« Pour un Sénégal nouveau, nous, parties prenantes, citoyennes et citoyens Sénégalais, nous reconnaissant dans la dynamique non partisane et constructive qui a fondé et nourri les Assises nationales, nous appuyant sur les résultats issus des « consultations citoyennes » et des travaux des commissions thématiques, nous fondant sur le rapport des Assises nationales, lequel consigne la vision pour le Sénégal et définit les valeurs et principes qui doivent guider la reconstruction nationale et le renforcement de la République, nous nous engageons de façon libre et solennelle, dans notre comportement et notre action de citoyen, et dans l’exercice de tout mandat et de toute responsabilité, à mettre en œuvre et à veiller eu respect de la présente charte ». (Préambule de la Charte de Gouvernance Démocratique des Assises nationales)
Il y a quelques jours, des membres des Assises nationales s’étaient rencontrés, «pour faire le bilan de la structure et dégager des perspectives ». La presse révèle qu’il y aurait eu « des échanges vifs » entre partisans et adversaires du régime en place, sur le fait de savoir si ce dernier a, ou non, traduit en acte ses engagements dans la Charte de Gouvernance Démocratique des Assises nationales.
Ce que nous voudrions souligner d’emblée, sans vouloir heurter la sensibilité des responsables du Comité national de pilotage et du Secrétariat exécutif, c’est que préparer une réflexion sur l’avenir des Assises, sans procéder à un diagnostic et une évaluation les plus larges possibles et avec le maximum d’acteurs souhaitable, constituait assurément une véritable gageure. En effet, tout le monde sait que le Président Macky SALL n’a pas respecté ses engagements de candidat vis-à-vis des Assises nationales, dont il n’a pas mis en œuvre les recommandations, tout comme il n’a pas respecté sa parole au sujet de la durée de son mandat actuel.
D’un autre côté, les formations politiques qui étaient parties prenantes des Assises nationales se sont abstenues, dans leur immense majorité, dans le cadre de leur cohabitation avec le pouvoir de la deuxième alternance et notamment à travers la coalition « Bennoo Bokk Yakaar », de mener le plaidoyer indispensable et de s’assurer de la mise en œuvre de tout ou partie des recommandations essentielles des Assises nationales. A cet égard, leur silence, lors du débat sur les réformes institutionnelles, est édifiant, plombées qu’elles ont été, à l’évidence, par leur appartenance à la majorité présidentielle et leur participation au gouvernement.
Ce renoncement de beaucoup d’acteurs politiques, aussi bien à l’esprit du 23 juin 2011 qu’à l’application des conclusions des Assises nationales, est à souligner en particulier pour ce qui concerne les partis de la gauche et de la « social-démocratie » en général, qui ont raté l’occasion, au cours de ces quatre dernières années, de s’illustrer et surtout de prendre date vis-à-vis des populations sur des enjeux majeurs. Dès le départ, leur cohabitation avec le régime APR a posé problème, ne serait-ce que par rapport à la prise en charge de certaines valeurs partagées avec la majorité des Sénégalais. Ils ont ainsi apporté à ce régime une caution non négligeable, alors qu’ils avaient le devoir d’exiger de celui-ci qu’il fasse des choix clairs concernant à la fois ces valeurs affirmées lors des Assises nationales, les recommandations de la CNRI et les autres exigences de développement du pays.
Pire, lors du récent référendum du 20 mars dernier, le pouvoir APR a été conforté par les consignes de vote de ses suppôts des partis de gauche et de la « social-démocratie », qui, pour se donner bonne conscience, ont prétendu trouver dans le projet présidentiel de révision constitutionnelle une convergence avec les conclusions des Assises nationales ! Heureusement que l’opinion publique a bien compris qu’une telle position n’était dictée par la sauvegarde d’intérêts particuliers découlant de l’intéressement aux prébendes.
Heureusement aussi, qu’en plus des partisans inconditionnels de la mise en œuvre des propositions de la CNRI, quelques alliés de la majorité présidentielle, même s’ils n’ont pas été nombreux, ont refusé d’enterrer les véritables orientations politiques et sociales des Assises nationales.
