Les salons de massage ont la réputation d’être des lieux de débauche. Le cas jugé au tribunal de grande instance de Mbour n’a pas dérogé à la règle.
Rokhaya Togola, Marième Togola, Ndèye Ndiaye Togola et Marième Sow alias ‘’Maréna’’ ont été attraites au tribunal de grande instance de Mbour pour vol, prostitution et proxénétisme. Le parquetier a requis 2 ans dont 6 mois ferme contre Ndèye Ndiaye Togola et Marième Sow. Et 2 ans dont 1 an ferme contre Marième Togola. Le délibéré est attendu le 2 août prochain.
Les jeunes femmes auraient dérobé 3 000 euros, soit 1 950 000 F Cfa à un étranger de passage dans leur salon de massage. La victime se serait rendu compte du vol au moment de payer la séance de massage dont il venait de bénéficier. Enervé, le client s’est blessé en tapant sur une table en verre. Il a dû être transporté par sa femme à l’hôpital.
Devant la barre, Ndèye Ndiaye Togola et Marième Togola se sont renvoyé la balle. Chacune impute le vol à l’autre. Ndèye Ndiaye Togola a soutenu que Marième Togola est venue lui remettre de l’argent, mais elle ne savait pas d’où venait la somme.
« Quand le couple est parti à l’hôpital, Marième m’a dit de fermer vite le salon et de nous enfuir, avant qu’ils ne reviennent », dit Ndèye Ndiaye. Une déclaration qui diffère de celle faite lors de l’enquête. Dans le Pv de la gendarmerie, il y est mentionné qu’elle a soutenu avoir vu des billets en euro dans le sac de la victime et qu’elle en a pris trois. Marième Togola indique, elle, que c’est « Ndèye Ndiaye qui a pris l’argent. C’était au moment où je massais mon client. J’ai appelé la gendarmerie pour leur dire que c’est Ndèye Ndiaye qui avait l’argent ».
Avocat de Marième Togola, Me El Hadj Diouf a fait du déballage. Il soutient que cette affaire a des relents de vengeance. Il accuse le commandant de la gendarmerie de Somone d’être amoureux de sa cliente. Il voulait même la prendre comme épouse. Mais la masseuse a choisi un agent du commissariat à la place. Lors de la garde à vue des mises en cause, le commandant les a humiliées. « Il nous a déshabillées. On ne portait rien du tout. Nous avons passé la nuit en tenue d’Eve », a témoigné Marième Ndiaye.
Le procureur n’a pas aimé la manière dont Me El Hadj Diouf a impliqué le commandant de la brigade de Somone. Pour lui, « il n’est pas bien de parler en mal des absents. On a voulu jeter le discrédit sur l’unité qui a fait l’enquête. Dire que l’une des prévenues a reçu des avances du commandant de brigade ne ressort pas dans le Pv ». Selon lui, le commandant ne s’acharne pas sur Marième. Et qui si la masseuse est attraite au tribunal, c’est parce qu’Arame Fall, l’épouse de Jonathan, a saisi les gendarmes. « Elles se livraient à une forme de prostitution déguisée. Ce qu’elles font, ce n’est ni plus ni moins que de la prostitution. Quand on propose un massage avec finition et qu’on trouve des préservatifs dans les lieux, ce n’est plus un massage, mais de la prostitution. Quelqu’un qui pratique son massage normalement n’a pas besoin de préservatifs », martèle le procureur.
En effet, après interpellation des jeunes femmes, une perquisition a été faite dans le salon où ont été trouvés des préservatifs. « Qui n’en a pas ? Qui n’en garde pas ? Est-ce une dérive de garder des préservatifs ? », s’est demandé Me Diouf. En outre, l’avocat a plaidé une circonstance atténuante pour sa cliente Marième Togola. Il dit : « Juger, c’est comprendre. Dans cette zone de Saly, il y a les riches et les pauvres. Pour ces filles, les Blancs en ont tellement qu’ils viennent jeter leur argent. Nous avons souffert avec les Blancs. Ils nous ont fait esclaves, avant de nous coloniser. »
EnQuête et Walf.net