« Il est temps que le Sénégal rende un hommage national à sa première dame. Nous devons oser le faire, car en plus d’être accueillante et avenante, Marième s’est faite la voix de tous ces malheureux « qui n’ont point de bouche » et le relais de leurs misères ; qui plus est, la fondation qu’elle manage de main de maître ne cesse d’encourager les sénégalais à devenir de véritables acteurs de l’émergence, mais aussi de leur propre réussite ».
Lorsque je publiais ces lignes dans un article paru dans la presse du vendredi 28 juin 2013 (il y a plus d’un an), je ne m’attendais pas à ce que ce vœu profond et sincère fasse son chemin dans l’esprit de certains piliers de la République.
Un premier pas vient d’être franchi par le Ministre Mbagnick Ndiaye qui, lors de sa passation de service avec son homologue le Ministre des Sports Matar Bâ, a sorti une phrase qui a fait coulé beaucoup d’encre et tenu en haleine le pays pendant plusieurs jours. Mais, quoi de plus normal dans un pays comme le nôtre que de rendre à Marième ce qui est à elle ?
A en croire la logique dans laquelle se sont inscrits certains compatriotes, la fonction de Première dame n’est toujours pas claire et reste à déterminer. Sinon, comment peut-on imaginer qu’une Première dame ne puisse pas « exister » dans notre République? La nation entière est aujourd’hui aphone sur la circonscription du statut de Première dame. Pour ma part, une personne supposée être la « moitié » d’une autre doit en toute logique prendre part pleinement aux activités officielles de cette dernière.
Mon intention n’est pas ici d’inventer une logique « siamoise » de partage des responsabilités dans la gestion des affaires, mais d’installer la première « moitié » dans une sphère d’accompagnement et de soutien sans faille comme le recommande nos valeurs culturelles traditionnelles à toute épouse digne, envers son mari. Madame Sall Marième Faye ne saurait être considérée comme une « pièce rapportée » au Palais. Elle est la première militante de l’Alliance pour la République et ce, 3 ans avant d’être Première dame. Il est aujourd’hui heureux qu’elle soit également la « dame de cœur » pour notre « Roi de Pique ».
Cette femme est caractérisée par son imprévisibilité aux yeux de notre compatriote lamda. « Fu ko neex lay génn ! » aurait dit ma fille. Et ce modus operandi ne convient pas, faut-il le reconnaître, à ses détracteurs habitués au confort de l’ordinaire et de l’ordre établi. A dire vrai, Marième est sur la voie de révolutionner le statut de Première dame du fait qu’elle se sente comptable au premier chef des réussites et des manquements de son mari, Président de la République. S
i Madame Sall est autant « fusillée » c’est qu’elle défie la norme tout en la respectant sublimement. J’estime que ce serait un tord à la République que de confiner une première dame aux seuls rôles d’accueillir des invités de marque ou d’orner les alentours immédiats du Président. Les trois Premières dames qui ont précédées Marième Faye au Palais ont eu leur style et leur champ d’intervention.
La sphère d’action de Madame Sall est d’être « consubstantielle » à son mari, n’en déplaise à ses détracteurs ringards. «ñaari loxoo mooy takk sër, te benn lam du kandaŋ ! » dit-on en wolof. Le Président de la République en tant qu’homme d’Etat a besoin de soutien, et son premier appui est toujours venu de sa femme.
Dés lors le débat sur « l’omniprésence » de la Première dame dans la gestion des affaires doit être clos, parce qu’anachronique. Il est tout à fait normal qu’une femme soit capable d’influencer son mari vers la prise des bonnes décisions. Quelle est la bonne femme, comptable de la réussite de son homme et solidaire de ses futures conquêtes, qui assisterait muette au spectacle désolant d’un mari qui se coltine des « boulets » dans sa trajectoire ? Qui accepterait de laisser passer la chance de voir son responsable de mari travailler avec des compétences et expertises avérées sans même faire l’effort de les mettre en relation ?
Voilà comment il faut comprendre la déclaration « explosive » du Ministre Mbagnick Ndiaye. Je n’ai eu que de la pitié pour les sénégalais, maris de femmes normales jouant pleinement leur rôle qui ont demandé la démission du Ministre. J’estime que Mbagnick est un homme fidèle et loyal au Président, tout comme le Ministre Benoît Sambou et le Ministre Augustin Tine dont la tâche est immense pour la sécurité et la défense de l’Etat et de la République.
Un Prince a besoin d’assurance et de confiance de la part des femmes et des hommes qui l’accompagnent dans l’exécution de ses missions. Si aujourd’hui ma plume fait partie de celles qui défendent Marième Faye Sall, c’est parce qu’elle est la première vraie Première dame de notre Sénégal d’abord, mais ensuite parce qu’elle est attaquée de toutes parts dès qu’elle lève le petit doigt. On ne lui pardonne rien, certains vont même jusqu’à lui reprocher son goût du naturel et son « tout-sourire ». J’aurai pu la nommer « l’autre Dandy de la République » et Macky Sall serait simplement un « arbitre des élégances » pour parler comme Barbey.
Lamine Ndiaye
Commune Thiès-nord