La colère reste vive à Beaumont-sur-Oise, quatre mois après la mort d’Adama Traoré, 24 ans, lors de son interpellation par la police. Des violences ont éclaté jeudi 17 novembre au soir entre les gendarmes et des soutiens de la famille Traoré.
Au même moment devait se tenir, à l’hôtel de ville, un conseil municipal pour décider d’autoriser ou non le financement, par la commune, des frais de justice de la maire après sa décision d’attaquer la sœur d’Adama Traoé pour diffamation.
Ces heurts se sont poursuivis une partie de la nuit, notamment dans le quartier de Boyenval, où vivent les Traoré. "Nous étions chez nous quand nous avons entendu du bruit. Nous avons vu une cinquantaine de gendarmes courir vers un endroit où il y avait des jeunes. Ces jeunes étaient simplement rassemblés. Je suis aussitôt descendue", raconte Assa Traoré, la sœur d’Adama à France24. "La police municipale a gazé tout le monde […] puis a commencé à charger. Ils ont tabassé un de mes petits frères, ils étaient à quatre dessus. Alors j’ai essayé de sécuriser les jeunes. On avait l’impression d’être sur une scène de film". "C’est de l’intimidation", assure la jeune femme, qui confie que certaines victimes vont porter plainte, notamment sa mère et son petit frère qui sont aujourd’hui à l’hôpital.
D'après la préfecture contactée par l’AFP, les militaires de la gendarmerie ont essuyé des tirs de mortiers et d’engins incendiaires.
Plainte pour diffamation
Au cœur du regain de tension, la décision de Nathalie Groux, maire UDI de Beaumont-sur-Oise, d’attaquer en justice pour diffamation Assa Traoré, sœur d’Adama. La jeune femme avait déclaré en septembre dernier, dans l’émission le Gros journal sur Canal+ : "Nous sommes des habitants de Beaumont depuis presque trente ans, mais nous n’avons toujours pas eu de condoléances, nous avons des bâtons dans les roues depuis le début, dès qu’on veut mettre quelque chose en place. Donc la maire a choisi son camp et de quel côté elle se met, du côté des gendarmes. Ce qui veut dire du côté de la violence policière".
Nathalie Groux "ne souhaite pas s’exprimer pour le moment" au sujet de sa plainte, rapporte l’hôtesse en charge de l’accueil téléphonique de la mairie de Beaumont-sur-Oise. De son côté, Assa Traoré n’est "pas surprise" par cette décision mais regrette de ne "pas pouvoir s’exprimer librement". Elle dénonce "un acharnement" de Nathalie Groux depuis le décès d’Adama Traoré. "Ces posts Facebook racistes me confortent dans ce que je pense" souligne la jeune femme, en faisant référence à une publication de la maire évoquant les "Français de souche". Et d’ajouter : "elle attise la violence et la haine raciale". Assa Traoré va d’ailleurs lancer une pétition pour demander la démission de Nathalie Groux.
"Nous voulons la mise en examen des gendarmes"
Mais ce qu’elle demande avant tout, c’est la lumière sur les circonstances de la mort de son frère Adama. Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon une source proche de l'enquête citant les déclarations de l'un des militaires.
Mais malgré deux autopsies, la cause du décès du jeune homme n'a pu être établie avec certitude. Elles ont toutefois mis en évidence notamment un "syndrome asphyxique". En juillet dernier, la justice a rejeté la demande de la famille d’Adama Traoré de réaliser une troisième autopsie, considérant qu’elle n’apporterait pas plus d’éléments.
Les proches d’Adama Traoré parlent de "bavure policière" et demandent la "mise en examen des gendarmes". Assa Traoré souhaite également que sa famille soit "respectée" et que "la justice prenne ses responsabilités".
L'information judiciaire ouverte après le drame a été déplacée à Paris, à la demande de l'avocat de la famille, très critique à l'égard de la conduite de l'enquête et de la communication du procureur de Pontoise.
Avec AFP
Au même moment devait se tenir, à l’hôtel de ville, un conseil municipal pour décider d’autoriser ou non le financement, par la commune, des frais de justice de la maire après sa décision d’attaquer la sœur d’Adama Traoé pour diffamation.
Ces heurts se sont poursuivis une partie de la nuit, notamment dans le quartier de Boyenval, où vivent les Traoré. "Nous étions chez nous quand nous avons entendu du bruit. Nous avons vu une cinquantaine de gendarmes courir vers un endroit où il y avait des jeunes. Ces jeunes étaient simplement rassemblés. Je suis aussitôt descendue", raconte Assa Traoré, la sœur d’Adama à France24. "La police municipale a gazé tout le monde […] puis a commencé à charger. Ils ont tabassé un de mes petits frères, ils étaient à quatre dessus. Alors j’ai essayé de sécuriser les jeunes. On avait l’impression d’être sur une scène de film". "C’est de l’intimidation", assure la jeune femme, qui confie que certaines victimes vont porter plainte, notamment sa mère et son petit frère qui sont aujourd’hui à l’hôpital.
D'après la préfecture contactée par l’AFP, les militaires de la gendarmerie ont essuyé des tirs de mortiers et d’engins incendiaires.
Plainte pour diffamation
Au cœur du regain de tension, la décision de Nathalie Groux, maire UDI de Beaumont-sur-Oise, d’attaquer en justice pour diffamation Assa Traoré, sœur d’Adama. La jeune femme avait déclaré en septembre dernier, dans l’émission le Gros journal sur Canal+ : "Nous sommes des habitants de Beaumont depuis presque trente ans, mais nous n’avons toujours pas eu de condoléances, nous avons des bâtons dans les roues depuis le début, dès qu’on veut mettre quelque chose en place. Donc la maire a choisi son camp et de quel côté elle se met, du côté des gendarmes. Ce qui veut dire du côté de la violence policière".
Nathalie Groux "ne souhaite pas s’exprimer pour le moment" au sujet de sa plainte, rapporte l’hôtesse en charge de l’accueil téléphonique de la mairie de Beaumont-sur-Oise. De son côté, Assa Traoré n’est "pas surprise" par cette décision mais regrette de ne "pas pouvoir s’exprimer librement". Elle dénonce "un acharnement" de Nathalie Groux depuis le décès d’Adama Traoré. "Ces posts Facebook racistes me confortent dans ce que je pense" souligne la jeune femme, en faisant référence à une publication de la maire évoquant les "Français de souche". Et d’ajouter : "elle attise la violence et la haine raciale". Assa Traoré va d’ailleurs lancer une pétition pour demander la démission de Nathalie Groux.
"Nous voulons la mise en examen des gendarmes"
Mais ce qu’elle demande avant tout, c’est la lumière sur les circonstances de la mort de son frère Adama. Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon une source proche de l'enquête citant les déclarations de l'un des militaires.
Mais malgré deux autopsies, la cause du décès du jeune homme n'a pu être établie avec certitude. Elles ont toutefois mis en évidence notamment un "syndrome asphyxique". En juillet dernier, la justice a rejeté la demande de la famille d’Adama Traoré de réaliser une troisième autopsie, considérant qu’elle n’apporterait pas plus d’éléments.
Les proches d’Adama Traoré parlent de "bavure policière" et demandent la "mise en examen des gendarmes". Assa Traoré souhaite également que sa famille soit "respectée" et que "la justice prenne ses responsabilités".
L'information judiciaire ouverte après le drame a été déplacée à Paris, à la demande de l'avocat de la famille, très critique à l'égard de la conduite de l'enquête et de la communication du procureur de Pontoise.
Avec AFP