Des reporters bousculés en conférence de presse, empêchés de couvrir des manifestations politiques, menacés de mort sur les réseaux sociaux… Depuis mai, on assiste à une inquiétante escalade des menaces verbales et physiques contre les journalistes couvrant et commentant le processus électoral au Sénégal, déclare Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest à RSF. La position centrale qu’occupent les journalistes dans la couverture des activités politiques ne doit pas faire d’eux des cibles. Les autorités doivent particulièrement protéger les journalistes pendant la campagne électorale et ouvrir des enquêtes sur toutes les attaques commises contre eux durant la pré-campagne.”
Dans une vidéo du 22 juin devenue virale sur les réseaux sociaux, Talla Sylla, coordonnateur de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER), une structure des jeunes du parti au pouvoir dans la ville de Touba, à plus d’une centaine de kilomètres à l’est de la capitale Dakar, a appelé à “brûler et à organiser un attentat” contre Wal Fadjri, une télévision privée du Sénégal. Le syndicat des journalistes a réagi en demandant à la direction de la télévision de porter plainte. Contacté par RSF, Moustapha Diop, le directeur de l’information du groupe de presse a confirmé qu’une sommation interpellative (acte juridique pour qu’il confirme ou infirme ses propos) avait été envoyée à Talla Sylla.
Cette menace contre la télévision Wal Fadjri est loin d’être un incident isolé dans un pays où certains acteurs politiques ont pris pour habitude de s’en prendre directement aux journalistes. Alors que la campagne électorale pour les élections législatives s'ouvre dimanche 10 juillet, la période de pré-campagne a été particulièrement difficile pour les journalistes et les médias. Au moins deux autres incidents concernant des journalistes qui couvraient des manifestations politiques ont été relevés entre fin mai et fin juin.
Le 8 juin à Dakar, une équipe de reporters de la chaîne de télévision du Groupe Futurs Médias (GFM, privé) a été empêchée de couvrir les préparatifs d’un rassemblement de l’opposition, par certains de ses membres. Fin mai, c’était une journaliste du site d’information Dakar Buzz qui était bousculée pour avoir simplement posé une question au cours d’une réunion de la coalition de partis au pouvoir.
Lors de ces deux incidents, les principaux responsables politiques concernés ont présenté leurs excuses aux médias et à leur syndicat. Des excuses publiques qui sont un premier pas selon RSF. Mais l’organisation rappelle que les autorités doivent assurer la sécurité des journalistes, surtout pendant cette période électorale particulièrement sensible, qui peut donner lieu à des dérapages et des tensions. L’ouverture d'enquêtes appropriées en cas d’attaques contre des journalistes est le meilleur moyen d’éviter une escalade vers des agressions plus graves.
Face à l’augmentation des attaques
Au Sénégal, une augmentation des attaques verbales et physiques contre les journalistes est notable depuis février et mars 2021. La révélation d’une plainte contre l’opposant Ousmane Sonko pour le viol présumé d’une employée d’un salon de massage, avait alors été suivie de plusieurs attaques contre des locaux de radios et de télévision.
En début d'année, le journaliste Pape Ndiaye, chroniqueur judiciaire de Wal Fadjri a reçu de nombreuses menaces de mort, que ce soit par messages audios sur Whatsapp, des messages vidéos, ou des coups de téléphone. Il est aussi arrivé que des journalistes dans l’exercice de leur fonction soient pris à partie par des forces de sécurité.
D’après le communiqué, la difficile situation politique du Sénégal a poussé la Coordination des acteurs de la presse (CAP) regroupant des associations professionnelles à appeler la semaine dernière à une concertation nationale.
Président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL) et membre de la CAP, Ibrahima Lissa Faye a déclaré à RSF : “La presse sénégalaise (…) veut continuer à être libre et indépendante au service du citoyen, nonobstant les intimidations et agressions de tous bords, des partis et hommes politiques, du pouvoir en place comme de l’opposition.”.
Pour une couverture professionnelle et en toute sécurité de la période électorale, plusieurs ressources sont mises à la disposition des journalistes dont un bréviaire du reporter édité par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel au Sénégal (CNRA) et le Guide sur la sécurité des journalistes et l’intégration de l’information en période électorale réédité en début d’année par RSF et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Les recommandations de RSF
RSF rappelle aux médias et aux journalistes que leur sécurité est importante dans l’exercice de leur fonction.
RSF recommande aux médias de demander à chaque parti politique et candidat, ainsi qu’au gouvernement, une déclaration de respect et de promotion de la sécurité physique et numérique des journalistes en début de période électorale.
En cas d’attaque, quelle que soit sa nature ou sa forme, les journalistes doivent le signaler à leur rédaction, aux autorités et aux syndicats, et exiger que des mesures immédiates soient prises pour assurer leur protection et sanctionner les auteurs des violences.
Les journalistes doivent être conscients que les réseaux sociaux peuvent être utilisés contre eux comme outil de harcèlement et de désinformation.
