Maintenant que les Saoudiens ont reconnu plus de 1000 morts et plus de 4000 blessés dans la campagne de bombardements féroces contre les miliciens Houthistes, en plus des vieillards, femmes et enfants victimes co-latérales injustes; maintenant qu’ils ont avoué dans une déclaration officielle que «leur intervention a éliminé les menaces sur les voisins », comment le Président du Sénégal peut-il justifier devant son opinion publique l’envoi de nos enfants dans une « drôle de guerre » où la « coalition arabe » menée par Ryad veut régler dans les airs un problème qui est au sol.
Les saoudiens l’ont dit au départ, ils n’enverront pas leurs soldats (leurs enfants) se battre sur le sol du Yémen. Certes ils ont évolué puisque qu’ils ont battu le rappel de la garde nationale (plus de 100.000 soldats) qui, comme son nom l’indique, est chargée de défendre le royaume en cas d’attaques. Du coup le Sénégal n’a plus sa place, ni dans « la coalition arabe » (ce qui allait de soi), encore moins aux côtés de la Garde nationale saoudienne qui n’est pasune coalition internationale mandatée par les Nations Unies, puisque que ce mandat n’existe pas et cette coalition n’existe.
Monsieur le Président, saisissez la balle au rebond, faites comme les États Unis, félicitez les Saoudiens d’avoir enfin compris que seule la solution politique est viable et renoncez à envoyer nos vaillants Jambars à l’aventure, à la mort, à de possibles enlèvements et décapitations par des miliciens, ou par Al-Qaida ou par le fameux Daesh.
A ceux quisont pessimistes sur votre capacité à changer d’avis et qui prétendent que, suite à un « traitement » royal que les Saoudiens vous ont réservé,vous ne pouvez plus rien leur … refuser, rassurez nous ! Répondez à ces détracteurs et ditesleur à la face du monde que c’est faux : vous n’avez rien reçu, ni argent, ni dons spéciaux, mais que vous vouliez juste matérialiser la solidarité du Sénégal à la terre qui abrite les deux saintes mosquées.
Le problème cependant est que les deux saintes mosquées n’ont jamais été menacées dans ce conflit. Ni les Yéménites, ni les Iraniens, ni Al-Qaida dans la péninsule arabique, n’ont annoncé leur intention de s’en prendre aux lieux saints de l’Islam que sont MakkahAl-Mukarramahet Al Madinatul Mounawar(la ville illuminée). Même Ryad, la capitale saoudienne est aujourd’hui un havre de paix non concerné par la guerre au point que vos services ont induit en erreur un journal respecté qui a pu titrer « Macky envoie 1500 à 2000 Jambars à Riyad ».
Ce titre trompeur peut faire saliver de jeunes soldats qui vont penser aux perdiems et à la possibilité (à partir de Riyad)d’aller faire un tourisme religieux à la Mecque et à Médina. Ceci est loin de la vérité, car la guerre n’est pas à Ryad mais au Yémen où au mieux à la frontière entre les deux pays.
En plus il sera difficile Monsieur le Président d’expliquer comment le Sénégal, état africain pauvre, qui a forcé ses limites dans la participation aux opérations de maintien de la Paix (Darfour, Congo RDC, Côte d’Ivoire, Mali, RCA, etc…) peut soudain trouver 1500 à 2000 hommes pour Ryad, pardon pour le Yémen !
Certains vont jusqu’à parler « d’arnaque intellectuelle, spirituelle et morale » dans cette affaire. Ce n’est pas notre avis, nous pensons plutôt à une vraie méprisesur ce qu’est réellement le Sénégal, comme du reste l’a si brillamment montré dans un article magistral à tous égards l’analyste Yoro Dia (Voir l’Enquête du 15 avril, 2015 et d’autres quotidiens du même jour). En passant il faut espérer que vos conseillers ne vous cachent pas de telles contributions qui font date dans l’histoire du pays.
Pour vous rapporter ce qui se dit dans certains cénacles, « L’arnaque intellectuelle » serait de vouloir nous faire prendre la guerre des Saoudiens contre leurs voisins Yéménites comme la guerre du Golfe de 1991pendant laquelle le Sénégal s’était distingué par une honorable participation mais aussi par le tribut le plus lourd payé par une nation. Ces deux guerres n’ont évidemment strictement rien à voir ! Le Yémen n’a pas à sa tête un Saddam conquérant et expansionniste et n’a pas envahi le Royaume saoudien. Bien au contraire !
