« La vérité sera révélée pour Jason Walker », a affirmé Ben Crump, célèbre avocat qui a défendu de nombreuses victimes de violences policières
La mort d’un homme noir abattu par un policier blanc dans des circonstances confuses suscite des remous à Fayetteville, dans le sud-est des États-Unis. Le célèbre avocat Ben Crump, qui a défendu de nombreuses victimes de violences policières, et la famille de Jason Walker ont organisé un « rassemblement pour la justice » à 20 heures dans cette ville de Caroline du Nord.
Poing levé, l’avocat a répété une vingtaine de fois « Jason Walker matters » («Jason Walker compte ») dans une église de Fayetteville, dont l’audience a puissamment repris l’antienne. « Comme la vérité a été révélée » pour George Floyd, Ahmaud Arbery, ou encore Breonna Taylor, « la vérité sera révélée pour Jason Walker », a affirmé Ben Crump, en référence à d’autres victimes afro-américaines ces deux dernières années, tuées par des policiers ou ex-policiers.
Ce qui s’est passé entre-temps fait l’objet de versions différentes.
Dans une vidéo amateur, filmée juste après le drame et mise en ligne, le policier explique à des collègues appelés sur place que Jason Walker s’est jeté au milieu de la rue et qu’il a freiné pour l’éviter. Selon lui, le trentenaire s’est alors jeté sur son véhicule, a arraché son essuie-glace et s’en est servi pour frapper le pare-brise, le forçant à dégainer son arme pour protéger sa famille.
Mais des témoins assurent qu’il a heurté le piéton avant de s’arrêter.
“Je l’ai vu freiner brusquement, s’arrêter et repartir”, a raconté Elizabeth Ricks sur la chaîne ABC. “Je l’ai vu heurter Jason (…) et son corps a atterri sur le pare-brise. Et là j’ai entendu des tirs. Je crois qu’il a tiré le premier coup à travers le pare-brise et trois autres fois en dehors du véhicule”, a-t-elle ajouté.
Selon la police, la boîte noire du pick-up de Jeffrey Hash n’a pas enregistré de choc et le corps de Jason Walker n’avait pas de traces d’impact, autre que celui des balles.
L’agent a été placé en congé administratif, mais ni arrêté ni inculpé à ce stade. Les investigations ont été confiées à des enquêteurs de l’Etat.
“Nous avons des raisons de penser qu’il s’agit d’un dossier du style “on tire d’abord, puis on pose des questions”, une philosophie que l’on voit trop souvent parmi les forces de l’ordre”, a estimé dans un communiqué Ben Crump.
Les policiers américains tuent en moyenne un millier de personnes par an, avec une surreprésentation des Afro-Américains parmi leurs victimes. Ils sont toutefois rarement poursuivis en justice, même si les grandes manifestations antiracistes de l’été 2020 ont amorcé un changement dans les tribunaux.