé de la Commission électorale un arrêt de l'annonce des résultats entachés, selon lui, par des fraudes massives. Qu'à cela ne tienne.
Malgré les ennuis de santé qui ont rythmé son année préélectorale, Muhammadu Buhari conserve donc son fauteuil de l'Aso Rock Villa pour les quatre prochaines années. Son nouveau mandat sera sans doute axé sur la lutte contre la pauvreté mais aussi la lutte contre Boko Haram, le groupe terroriste plusieurs fois annoncé vaincu. Le nouveau président est aussi attendu sur le dossier de la lutte contre la corruption, le thème de prédilection qui lui vaut peut-être cette réélection.