Ils doivent se rappeler qu’ils ont le droit de refuser des reportages comportant des risques pour leur sécurité.
Ils peuvent porter un gilet siglé "presse" lorsque cela permet de renforcer leur protection sans augmenter leur vulnérabilité.
Dans une vidéo du 22 juin devenue virale sur les réseaux sociaux, Talla Sylla, coordonnateur de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER), une structure des jeunes du parti au pouvoir dans la ville de Touba, à plus d’une centaine de kilomètres à l’est de la capitale Dakar, a appelé à “brûler et à organiser un attentat” contre Wal Fadjri, une télévision privée du Sénégal. Le syndicat des journalistes a réagi en demandant à la direction de la télévision de porter plainte. Contacté par RSF, Moustapha Diop, le directeur de l’information du groupe de presse a confirmé qu’une sommation interpellative (acte juridique pour qu’il confirme ou infirme ses propos) avait été envoyée à Talla Sylla.
Cette menace contre la télévision Wal Fadjri est loin d’être un incident isolé dans un pays où certains acteurs politiques ont pris pour habitude de s’en prendre directement aux journalistes. Alors que la campagne électorale pour les élections législatives s'ouvre dimanche 10 juillet, la période de pré-campagne a été particulièrement difficile pour les journalistes et les médias. Au moins deux autres incidents concernant des journalistes qui couvraient des manifestations politiques ont été relevés entre fin mai et fin juin.
Le 8 juin à Dakar, une équipe de reporters de la chaîne de télévision du Groupe Futurs Médias (GFM, privé) a été empêchée de couvrir les préparatifs d’un rassemblement de l’opposition, par certains de ses membres. Fin mai, c’était une journaliste du site d’information Dakar Buzz qui était bousculée pour avoir simplement posé une question au cours d’une réunion de la coalition de partis au pouvoir.
Lors de ces deux incidents, les principaux responsables politiques concernés ont présenté leurs excuses aux médias et à leur syndicat. Des excuses publiques qui sont un premier pas selon RSF. Mais l’organisation rappelle que les autorités doivent assurer la sécurité des journalistes, surtout pendant cette période électorale particulièrement sensible, qui peut donner lieu à des dérapages et des tensions. L’ouverture d'enquêtes appropriées en cas d’attaques contre des journalistes est le meilleur moyen d’éviter une escalade vers des agressions plus graves.
Face à l’augmentation des attaques
Au Sénégal, une augmentation des attaques verbales et physiques contre les journalistes est notable depuis février et mars 2021. La révélation d’une plainte contre l’opposant Ousmane Sonko pour le viol présumé d’une employée d’un salon de massage, avait alors été suivie de plusieurs attaques contre des locaux de radios et de télévision.
En début d'année, le journaliste Pape Ndiaye, chroniqueur judiciaire de Wal Fadjri a reçu de nombreuses menaces de mort, que ce soit par messages audios sur Whatsapp, des messages vidéos, ou des coups de téléphone. Il est aussi arrivé que des journalistes dans l’exercice de leur fonction soient pris à partie par des forces de sécurité.
D’après le communiqué, la difficile situation politique du Sénégal a poussé la Coordination des acteurs de la presse (CAP) regroupant des associations professionnelles à appeler la semaine dernière à une concertation nationale.
Président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL) et membre de la CAP, Ibrahima Lissa Faye a déclaré à RSF : “La presse sénégalaise (…) veut continuer à être libre et indépendante au service du citoyen, nonobstant les intimidations et agressions de tous bords, des partis et hommes politiques, du pouvoir en place comme de l’opposition.”.
Pour une couverture professionnelle et en toute sécurité de la période électorale, plusieurs ressources sont mises à la disposition des journalistes dont un bréviaire du reporter édité par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel au Sénégal (CNRA) et le Guide sur la sécurité des journalistes et l’intégration de l’information en période électorale réédité en début d’année par RSF et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Les recommandations de RSF
RSF rappelle aux médias et aux journalistes que leur sécurité est importante dans l’exercice de leur fonction.
RSF recommande aux médias de demander à chaque parti politique et candidat, ainsi qu’au gouvernement, une déclaration de respect et de promotion de la sécurité physique et numérique des journalistes en début de période électorale.
En cas d’attaque, quelle que soit sa nature ou sa forme, les journalistes doivent le signaler à leur rédaction, aux autorités et aux syndicats, et exiger que des mesures immédiates soient prises pour assurer leur protection et sanctionner les auteurs des violences.
Les journalistes doivent être conscients que les réseaux sociaux peuvent être utilisés contre eux comme outil de harcèlement et de désinformation.
Ils doivent se rappeler qu’ils ont le droit de refuser des reportages comportant des risques pour leur sécurité.
Ils peuvent porter un gilet siglé "presse" lorsque cela permet de renforcer leur protection sans augmenter leur vulnérabilité.