L’homme est ponctuel, à quelques minutes près, « que l’on pourra rattraper à la fin de l’entretien », assure sa garde rapprochée. Entouré de trois de ses conseillers, dont le Franco-Mauritanien Ibrahima Diawadoh N’Jim, Manuel Valls a préparé son entretien avec Jeune Afrique avec rigueur, comme en attestent ses (nombreuses) fiches. Appliqué, il n’élude aucune question, durant plus d’une heure.
Sur le Gabon, qui attend fébrilement la décision de la Cour constitutionnelle sur le scrutin présidentiel, l’ancien député-maire d’Évry, en région parisienne, estime que la France n’a « pas à prendre parti ». « Nous appelons seulement à l’apaisement et au dialogue face à la montée de la violence et au risque de chaos », précise-t-il.
« Loyal », mais « libre »
Sa relation avec Ali Bongo Ondimba, l’affaire du tweet en Algérie, la situation en Libye, sa vision de l’islam et des musulmans, qui « sont une part de la France et de son identité », ou encore la « Françafrique »… Le Premier ministre répond aux interrogations « avec plaisir », dit-il, enchaînant les postures diplomatiques, comme lorsqu’il évoque la présidentielle au Gabon, ou les positions plus clivantes, sur le burkini, « une revendication communautariste et une provocation lancée à la République ».
« J’ai la conviction qu’une part de l’avenir de l’Europe et donc de la France se joue en Afrique et que ce siècle sera celui des Africains », lance encore le Catalan de 54 ans, né à Barcelone en 1962 et naturalisé français en 1982. Un avenir qu’il regarde également avec ambition. « Loyal au président de la République, François Hollande », certes, dans l’optique de la présidentielle de 2017. Mais également « libre d’ouvrir les débats nécessaires ».
Jeune Afrique