En dépit du pseudo-dialogue national en cours, l’attention du pouvoir et des différents acteurs politiques semble en effet plus focalisée sur l’agenda politique, en perspective des prochaines échéances électorales. En attestent les nombreux conciliabules et manœuvres en cours au niveau de certains états-majors de partis. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les tentatives de la coalition présidentielle de vouloir faire croire, seulement aujourd’hui, qu’elle peut engager une « rupture » et porter une « nouvelle offre politique », des concepts malheureusement repris et galvaudés par la quasi-totalité des formations politiques et devenus un phénomène de mode.
Dans ces conditions, qui pourrait être dupe ? A présent que les échéances législatives se rapprochent à grands pas, aucune de ces formations ou coalitions politiques appartenant peu ou prou à la mouvance présidentielle, ne saurait prétendre reprendre sa liberté d’action, en promettant aux Sénégalais une « nouvelle offre politique adossée aux conclusions des Assises nationales ».
Voilà pourquoi le peuple doute de la capacité de l’élite politique actuelle à changer le pays, en se libérant de la politique politicienne, des combines, des fourberies, ainsi que de la transhumance.
Voilà pourquoi le système de la « politique professionnelle » est largement discrédité.
Le mode de gouvernance clientéliste de l’Etat et la reproduction de groupes politiques dépourvus d’une vision claire et partagée par les populations sur le développement du pays sont à l’origine de cette désaffection des citoyens à l’égard de la chose publique. Le manque d’éthique, le népotisme, le « clanisme » et les autres pratiques de mal gouvernance perdurent, alors que les Sénégalaises et Sénégalais s’étaient clairement prononcés contre ces maux le 25 mars 2012. La multiplication des scandales et révélations, mettant en lumière des protocoles et des arrangements politico-judiciaires, sur fonds d’accusations et contre-accusations de détournements de milliards de FCFA planqués à l’étranger, a renforcé chez les citoyens Sénégalais, la perception de l’Etat comme un simple lieu d’accès à des prébendes et la politique comme l’activité qui mène à ces prébendes.
Pendant de nombreuses années, c’est ce système, exclusif et repoussant, qui a tenu de nombreux cadres de notre pays, à bonne distance de l’espace politique et détourné les citoyens de tout engagement au service de l’intérêt général.
Comme nous l’avait rappelé le Doyen Cheikh Hamidou Kane, dans l’avant propos du rapport de la « Commission Questions sociétales: valeurs, éthique, solidarité » des Assises nationales, Commission qu’il avait présidée avec dévouement et générosité, le mal à pris » une ampleur et une acuité telles » qu’il s’impose « l’ardente et urgente nécessité que notre société, dans son ensemble » s’attelle « sans faux fuyants ni retards à la recherche de ses causes ainsi que des remèdes qu’il faut y apporter. »
Les Assises nationales, puis la CNRI, ont nourri ce rêve de rupture et de refondation, mais leur esprit a été trahi par de nombreux acteurs, parmi ceux qui étaient les plus en vue dans cette entreprise, à nulle autre pareille dans l’histoire récente du Sénégal.
C’est pourquoi nous autres acteurs, constants et indéfectibles, tendons la main à tous les autres, personnalités connues ou citoyens anonymes, pour revendiquer ensemble notre droit d’inventaire et réaffirmer les valeurs prônées et orientations dégagées lors des Assises nationales et à en poursuivre et consolider la dynamique, une dynamique qui, certes, nécessite aujourd’hui une mise à jour, des ajustements et un développement dictés par l’évolution de l’environnement sociopolitique et du contexte national.
Mais en tout état de cause, par-delà les objectifs de développement du pays et la construction d’alternatives crédibles avec les populations, l’un des paris les plus urgents est de travailler à l’émergence d’un nouvel « homo senegalensis », intègre, ayant un sens élevé de l’éthique et de la morale politiques et véritablement engagé et compétent, pour un changement qualitatif réel. Nous sommes conscients que ce défi demande du travail et beaucoup d’efforts, mais sommes déterminés à le relever, notamment dans le cadre d’un « Pôle alternatif du renouveau et de la refondation » regroupant toutes les forces vives de la Nation, le pays ayant été complètement déstructuré par des pseudo-élites politiques, qui ont atteint leurs limites.
