Me Assane Dioma Ndiaye : « C’est la première affaire jugée en matière de terrorisme, pour incriminations très graves »


Rédigé le Mercredi 27 Décembre 2017 à 21:31 | Lu 52 fois | 0 commentaire(s)



Me Assane Dioma Ndiaye trouve qu’il est important de renvoyer le procès. Puisque c’est une première affaire, jugée en matière de terrorisme pour incrimination très graves.


Me Assane Dioma Ndiaye : « C’est la première affaire jugée en matière de terrorisme, pour incriminations très graves »
« Je pense qu’il était important de renvoyer l’affaire pour que tous les avocats puissent s’imprégner du dossier qui n’a été mis à la disposition des avocats qu’hier, mais surtout, pour que toutes les conditions d’un procès juste et équitable soient réunies. C’est une affaire extrêmement importante. L’enjeu est important, parce que c’est la première affaire qui sera jugée en matière de terrorisme pour des incriminations plus ou moins très vagues : apologie au terrorisme, affiliation à Daesh, des choses qui sont inconnues des Sénégalais », a reconnu Me Ndiaye. 

La robe noire estime qu’il faut qu’on donne aujourd’hui, une notion concrète à ces choses pour une jurisprudence. « Je pense que c’est ce qui explique la mobilisation des avocats. Et tout le monde sait aujourd’hui, que tous les accusés clament leur innocence. Aucun de ces accusés, n’a revendiqué un acte terroriste. A partir de ce moment, il est extrêmement important que la sérénité revienne pour qu’on puisse juger cette affaire dans les conditions, permettant de faire jaillir la lumière », a réclamé l’avocat de la défense. 

D’après lui, si ces personnes sont innocentes qu’elles soient carrément acquittées afin que ces pères de famille, ces religieux puissent reprendre de manière normale la vie. Ces accusés, indique-t-il, le seul tort qu’ils ont commis pour la plupart, était de pratiquer leur religion. 

« Il est important que tout le monde collabore pour la manifestation de la vérité. Et, ça sera très difficile parce que nous comprenons les passions. Vous avez vu l’atmosphère dans laquelle le procès s’est tenu aujourd’hui. Mais, nous espérons que force restera à la loi. Et surtout que la balance ne flanchera », espère Me Ndiaye. 

Crainte d’un procès contre l’islam ? 

« L’enjeu est grand aujourd’hui. Je pense que nous avons la chance d’avoir un tribunal très serein avec le président Lamotte qui prend en charge cette affaire. Nous pensons également que le procureur sera en mesure de faire la part des choses entre le terrorisme et l’Islam. De toute façon, en tant qu’avocats, nous sommes là pour jouer les garde-fous afin qu’il n’y ait pas d’amalgame », défend Me Ndiaye. 

Le terrorisme, retient-il, n’a rien à voir avec l’Islam ou le fait de réciter le Coran ou de tenir des slogans, conformes à l’Islam. Ces actes ne peuvent pas être considérés comme l’apologie au terrorisme. « Je pense que c’est des risques énormes, mais, il faut que jurisprudence se fasse et que cette jurisprudence soit très prudente et qu’elle ne puisse pas porter atteinte ni aux libertés individuelles, ni aux principes religieux qui n’ont à rien à voir avec la violence », exhorte-t-il. 

« Si, nous n’arrivons pas à tenir ce procès dans des conditions de sérénité et que la vérité puisse être le credo de la justice. Je pense qu’il n’y a pas de dérapage énorme à craindre », constate Me Ndiaye. 

Les conditions de détention des accusés 

« Vous avez suivi les péripéties à travers la presse depuis leur détention. Nous avons au niveau des organisations de défense des droits de l’homme, dénoncé l’isolement d’Imam Ndao qui a été enfermé dans des conditions draconiennes et inhumaines. Ce qui n’est pas conforme aux conventions internationales, ratifiées par le Sénégal », dénonce l’avocat. 

« Les conditions, estime-t-il, n’ont jamais été les meilleures. C’est à la limite de la stigmatisation. Il est important de retenir que ces personnes bénéficient de la présomption d’innocence. Quel que soit le reproche qu’on puisse faire à une personne, cette personne a la présomption d’innocence et, on ne peut pas, sous le prétexte sécuritaire ou de délit ou de crime spécial comme le terrorisme, porter atteinte à ses droits fondamentaux.» 

« Aujourd’hui, nous arrivons au procès et la détention est au moins derrière nous. Maintenant il s’agit de faire en sorte que cette personne puisse bénéficier d’un procès juste et équitable et qu’on les écoute et qu’il n’y ait pas de préjugés. Et que ces personnes ne soient pas jugées à l’avance. Sous le regard de la presse, de l’opinion publique, de toute la population qu’on leur permet de s’exprimer et la vérité va jaillir », demande l’avocat. 

« On n’a pas le droit à l’erreur et cette jurisprudence va faire tâche d’huile. On n’a pas besoin de savoir ce qu’est l’apologie au terrorisme. L’acte de terrorisme et le fait de réciter le Coran ou de lancer un slogan conforme à l’Islam. Aujourd’hui, les juges et le Ministère public ont une très grande responsabilité et nous veillerons à ce que notre pays ne puisse pas basculer dans un sens qui ne sera pas conforme aux intérêts de la population et des religieux », promet Me Ndiaye.     
  
Kady FATY Leral        
 


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