Le wolof est de plus en plus phagocyté par la langue française. Faut-il laisser faire? Est-il sur le chemin du Latin? C’est-à-dire devenir au fil des années une langue morte. Ou suivra-t-il le créole, un mélange de langues lusophones avec les langues locales? Tous portent à le croire au rythme où évoluent les choses.
L’autre aspect c’est la déformation et la dénaturation à outrance du wolof par Hommes de médias.
Médium très puissant l’audio-visuel joue un rôle déterminant dans le façonnement de notre personnalité, la consolidation de notre identité culturelle. Il est source de mimétisme, donc joue un rôle d’éveil, d’éducation du citoyen et de promoteur de nos valeurs socio-culturelles. Mais lorsqu’il emprunte la voix contraire, il y’a de quoi s’alarmer. Pourtant c’est ce qui semble se dessiner avec l’usage exagérément mal du wolof dans certains médias audio-visuels.
En 1994, marquant le démarrage de la radio Sud Fm, j’ai, pour la première fois entendu, dans les ondes de cette radio, le mot « simili » pour traduire en wolof le mot « minute ». Fils de wolof, j’ai eu une forte sensation de peur pour n’avoir jamais entendu ce mot ailleurs. Mais, je me suis aperçu que peut-être les journalistes avaient voulu maladroitement traduire le terme « simlaag saa ». « Simla » qu’on pourrait traduire par minute et « saa » qui signifierait« seconde ». D’ailleurs le mot « saa » est très usité pour traduire un temps éclair. Par exemple « saa souneekk », « si saa si » etc.
De cette même radio est née la substitution du mot « lool » par « loolu » par une dame journaliste animatrice de revue de presse de Sud Fm à l’époque.
Depuis lors, la radio Sud Fm semble être le grenier de ce qu’on pourrait qualifier de néologismes wolof. Et il se trouve que beaucoup d’autres organes de presse parlée viennent puiser à tort sur elle. Sans le savoir, actuellement ces organes porte un lourd préjudice à notre chère langue et par ricochet à notre culture, notre identité.
Lorsque j’entends actuellement tous les journalistes employer « loolu » à la place de « lool » ça fait mal. Mal également pour les autres qui connaissent le sens de ce mot. Le mot « lool »accompagne certains adjectifs pour en faire des superlatifs. Par exemple « nééx lool », « rafet lool », « gaaw lool », « yaakamti lool » etc. Aujourd’hui tous les journalistes de la presse audio-visuelleont transformé ce mot en « loolu » pour dire par exemple « neex loolu », « rafet loolu », « gaaw loolu », « yaakamti loolu » etc.
Cette transformation ou substitution d’un mot par un autre, fait perdre au premier tout son sens. En effet « loolu » a bien une signification autre dans la langue wolof. C’est un démonstratif qui signifie en français « ça ». Exemple « loolu moom du ma ko nangu », « loolu amul solo », loolu lan la ?etc.
En fin pour Sud Fm, je ne sais pas dans quel wolof cette radio a trouvé le terme « nes kis ». Un terme que je n’ai jamais entendu dans les contrées wolof du Sénégal et partout ailleurs. Ce mot employé dans les ondes de Sud Fm s’est également invité dans les autres organes de presse. À titre d’exemple « nes kis ñu ñow ak yéen si xibaar yi ». Ce qui semble être une déformation de « nes tuut ».
En dehors de ces néologismes venons-en à ce qu’on pourrait appeler le « franglof » qui est un genre hybride français-wolof, exagérément et excessivement employé dans tous les organes, particulièrement les émissions d’éveil matinaux. Lors de ces émissions, le wolof est maltraité par des animateurs dont la quasi-totalité, malheureusement, est issu de famille wolof mais qui semblent être plus à l’aise avec le français. Le plus agaçant d’entre eux est cet animateur de soirée week-end de la RST dont le wolof est fortement entrecoupé de français au point de dégouter l’audimat.
À TFM /RFM, pareillement. Le wolof est fortement malmené, surtout à l’émission d’éveil matinal. Aussi certains journalistes de ce groupe de presse n’arrivent-ils même pas à traduire des sommes d’argent du français vers le wolof. Il m’a été donné d’entendre une dame journaliste convertir 500.000 francs en wolof avec difficultés, pour dire « juróomi téeméeri juné » (2 .500.000 frs).
J’en profite pour rappeler à un éminent linguiste qui intervient sur les ondes de la radio RFM. Le mot « nasaraan » provient de « nasar » ou « nisar » pour certains et qui signifie « planifier un complot ». De dit-on pas « looy nisar bu sootee du baax ». Le « aan » est un suffixe comme pour « nawétaan » (faire le nawet), « waxtaan », « seetaan » etc. Ainsi « nasaraan » traduit celui fait le « nasar » ou « nisar », autrement dit à l’époque coloniale les blancs qui venaient en Afrique et planifiaient des complots pour nous rendre soumis sont ainsi nommés.
La 2STV n’est pas en reste avec son présentateur de journal télévisé dont le débit trop rapide est entrecoupé de « rek », « kon », « nak » rendant ainsi son langage indécodable, donc incompréhensible.
J’ose espérer qu’en lisant ces remarques amicales, les rédactions se ressaisiront.