« L’arnaque spirituelle », selon eux, serait liée à l’évocation de la défense de l’Arabie saoudite, patrie de l’islam menacée alors qu’elle abrite Makka et Médine.
« L’arnaque morale » serait de prétendre que « rien n’est décidé » alors que tout porte à croire que l’engagement est pris et les ordres sont déjà donnés au Chef des Armées. L’autre versant de « l’arnaque morale » est de prétendre que le Sénégal sacrifie à une obligation face à un pays allié. Si cela était vrai, peut-on une seule seconde imaginer l’Arabie saoudite envoyer ses enfants se battre aux côtés du Sénégal en cas de déstabilisation ou d’invasion par les Jihadistes de notre sol? Tout simplement inimaginable ! Ce qui, de fait, ruine la théorie du « pays allié » car cette théorieimplique forcément une réciprocité absolue.
Ces observations soulèvent plusieurs questions qui s’adressentd’abord à Monsieur le Président :
- Pourquoi votre collègue américain, premier allié des Saoudiens, a exclu d’envoyer des troupes pour protéger l’Arabie saoudite qui est si chère à son pays ? Il préfère plutôt calmer l’ardeur de ses amis saoudiens en les poussant à éviter d’embraser la région la plus complexe du monde contemporain où la vraie puissance impériale régionale (l’Iran) fait réellement la pluie et le beau comme le « mauvais » temps. En plus, même si le Président américain était tenté, le Congrès l’attendrait de pied ferme ; ce qui n’est pas le cas sous nos états tropicaux où les cadeaux royaux peuvent constituer « une puissante aide à la décision » et être plus déterminants que des pouvoirs législatifs souventparalyséspar le déséquilibre dû au système présidentialiste fort.
- Pourquoi le Maroc, 2èmegrand allié des Saoudiens, n’envisage pas d’envoyer des troupes pour défendre la patrie de tous les croyants musulmans dont ils ont l’honneur d’abriter le Commandeur suprême (Amir Al Mouminine) ?
- Pourquoi les dirigeants de la République islamique du Pakistan, sollicités pour envoyer des troupes pour des combats terrestres, ont d’abord consulté leur parlement avant de refuser poliment mais fermement d’envoyer leurs enfants tout en proposant leurs bons offices pour trouver une issue pacifique à la crise et au conflit.
- S’il est vrai que les Saoudiens sont nos amis, les Yéménites comme les Iraniens sont aussi nos frères en religion. Pourquoi alors protéger les uns, faire la guerre aux autres et prétendre qu’on n’a pas des problèmes avec les « musulmans chiites ».
- Notre Président, mesure-t-il assez le risque effroyable d’inscrire notre pays dans le viseur et le tableau de chasse de Al-Qaida et de l’État islamique, et ceci pendant que notre région Sud reste fragile et vulnérable et toutes nos frontières (Est, Nord, Sud)sont visiblement poreuses aux infiltrations des trafiquants de toute sorte et des Jihadistes confortablement installés au Mali, en Mauritanie et peut-être déjà au Sénégal?
Nous en appelons d’abord au Président de la République lui même pour qu’il réévalue la situation globale comme il a promis de le faire à Kaffrine. Ensuite nous lançons un appel à la mobilisation de la société civile, aux amisde Y’en A Marre et de tous les Mouvements citoyens, à tous les démocrates et patriotes de ce pays pour faire entendre leur voix sur cette question.
Nos Jambars et leurs patrons, soldats d’une armée républicaine exemplaire, exécuteront la directive présidentielle sans broncher mais tous les analystes crédibles savent qu’ils ne vont pas dans une mission de paix mais ils vont aller faire la guerre en lointaine Arabie alors que leur pays n’est en guerre avec aucun pays et n’est aucunement concernée dans ses intérêts nationaux les plus vitaux.
Monsieur le Président, de grâce renoncez à ce projet indéfendable et n’envoyez pas les enfants d’autrui là où vous n’enverrez certainement pas votre propre fils.
