Manifs contre la mort de Kinta Sika, à Kolda : Les populations entrent en rébellion contre les violences policières


Rédigé le Samedi 10 Avril 2021 à 13:33 | Lu 340 fois | 0 commentaire(s)



Les habitants du quartier Saré Kémo de la commune de Kolda, ont manifesté, ce jeudi 8 avril, pour dénoncer les violences policières et réclamer justice pour la mort de Kinta Sika dite ‘’Lola Sika’’, décédée dans des circonstances troubles, lors d’une descente de la police à son domicile.


Manifs contre la mort de Kinta Sika, à Kolda : Les populations entrent en rébellion contre les violences policières
L’appel à la manifestation avait été relayé sur les réseaux sociaux, mercredi 7 avril 2021, quelques heures après la mort de Kinta Sika au quartier Saré Kémo. Il a été entendu jeudi, tôt le matin, par les manifestants qui ont bloqué la circulation sur la route principale.

Comme indiqué dans son édition précédente par « EnQuête », la dame, âgée d’une quarantaine d’années, mariée et mère de six enfants, est décédée dans sa chambre où elle se trouvait en compagnie de cinq éléments de la police qui venaient de faire irruption dans son domicile pour un contrôle. Les agents soupçonnaient la dame de tenir un débit clandestin de boisson alcoolisée.

Les habitants de la ville ont tenu à manifester pour que cette affaire ne soit pas rangée dans les tiroirs. Mais aussi pour dire stop à la brutalité et aux violences policières.

‘’Ce sont les éléments de la police qui l’ont tuée. Notre maman n’était pas malade. Elle était en bonne santé. Nous soupçonnons que notre maman a été étranglée ou étouffée par les éléments de la police. Ou même qu’elle a été effrayée par les matraques, ce qui a provoqué sa mort. De toute façon, nous sommes convaincus que notre maman a été tuée par la police. N’eût été la présence des éléments de la police, notre mère allait être toujours en vie et s’occuper de son mari malade et de ses enfants, comme elle l’a toujours fait’’, a déclaré Augusto Sika, l’un des manifestants et parent de la défunte.

Il faut dire que la coupe est pleine, pour ces habitants qui n’en sont pas à leur premier cas. ‘’Les populations en ont marre de la barbarie policière qui a coûté la vie à certaines personnes. Dominique Lopy et Djoutala Mané en sont, entre autres, de parfaites illustrations. Il faut que ça cesse. Nous ne sommes pas des poulets à la merci d’éperviers. Nous réclamons que justice soit faite dans cette affaire’’, ont martelé les manifestants.

Le corps sera évacué à Dakar pour autopsie

Actuellement, nous dit « Enquête », le corps sans vie de Kinta Sika est toujours à la morgue de l’hôpital régional de Kolda. L’autopsie n’a pas encore été faite, car la région de Kolda n’a pas de médecin légiste. Les autorités judiciaires et sécuritaires sont en train de trouver un moyen pour acheminer le corps à Dakar, afin que l’autopsie soit pratiquée.

Il s’y ajoute l’absence d’une unité de police scientifique, dans les régions de Kolda et de Sédhiou. Cette dernière ville n’a aussi pas de médecin légiste. Ce qui constitue un véritable frein pour les enquêteurs, dans certaines affaires de meurtre, de viol, de vol, etc. Notamment, dans le cas Samba Traoré, un homme de 52 ans, criblé de balles, dans la nuit du 23 au 24 juin 2015 à PK12, dans le département de Vélingara. Quinze jours après le crime, Mamadou Camara avait été arrêté par la gendarmerie. Jugé le 26 avril 2019 par la Chambre criminelle du Tribunal de Grande instance de Kolda, il avait été acquitté après quatre ans de détention préventive.

Il y a eu aussi les cas d’Oumou Diao et d’Aminata Ba ; deux fillettes violées et assassinées le 7 mars 2016 à Bhogal, dans le département de Bounkiling, avant d’être jetées dans le marigot. Six saisonniers de nationalité bissau-guinéenne et gambienne avaient été arrêtés par la gendarmerie de Bounkiling.

Après plusieurs mois passés en prison, ils avaient bénéficié d’un non-lieu. Les familles continuent de pleurer la mort de leurs filles et attendent encore de connaître la vérité dans ce double homicide. D’ailleurs, les populations de ces deux régions continuent de réclamer l’implantation d’unités de police scientifique et technique et de médecins légistes, afin d’élucider ce genre d’affaires.

Les juges handicapés par l’absence de médecins légistes

Dans ces localités, la plupart des certificats de genre de mort sont délivrés par des chirurgiens-orthopédistes ou des médecins. Rarement, les juges reçoivent des certificats de genre de mort délivrés par un médecin légiste. C’est un grand handicap pour les juges et les enquêteurs.

D’après une source judiciaire, les conclusions reçues par les juges des agents de santé locaux ne sont pas pointues et ne permettent pas véritablement de déterminer les véritables causes de la mort. D’après cette même source, cela n’aide pas les juges à saisir la quintessence même de la question qui leur est posée.

Parce que les juges ne demandent pas à ces spécialistes de la santé de constater simplement une mort, mais à travers le certificat de genre de mort, de déterminer, si possible, les causes de la mort. Ce qui pourrait également les aider à faire correctement leur travail, lorsqu’ils doivent juger des criminels.


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