Soupçonnant sa femme d’entretenir une relation extra-conjugale avec d’autres hommes, le père de famille la ligote avant de l’enfermer dans une chambre durant une nuit. Coupable du délit de mise en danger à la vie d’autrui et de séquestration, il a été condamné mercredi dernier, par le Tribunal de Louga, à 3 mois ferme.
Les images ne sont pas belles à voir. Elles renvoient systématiquement à l’esclavage. Une jeune dame à moitié nue, les deux jambes entravées à l’aide d’une chaîne de vélo et enfermée dans une chambre. Cette planche photographique prise par les éléments du commissariat central de Louga, a été versée dans le dossier de la dame, N. F. K. qui a attrait son mari devant la barre du Tribunal de Louga pour le délit de mise en danger à la vie d’autrui et de séquestration. L’affaire enrôlée mercredi dernier, par le tribunal de grande instance de Louga, qui statuait en matière correctionnelle, n’a pas laissé insensible le juge, présidant l’audience : «Comment peut-on traiter de la sorte une femme avec qui on a huit (8) enfants. C’est inhumain ! Vous avez ligoté votre femme des deux pieds, ensuite vous l’avez enfermée dans une chambre durant une nuit. Elle a été libérée par la police. Vous imaginez le tort que vous avez causé à vos enfants…»
Invitée à s’expliquer sur les faits, la dame déclare : «Le jour des faits, aux environs de 19 heures, alors que je revenais d’une structure sanitaire où était internée ma fille, mon mari est venu vers moi pour me demander mon téléphone portable afin qu’il vérifie mes communications. J’ai refusé, lui faisant comprendre qu’il ne m’avait donné un rotin, lorsque je l’achetais. Furieux, il s’en est pris à moi. Aidé par mon jeune frère, il m’a terrassée devant mes enfants. Ensuite, ils m’ont ligotée et m’ont enfermée dans une chambre. Après m’avoir rouée de coups, mon mari voulait me faire avaler trois comprimés somnifères pour que je dorme. J’ai fait semblant de les prendre. Il est sorti de la chambre fermant par derrière la porte. J’ai passé la nuit dans cette chambre, dans des conditions inhumaines. Le lendemain, ma fille aînée, informée que j’ai été ligotée et enfermée dans une chambre est allée informer la police. Ce sont les limiers qui m’ont libérée. Je ne me sens plus en sécurité avec lui, c’est pourquoi j’ai divorcé d’avec lui depuis le 06 août…» Appelé à s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés, le prévenu qui a comparu libre, a tout avoué : «J’ai fauté lourdement et je demande pardon. Je voulais tout simplement lui faire peur, afin qu’elle se comporte en femme responsable. Le jour des faits, je l’ai suivie et elle était montée sur une moto Jakarta. Je sais où elle était, mais je ne ferai jamais certains déballages. Je l’avais enfermée, car je ne voulais pas qu’elle sorte de la maison…» L’autre prévenu, notamment le jeune frère de la dame, a lui aussi regretté les faits. «J’aime bien ma sœur, mais je veux tout simplement qu’elle suive les volontés de son mari. Je regrette les faits. J’ai beaucoup de considération pour elle», s’est-il amendé. La partie civile n’a pas réclamé de dommages et intérêts. Le Parquet a requis l’application de la loi. Les deux prévenus, ont été déclarés coupables de séquestration et de mise en danger à la vie d’autrui et condamnés chacun à trois mois ferme.
ABDOU MBODJ
IGFM