Mode vacances - Taille haute, jeans déchirés... et "croque-top" : Le look estival des jeunes filles au top


Rédigé le Vendredi 14 Août 2015 à 16:02 | Lu 239 fois | 1 commentaire(s)



Le rond-point Sandaga est un carrefour idéal pour observer les tendances de la mode vestimentaire féminine en ce temps de vacances. Les «croques-top» (petits hauts débardeurs à bretelle) font tendance cet été. Il s’y ajoutent les jeans déchirés et robes multicolores en dentelle ou en mousseline, pantalons et jupes à taille haute, sont prisés par les jeunes filles. Mais ces choix vestimentaires peuvent faire débat.


Il est 15h, ce 11 août, au rond-point Sandaga. Comme à l’accoutumée, la densité de la circulation, les allées et venues en disent long sur l’ambiance, dans ce coin mythique de Dakar-Plateau. Les marchands ambulants talonnent la clientèle. Perspicaces, ils prennent les devants, conversent et exhibent leurs produits: habits, chaussures, sacs à main, accessoires pour cheveux et divers. De la friperie en provenance du marché de Colobane, pour l’essentiel des habits. Mais ils vendent aussi des articles neufs qu’ils cèdent après d’âpres marchandages à des prix, pour le moins abordables. 

Dans ce même décor, il y a des magasins de prêt-à-porter et cantines de chaussures, d’habits, de bijoux. Ces installations marchandes, plus régulières, sont cachées par ce commerce spontané et ambulant. Il faut donc user de stratagèmes et d’astuces pour attirer la clientèle dans une gamme de produits plus luxe. En pleine chaleur, il est agréable de sentir l’air frais de la climatisation dans certains magasins, tout en observant les derniers cris de la mode derrière des vitrines bien achalandées. Nombreux sont ceux qui exhibent des mannequins à l’entrée des boutiques pour exposer les tenues en vogue. Pendant que les propriétaires s’occupent de convaincre les clients à l’intérieur de la boutique, d’autres «rabatteurs» font le pied de grue à l’extérieur pour décider les lécheurs de vitrine et les acheteurs indécis à entrer regarder la marchandise de plus près. 

La tendance est au "croque-top" 

Une gamme diversifiée de marchandises, «made in Turquie and Paris» s’offre aux clientes qui s’habillent dernier cri. Et pour cause, les vendeurs sont obligés de se plier au goût de la clientèle, s’ils veulent faire affaire dans ce milieu très concurrentiel. Sur les cintres du magasin, Diba et frères exposent pantalons Blue jean à la taille haute proprement lacérés au niveau des cuisses. «C’est la mode de déchirer le jean», nous précise le frère Daouda Diba. 

Les robes sont en dentelle, mousseline et de couleurs patches. Des bandes multicolores donnent un ton assez gai et léger. De petits chemisiers à la coupe stylisée et aux couleurs fluorescentes ou pastelles font tendance cet été. Ils rappellent les «jumbakh out» (nombril dehors) de ces dernières années et les hauts «madonna» par leur petite taille et leur coupe. Leur nom: «croque-top», comme nous le désigne le vendeur. De quoi faire couler encore beaucoup d’encre et de salive sur l’indécence vestimentaire. Il y en a de toutes les couleurs, cousus dans divers tissus, pour tous les goûts. Certains ont même des bretelles en chaînette. 

Fort heureusement ! La tendance des jupes courtes et des pantalons est à la taille haute. Les «tchek down» et tailles basses cèdent enfin la place ! Pendant longtemps ils ont défrayé la chronique. Car le débordement des sous-vêtements des jeunes filles peu soucieuses de leur image, le moulage de leur forme plutôt ronde avait le chic d’attirer le regard des passants qui en ont plein la vue. Les chauffeurs n’étaient pas non plus en reste. Ils ralentissaient volontiers pour mieux ajuster leur rétroviseur, devant ce spectacle peu ordinaire. 

Une mode qui porte à polémique 

Pourtant cette mode européenne tant prisée par les jeunes filles sénégalaises, ne rime pas toujours avec les mots «décence» et «pudeur», selon l’œil avisé des observateurs. Fatou, une élève âgée de 15 ans, au look très branché, rencontrée sur l’avenue Georges Pompidou, ex-Ponty, arbore un jean de couleur bleue dégradée à la mode et un croque-top à hauteur de la taille et de couleurs noir et blanc. Elle fait l’apologie de cette mode européenne: «les robes que l’on porte maintenant, étaient à la mode auparavant. Mais elles sont actuellement accessoirisées pour être au top». Ses fringues, Fatou les choisit elle-même. Ce qui est tout à fait du goût de ses parents, qui déboursent même, selon elle, un budget de 20.000 à 30.000 F Cfa à chacune de ses sorties shopping. Avec le quitus de ses parents, il lui est loisible de donner libre cours à ses envies de jeune fille au top. 

Dans cette même lancée, une mère de famille en train de choisir des pantalons pour elle-même renchérit que les jeunes filles doivent vivre avec leur temps. D’où son expression: «Tollou ci, def ko. Passé ko, bayi ko». Lorsque ces jeunes filles seront plus matures, pense-t-elle, elles passeront à un autre style plus conforme. Agée de la quarantaine, elle est Secrétaire de direction dans une structure de la place. «Les lundi et mardi, je suis en pantalon. Les mercredi et jeudi en taille basse Wax et le vendredi en habit traditionnel», renseigne-t-elle. 

Les détracteurs de la mode osée 

Seulement, cette tendance n’enchante pas tout le monde, au contraire, certains trouvent ces habillements très osés. Bass Ndao, un observateur rencontré sur les lieux, est simplement outré par tant de «légèreté» et de «permissivité» dans le look affiché par les jeunes filles et certaines dames. Selon lui, ces jeunes filles manquent de pudeur et de respect envers elles-mêmes d’abord, ensuite envers la société. «Elles n’ont plus de kersa», dit-il. «Cette vertu bien sénégalaise qui doit pousser la femme à avoir du scrupule et de la pudeur, pour prétendre être plus tard une mère de famille digne, voire une grand-mère irréprochable», explique-t-il. Il pense que la télévision est, en partie, responsable de cette situation de «dépravation des mœurs». Il interpelle les autorités de ce pays à prendre les mesures idoines pour limiter les dérives. 

Ce débat reste très actuel, en ces temps où le mouvement féministe dénonce les viols et autres agressions de nature sexiste. L’attentat à la pudeur ne serait-il pas comparable à un «crime» d’un autre genre ? 

Sud Quotidien



1.Posté par les mains du bonheur le 14/08/2015 21:04
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