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Liberté d’expression, limitation des mandats, mise en œuvre du programme macroéconomique de la CEDEAO… : La Gambie malmenée, le Burkina Faso encensé


Rédigé le Dimanche 25 Septembre 2016 à 21:16 | Lu 96 fois | 0 commentaire(s)



Au deuxième jour de la 2e session ordinaire 2016 du Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui se tient depuis jeudi à Abuja (Nigeria), des pays ont présenté leurs rapports respectifs sur les engagements pris vis-à-vis de la Communauté. Mais la Gambie a, presque partout, failli, tandis que le Burkina Faso, en dépit de sa situation politique mouvementée, s’est conformé aux normes requises.


Liberté d’expression, limitation des mandats, mise en œuvre du programme macroéconomique de la CEDEAO… : La Gambie malmenée, le Burkina Faso encensé

Le Burkina Faso au top, la Gambie au flop. Les débats du deuxième jour de la 2e session ordinaire 2016 du Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’ont pas été un long fleuve tranquille pour la délégation gambienne. Hier, à la suite de la présentation du rapport de la Gambie par la députée Habsana Jallow, les parlementaires se sont montrés très critiques avec le pays de Yahya Jammeh. Parce que la Gambie a, presque partout, failli à ses engagements pris envers la Communauté. Sur le déficit budgétaire, l’inflation moyenne, les réserves brutes, le financement du déficit budgétaire par la banque centrale, la dette publique, le voisin du Sénégal n’a pas atteint les objectifs fixés par la Cedeao. Sur le prélèvement communautaire, la Gambie traîne encore un arriéré qu’elle promet d’éponger en 2017. Pourtant, le pays de Jammeh se targue d’avoir ratifié 43 protocoles et conventions sur les 54 que compte la Communauté. Abordant le transit routier inter-Etat et la situation politique, la rapporteuse a fait fi des difficultés internes et externes de son pays. «Le 1er décembre 2016, les Gambiens iront aux urnes pour élire leur président de la République. La Gambie est un pays de paix où sont accueillis les ressortissants de tous les pays, à la condition qu’ils respectent les lois nationales», a déclaré Habsana Jallow.

A rebours de la Gambie, le Burkina Faso a livré un rapport qui «respecte tous les critères de convergence de 1er et 2e rang de la Cedeao». Malgré la situation politique mouvementée, le «Pays des hommes intègres» a atteint la barre fixée par la Communauté sur le déficit budgétaire, l’inflation en moyenne, les réserves brutes, le taux d’endettement. Le rapport de la Sierra Léone qui a fait «beaucoup de progrès», n’a pas fait l’objet de critiques acerbes.

 

Haro sur le régime de Yahya Jammeh

Les interpellations des députés ont révulsé les cinq membres de la délégation gambienne. Le député sénégalais Souleymane Ndoye a interpellé ses collègues sur le problème des tarifs à la frontière, ayant conduit à la fermeture de celle-ci avec le pays de la Teranga. Mais l’intervention du député togolais, Apekey Assewouwokan, a sorti les représentants du peuple gambien de leurs gonds. «Selon les informations des médias, il y a une restriction des droits de l’opposition et de la liberté d’expression. Est-ce que les droits de l’opposition et la liberté d’expression seront garantis à l’occasion de cette élection présidentielle ?» A cette interpellation, le député Fabakary Tombong Jatta réagit avec véhémence. «On appelle la Gambie, la côte souriante. Toutes les élections ont été libres et transparentes. Nous avons un Président panafricain qui ne courbe pas l’échine devant les forces extérieures. C’est un leader dynamique, et c’est pourquoi il a beaucoup d’ennemis. Il y a des gens qui veulent le déstabiliser», a fulminé M. Jatta. Plus radical et railleur, son collègue Netty Baldeh d’ajouter : «Où est-ce que vous avez vu un pouvoir donner des chances à l’opposition ? Ce n’est ni aux Etats-Unis d’Amérique, ni en Angleterre. Ce n’est pas parce qu’on apporte son argent en Gambie qu’on va demander aux gens d’autoriser l’homosexualité. Si c’est le cas, qu’on garde son argent.» Le député togolais est resté pantois devant ces déclarations, mais il n’abdique pas. Cette fois-ci, la charge est plus lourde, il touche un point très sensible : la limitation des mandats en Gambie. «Nous sommes dans une communauté et la tendance générale, c’est la limitation des mandats. Nous devons imposer, à la Gambie cette tendance. Je propose qu’on prenne une résolution à l’occasion de cette session, pour une limitation des mandats dans la Cedeao», a-t-il lancé. Avec ironie, Netty Baldeh réplique : «La démocratie, c’est la volonté du peuple. Nous avons décidé de ne pas limiter les mandats et de ne pas avoir un 2e tour à la Présidentielle.» Le vice-président du Parlement, M. Souleymane, avoue que «cette question est délicate, mais qu’il serait bien qu’on mentionne le nombre de mandats». Très outrés, beaucoup de députés ont montré leur réticence à adopter le rapport de la Gambie. Yahya Jammeh brigue un 5e mandat à la Présidentielle prochaine. Le Sénégal passe aujourd’hui.

CHIMERE JUNIOR LOPY 

(ENVOYE SPECIAL A ABUJA, NIGERIA)



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