Ce sont là des paroles d’un Musulman sénégalais qui, comme vous, aime et respecte la terre des deux saintes mosquées, mais qui n’échangera jamais sa loyauté première au Sénégal (terre bénite parmi les terres bénites) contre toute autre loyauté !
Alioune Sène,
Diplômé de Sciences politiques et de Philosophie,
France
Alsenefrance@gmail.com
Les saoudiens l’ont dit au départ, ils n’enverront pas leurs soldats (leurs enfants) se battre sur le sol du Yémen. Certes ils ont évolué puisque qu’ils ont battu le rappel de la garde nationale (plus de 100.000 soldats) qui, comme son nom l’indique, est chargée de défendre le royaume en cas d’attaques. Du coup le Sénégal n’a plus sa place, ni dans « la coalition arabe » (ce qui allait de soi), encore moins aux côtés de la Garde nationale saoudienne qui n’est pasune coalition internationale mandatée par les Nations Unies, puisque que ce mandat n’existe pas et cette coalition n’existe.
Monsieur le Président, saisissez la balle au rebond, faites comme les États Unis, félicitez les Saoudiens d’avoir enfin compris que seule la solution politique est viable et renoncez à envoyer nos vaillants Jambars à l’aventure, à la mort, à de possibles enlèvements et décapitations par des miliciens, ou par Al-Qaida ou par le fameux Daesh.
A ceux quisont pessimistes sur votre capacité à changer d’avis et qui prétendent que, suite à un « traitement » royal que les Saoudiens vous ont réservé,vous ne pouvez plus rien leur … refuser, rassurez nous ! Répondez à ces détracteurs et ditesleur à la face du monde que c’est faux : vous n’avez rien reçu, ni argent, ni dons spéciaux, mais que vous vouliez juste matérialiser la solidarité du Sénégal à la terre qui abrite les deux saintes mosquées.
Le problème cependant est que les deux saintes mosquées n’ont jamais été menacées dans ce conflit. Ni les Yéménites, ni les Iraniens, ni Al-Qaida dans la péninsule arabique, n’ont annoncé leur intention de s’en prendre aux lieux saints de l’Islam que sont MakkahAl-Mukarramahet Al Madinatul Mounawar(la ville illuminée). Même Ryad, la capitale saoudienne est aujourd’hui un havre de paix non concerné par la guerre au point que vos services ont induit en erreur un journal respecté qui a pu titrer « Macky envoie 1500 à 2000 Jambars à Riyad ».
Ce titre trompeur peut faire saliver de jeunes soldats qui vont penser aux perdiems et à la possibilité (à partir de Riyad)d’aller faire un tourisme religieux à la Mecque et à Médina. Ceci est loin de la vérité, car la guerre n’est pas à Ryad mais au Yémen où au mieux à la frontière entre les deux pays.
En plus il sera difficile Monsieur le Président d’expliquer comment le Sénégal, état africain pauvre, qui a forcé ses limites dans la participation aux opérations de maintien de la Paix (Darfour, Congo RDC, Côte d’Ivoire, Mali, RCA, etc…) peut soudain trouver 1500 à 2000 hommes pour Ryad, pardon pour le Yémen !
Certains vont jusqu’à parler « d’arnaque intellectuelle, spirituelle et morale » dans cette affaire. Ce n’est pas notre avis, nous pensons plutôt à une vraie méprisesur ce qu’est réellement le Sénégal, comme du reste l’a si brillamment montré dans un article magistral à tous égards l’analyste Yoro Dia (Voir l’Enquête du 15 avril, 2015 et d’autres quotidiens du même jour). En passant il faut espérer que vos conseillers ne vous cachent pas de telles contributions qui font date dans l’histoire du pays.
Pour vous rapporter ce qui se dit dans certains cénacles, « L’arnaque intellectuelle » serait de vouloir nous faire prendre la guerre des Saoudiens contre leurs voisins Yéménites comme la guerre du Golfe de 1991pendant laquelle le Sénégal s’était distingué par une honorable participation mais aussi par le tribut le plus lourd payé par une nation. Ces deux guerres n’ont évidemment strictement rien à voir ! Le Yémen n’a pas à sa tête un Saddam conquérant et expansionniste et n’a pas envahi le Royaume saoudien. Bien au contraire !
