Maroc-Sénégal: Macky Sall ne veut plus des promesses mais veut du concret


Rédigé le Mercredi 31 Juillet 2013 à 18:51 | Lu 168 fois | 0 commentaire(s)




Maroc-Sénégal: Macky Sall ne veut plus des promesses  mais veut du concret

 «JE ne veux plus de promesses. Je veux du concret». Autre temps, autre ton. En recevant en audience, vendredi 26 juillet,  un groupe d’opérateurs économiques nationaux, en compagnie de Nabil Benabdallah, le ministre de l’Habitat, le président sénégalais a parlé comme un chef d’entreprise. «Je veux des réalisations et des résultats». Avec Macky Sall, il est question de parler cash. Il venait de prendre connaissance des détails du contrat signé deux heures plutôt entre le groupe immobilier marocain, Alliances, et l’Etat du Sénégal, sous la présidence des ministres de l’Habitat des deux pays. Un contrat qui porte sur la réalisation d’un pôle urbain de 375 ha pour 4 milliards de DH d’investissement (Cf. L’Economiste du 29 juillet 2013).

Prenant la parole après Nabil Benabdallah, le président d’Alliances, Mohamed Alami Lazrak, a insisté sur le timing. Il promet de démarrer les travaux en mars 2014. Un calendrier de réalisation lisible, important pour le Sénégal qui doit accueillir sur le même site le sommet de la francophonie en 2014. Mais, il en faut plus pour rassurer Macky Sall qui, s’adressant à nouveau à ses hôtes, lance un «oui, j’entends votre ambition et votre volonté, mais je ne veux plus me retrouver avec des conventions sans lendemain». D’autant plus, poursuit-il, dans un regard complice en direction du président du groupe Attijariwafa bank, Mohamed El Kettani, que «cette fois-ci les banques semblent plaider votre cause». Un message qui fera sourire El Kettani, acquiesçant de la tête, dans un «tout à fait Monsieur le Président, notre groupe accompagnera même ce projet structurant dans sa phase de promotion». Ainsi, le modèle Wafasalaf, filiale du groupe Attijariwafa bank, spécialisée dans le crédit à la consommation, sera dupliqué à travers les représentations de la banque au Sénégal «pour aider les populations locales à acquérir leur logement», explique El Kettani.

Auparavant, c’était au tour du président d’Addoha, Anas Séfrioui, accompagné de DG du groupe, Saad Séfrioui, de rencontrer le président de la République (voir De Bonnes Sources). Durant cette audience, l’homme d’affaires marocain a exposé l’expérience de son groupe, leader de l’immobilier au Maroc avec plus de 30.000 logements vendus chaque année. Sefrioui a fait part à Macky Sall de la volonté de son groupe de s’installer au Sénégal, un pays où les besoins en logements sont grands. Pour ce faire, il a exposé son programme d’implantation sur le continent où sept pays accueillent déjà des investissements du groupe.

Du cash et du concret, Macky Sall en a eu. Un peu plus d’une semaine avant sa visite, le groupe Holmarcom prenait le contrôle du promoteur immobilier sénégalais Peacock Investments (Cf. L’Economiste des 16 et 19 juillet 2013).

En 2010, le N°3 de l’assurance au Maroc, le groupe Saham, présidé par Moulay Hafid Elalamy, posait ses valises au Sénégal dans toute la  sous-région en reprenant les assurances Colina. (Cf. L’Economiste du 29/11/2010). C’est juste quand le Président sénégalais lance: «C’est sur vous, en tant qu’opérateurs économique que repose cette nouvelle force propulsive des relations entre nos deux pays. Je ne vais pas vous faire un long discours sur l’amitié maroco-sénégalaise. Si vous avez choisi de la faire vivre c’est parce que vous êtes convaincus que cette amitié est une question absolument centrale». Un peu comme le rôle du couple franco-allemand en Europe, s’il n’est pas exclusif, le couple maroco-sénégalais sert de modèle pour le reste du continent dans l’approche d’échanges Sud-Sud portée par le Royaume. Une approche qui transcende la question de savoir comment développer la coopération transfrontalière que nos deux chefs d’Etat appellent de tous leurs vœux? Là aussi, c’est cash. La CGEM et le CNPS (Conseil national du patronat du Sénégal) s’engagent à mettre en œuvre des instruments à même de faciliter des rapprochements des entreprises dans le cadre de joint-ventures. Une sorte de colocalisation qui ne dit pas son nom.

En tout cas, cette première visite officielle de Macky Sall au Maroc, depuis son élection en mars 2012, que la presse sénégalaise qualifie de «visite de business», aura été fructueuse. Au total, sept conventions ont été signées. Dans la foulée, la CDG est également mise à contribution, pour échange d’expérience dans l’ingénierie financière des PME et la prévoyance sociale avec la Caisse de dépôts et de consignations du Sénégal. Ça aussi, c’est du concret.


Bachir THIAM
leconomiste.



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