Alioune Seck, Assistant social et apprenti linguiste Kaolack
Diplômé d’Étude supérieures spécialisé en Santé communautaire
Email : seckbaye61@hotmail.fr
L’autre aspect c’est la déformation et la dénaturation à outrance du wolof par Hommes de médias.
Médium très puissant l’audio-visuel joue un rôle déterminant dans le façonnement de notre personnalité, la consolidation de notre identité culturelle. Il est source de mimétisme, donc joue un rôle d’éveil, d’éducation du citoyen et de promoteur de nos valeurs socio-culturelles. Mais lorsqu’il emprunte la voix contraire, il y’a de quoi s’alarmer. Pourtant c’est ce qui semble se dessiner avec l’usage exagérément mal du wolof dans certains médias audio-visuels.
En 1994, marquant le démarrage de la radio Sud Fm, j’ai, pour la première fois entendu, dans les ondes de cette radio, le mot « simili » pour traduire en wolof le mot « minute ». Fils de wolof, j’ai eu une forte sensation de peur pour n’avoir jamais entendu ce mot ailleurs. Mais, je me suis aperçu que peut-être les journalistes avaient voulu maladroitement traduire le terme « simlaag saa ». « Simla » qu’on pourrait traduire par minute et « saa » qui signifierait« seconde ». D’ailleurs le mot « saa » est très usité pour traduire un temps éclair. Par exemple « saa souneekk », « si saa si » etc.
De cette même radio est née la substitution du mot « lool » par « loolu » par une dame journaliste animatrice de revue de presse de Sud Fm à l’époque.
Depuis lors, la radio Sud Fm semble être le grenier de ce qu’on pourrait qualifier de néologismes wolof. Et il se trouve que beaucoup d’autres organes de presse parlée viennent puiser à tort sur elle. Sans le savoir, actuellement ces organes porte un lourd préjudice à notre chère langue et par ricochet à notre culture, notre identité.
Lorsque j’entends actuellement tous les journalistes employer « loolu » à la place de « lool » ça fait mal. Mal également pour les autres qui connaissent le sens de ce mot. Le mot « lool »accompagne certains adjectifs pour en faire des superlatifs. Par exemple « nééx lool », « rafet lool », « gaaw lool », « yaakamti lool » etc. Aujourd’hui tous les journalistes de la presse audio-visuelleont transformé ce mot en « loolu » pour dire par exemple « neex loolu », « rafet loolu », « gaaw loolu », « yaakamti loolu » etc.
Cette transformation ou substitution d’un mot par un autre, fait perdre au premier tout son sens. En effet « loolu » a bien une signification autre dans la langue wolof. C’est un démonstratif qui signifie en français « ça ». Exemple « loolu moom du ma ko nangu », « loolu amul solo », loolu lan la ?etc.
En fin pour Sud Fm, je ne sais pas dans quel wolof cette radio a trouvé le terme « nes kis ». Un terme que je n’ai jamais entendu dans les contrées wolof du Sénégal et partout ailleurs. Ce mot employé dans les ondes de Sud Fm s’est également invité dans les autres organes de presse. À titre d’exemple « nes kis ñu ñow ak yéen si xibaar yi ». Ce qui semble être une déformation de « nes tuut ».
En dehors de ces néologismes venons-en à ce qu’on pourrait appeler le « franglof » qui est un genre hybride français-wolof, exagérément et excessivement employé dans tous les organes, particulièrement les émissions d’éveil matinaux. Lors de ces émissions, le wolof est maltraité par des animateurs dont la quasi-totalité, malheureusement, est issu de famille wolof mais qui semblent être plus à l’aise avec le français. Le plus agaçant d’entre eux est cet animateur de soirée week-end de la RST dont le wolof est fortement entrecoupé de français au point de dégouter l’audimat.
À TFM /RFM, pareillement. Le wolof est fortement malmené, surtout à l’émission d’éveil matinal. Aussi certains journalistes de ce groupe de presse n’arrivent-ils même pas à traduire des sommes d’argent du français vers le wolof. Il m’a été donné d’entendre une dame journaliste convertir 500.000 francs en wolof avec difficultés, pour dire « juróomi téeméeri juné » (2 .500.000 frs).
J’en profite pour rappeler à un éminent linguiste qui intervient sur les ondes de la radio RFM. Le mot « nasaraan » provient de « nasar » ou « nisar » pour certains et qui signifie « planifier un complot ». De dit-on pas « looy nisar bu sootee du baax ». Le « aan » est un suffixe comme pour « nawétaan » (faire le nawet), « waxtaan », « seetaan » etc. Ainsi « nasaraan » traduit celui fait le « nasar » ou « nisar », autrement dit à l’époque coloniale les blancs qui venaient en Afrique et planifiaient des complots pour nous rendre soumis sont ainsi nommés.
La 2STV n’est pas en reste avec son présentateur de journal télévisé dont le débit trop rapide est entrecoupé de « rek », « kon », « nak » rendant ainsi son langage indécodable, donc incompréhensible.
J’ose espérer qu’en lisant ces remarques amicales, les rédactions se ressaisiront.
Alioune Seck, Assistant social et apprenti linguiste Kaolack
Diplômé d’Étude supérieures spécialisé en Santé communautaire
Email : seckbaye61@hotmail.fr