« L’arnaque spirituelle », selon eux, serait liée à l’évocation de la défense de l’Arabie saoudite, patrie de l’islam menacée alors qu’elle abrite Makka et Médine.
« L’arnaque morale » serait de prétendre que « rien n’est décidé » alors que tout porte à croire que l’engagement est pris et les ordres sont déjà donnés au Chef des Armées. L’autre versant de « l’arnaque morale » est de prétendre que le Sénégal sacrifie à une obligation face à un pays allié. Si cela était vrai, peut-on une seule seconde imaginer l’Arabie saoudite envoyer ses enfants se battre aux côtés du Sénégal en cas de déstabilisation ou d’invasion par les Jihadistes de notre sol? Tout simplement inimaginable ! Ce qui, de fait, ruine la théorie du « pays allié » car cette théorieimplique forcément une réciprocité absolue.
Ces observations soulèvent plusieurs questions qui s’adressentd’abord à Monsieur le Président :
- Pourquoi votre collègue américain, premier allié des Saoudiens, a exclu d’envoyer des troupes pour protéger l’Arabie saoudite qui est si chère à son pays ? Il préfère plutôt calmer l’ardeur de ses amis saoudiens en les poussant à éviter d’embraser la région la plus complexe du monde contemporain où la vraie puissance impériale régionale (l’Iran) fait réellement la pluie et le beau comme le « mauvais » temps. En plus, même si le Président américain était tenté, le Congrès l’attendrait de pied ferme ; ce qui n’est pas le cas sous nos états tropicaux où les cadeaux royaux peuvent constituer « une puissante aide à la décision » et être plus déterminants que des pouvoirs législatifs souventparalyséspar le déséquilibre dû au système présidentialiste fort.
- Pourquoi le Maroc, 2èmegrand allié des Saoudiens, n’envisage pas d’envoyer des troupes pour défendre la patrie de tous les croyants musulmans dont ils ont l’honneur d’abriter le Commandeur suprême (Amir Al Mouminine) ?
- Pourquoi les dirigeants de la République islamique du Pakistan, sollicités pour envoyer des troupes pour des combats terrestres, ont d’abord consulté leur parlement avant de refuser poliment mais fermement d’envoyer leurs enfants tout en proposant leurs bons offices pour trouver une issue pacifique à la crise et au conflit.
- S’il est vrai que les Saoudiens sont nos amis, les Yéménites comme les Iraniens sont aussi nos frères en religion. Pourquoi alors protéger les uns, faire la guerre aux autres et prétendre qu’on n’a pas des problèmes avec les « musulmans chiites ».
- Notre Président, mesure-t-il assez le risque effroyable d’inscrire notre pays dans le viseur et le tableau de chasse de Al-Qaida et de l’État islamique, et ceci pendant que notre région Sud reste fragile et vulnérable et toutes nos frontières (Est, Nord, Sud)sont visiblement poreuses aux infiltrations des trafiquants de toute sorte et des Jihadistes confortablement installés au Mali, en Mauritanie et peut-être déjà au Sénégal?
Nous en appelons d’abord au Président de la République lui même pour qu’il réévalue la situation globale comme il a promis de le faire à Kaffrine. Ensuite nous lançons un appel à la mobilisation de la société civile, aux amisde Y’en A Marre et de tous les Mouvements citoyens, à tous les démocrates et patriotes de ce pays pour faire entendre leur voix sur cette question.
Nos Jambars et leurs patrons, soldats d’une armée républicaine exemplaire, exécuteront la directive présidentielle sans broncher mais tous les analystes crédibles savent qu’ils ne vont pas dans une mission de paix mais ils vont aller faire la guerre en lointaine Arabie alors que leur pays n’est en guerre avec aucun pays et n’est aucunement concernée dans ses intérêts nationaux les plus vitaux.
Monsieur le Président, de grâce renoncez à ce projet indéfendable et n’envoyez pas les enfants d’autrui là où vous n’enverrez certainement pas votre propre fils.
Ce sont là des paroles d’un Musulman sénégalais qui, comme vous, aime et respecte la terre des deux saintes mosquées, mais qui n’échangera jamais sa loyauté première au Sénégal (terre bénite parmi les terres bénites) contre toute autre loyauté !
Alioune Sène,
Diplômé de Sciences politiques et de Philosophie,
France
Alsenefrance@gmail.com