L’heure est venue pour les nombreux fils et filles de notre pays qui ont laissé jusqu’ici , et à tort, le champ libre à ces pseudo-élites politiques, de prendre leurs responsabilités en s’engageant pour l’intérêt exclusif de notre pays qui vaut tous les sacrifices.
Il y a quelques jours, des membres des Assises nationales s’étaient rencontrés, «pour faire le bilan de la structure et dégager des perspectives ». La presse révèle qu’il y aurait eu « des échanges vifs » entre partisans et adversaires du régime en place, sur le fait de savoir si ce dernier a, ou non, traduit en acte ses engagements dans la Charte de Gouvernance Démocratique des Assises nationales.
Ce que nous voudrions souligner d’emblée, sans vouloir heurter la sensibilité des responsables du Comité national de pilotage et du Secrétariat exécutif, c’est que préparer une réflexion sur l’avenir des Assises, sans procéder à un diagnostic et une évaluation les plus larges possibles et avec le maximum d’acteurs souhaitable, constituait assurément une véritable gageure. En effet, tout le monde sait que le Président Macky SALL n’a pas respecté ses engagements de candidat vis-à-vis des Assises nationales, dont il n’a pas mis en œuvre les recommandations, tout comme il n’a pas respecté sa parole au sujet de la durée de son mandat actuel.
D’un autre côté, les formations politiques qui étaient parties prenantes des Assises nationales se sont abstenues, dans leur immense majorité, dans le cadre de leur cohabitation avec le pouvoir de la deuxième alternance et notamment à travers la coalition « Bennoo Bokk Yakaar », de mener le plaidoyer indispensable et de s’assurer de la mise en œuvre de tout ou partie des recommandations essentielles des Assises nationales. A cet égard, leur silence, lors du débat sur les réformes institutionnelles, est édifiant, plombées qu’elles ont été, à l’évidence, par leur appartenance à la majorité présidentielle et leur participation au gouvernement.
Ce renoncement de beaucoup d’acteurs politiques, aussi bien à l’esprit du 23 juin 2011 qu’à l’application des conclusions des Assises nationales, est à souligner en particulier pour ce qui concerne les partis de la gauche et de la « social-démocratie » en général, qui ont raté l’occasion, au cours de ces quatre dernières années, de s’illustrer et surtout de prendre date vis-à-vis des populations sur des enjeux majeurs. Dès le départ, leur cohabitation avec le régime APR a posé problème, ne serait-ce que par rapport à la prise en charge de certaines valeurs partagées avec la majorité des Sénégalais. Ils ont ainsi apporté à ce régime une caution non négligeable, alors qu’ils avaient le devoir d’exiger de celui-ci qu’il fasse des choix clairs concernant à la fois ces valeurs affirmées lors des Assises nationales, les recommandations de la CNRI et les autres exigences de développement du pays.
Pire, lors du récent référendum du 20 mars dernier, le pouvoir APR a été conforté par les consignes de vote de ses suppôts des partis de gauche et de la « social-démocratie », qui, pour se donner bonne conscience, ont prétendu trouver dans le projet présidentiel de révision constitutionnelle une convergence avec les conclusions des Assises nationales ! Heureusement que l’opinion publique a bien compris qu’une telle position n’était dictée par la sauvegarde d’intérêts particuliers découlant de l’intéressement aux prébendes.
Heureusement aussi, qu’en plus des partisans inconditionnels de la mise en œuvre des propositions de la CNRI, quelques alliés de la majorité présidentielle, même s’ils n’ont pas été nombreux, ont refusé d’enterrer les véritables orientations politiques et sociales des Assises nationales.
En dépit du pseudo-dialogue national en cours, l’attention du pouvoir et des différents acteurs politiques semble en effet plus focalisée sur l’agenda politique, en perspective des prochaines échéances électorales. En attestent les nombreux conciliabules et manœuvres en cours au niveau de certains états-majors de partis. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les tentatives de la coalition présidentielle de vouloir faire croire, seulement aujourd’hui, qu’elle peut engager une « rupture » et porter une « nouvelle offre politique », des concepts malheureusement repris et galvaudés par la quasi-totalité des formations politiques et devenus un phénomène de mode.
Dans ces conditions, qui pourrait être dupe ? A présent que les échéances législatives se rapprochent à grands pas, aucune de ces formations ou coalitions politiques appartenant peu ou prou à la mouvance présidentielle, ne saurait prétendre reprendre sa liberté d’action, en promettant aux Sénégalais une « nouvelle offre politique adossée aux conclusions des Assises nationales ».
Voilà pourquoi le peuple doute de la capacité de l’élite politique actuelle à changer le pays, en se libérant de la politique politicienne, des combines, des fourberies, ainsi que de la transhumance.
Voilà pourquoi le système de la « politique professionnelle » est largement discrédité.
Le mode de gouvernance clientéliste de l’Etat et la reproduction de groupes politiques dépourvus d’une vision claire et partagée par les populations sur le développement du pays sont à l’origine de cette désaffection des citoyens à l’égard de la chose publique. Le manque d’éthique, le népotisme, le « clanisme » et les autres pratiques de mal gouvernance perdurent, alors que les Sénégalaises et Sénégalais s’étaient clairement prononcés contre ces maux le 25 mars 2012. La multiplication des scandales et révélations, mettant en lumière des protocoles et des arrangements politico-judiciaires, sur fonds d’accusations et contre-accusations de détournements de milliards de FCFA planqués à l’étranger, a renforcé chez les citoyens Sénégalais, la perception de l’Etat comme un simple lieu d’accès à des prébendes et la politique comme l’activité qui mène à ces prébendes.
Pendant de nombreuses années, c’est ce système, exclusif et repoussant, qui a tenu de nombreux cadres de notre pays, à bonne distance de l’espace politique et détourné les citoyens de tout engagement au service de l’intérêt général.
Comme nous l’avait rappelé le Doyen Cheikh Hamidou Kane, dans l’avant propos du rapport de la « Commission Questions sociétales: valeurs, éthique, solidarité » des Assises nationales, Commission qu’il avait présidée avec dévouement et générosité, le mal à pris » une ampleur et une acuité telles » qu’il s’impose « l’ardente et urgente nécessité que notre société, dans son ensemble » s’attelle « sans faux fuyants ni retards à la recherche de ses causes ainsi que des remèdes qu’il faut y apporter. »
Les Assises nationales, puis la CNRI, ont nourri ce rêve de rupture et de refondation, mais leur esprit a été trahi par de nombreux acteurs, parmi ceux qui étaient les plus en vue dans cette entreprise, à nulle autre pareille dans l’histoire récente du Sénégal.
C’est pourquoi nous autres acteurs, constants et indéfectibles, tendons la main à tous les autres, personnalités connues ou citoyens anonymes, pour revendiquer ensemble notre droit d’inventaire et réaffirmer les valeurs prônées et orientations dégagées lors des Assises nationales et à en poursuivre et consolider la dynamique, une dynamique qui, certes, nécessite aujourd’hui une mise à jour, des ajustements et un développement dictés par l’évolution de l’environnement sociopolitique et du contexte national.
Mais en tout état de cause, par-delà les objectifs de développement du pays et la construction d’alternatives crédibles avec les populations, l’un des paris les plus urgents est de travailler à l’émergence d’un nouvel « homo senegalensis », intègre, ayant un sens élevé de l’éthique et de la morale politiques et véritablement engagé et compétent, pour un changement qualitatif réel. Nous sommes conscients que ce défi demande du travail et beaucoup d’efforts, mais sommes déterminés à le relever, notamment dans le cadre d’un « Pôle alternatif du renouveau et de la refondation » regroupant toutes les forces vives de la Nation, le pays ayant été complètement déstructuré par des pseudo-élites politiques, qui ont atteint leurs limites.
L’heure est venue pour les nombreux fils et filles de notre pays qui ont laissé jusqu’ici , et à tort, le champ libre à ces pseudo-élites politiques, de prendre leurs responsabilités en s’engageant pour l’intérêt exclusif de notre pays qui vaut tous les sacrifices.