Le père du bambin, dans la tourmente. Il risque jusqu’à deux ans de prison, L’enfant placé en centre d’accueil
Son acte spontané, filmé samedi, a été vu des millions de fois sur les réseaux sociaux. En quelques secondes, Mamoudou Gassama a escaladé la façade d’un immeuble parisien du XVIIIe arrondissement afin de sauver un enfant suspendu dans le vide au 4e étage. Le jeune homme de 22 ans a été reçu ce lundi par le président de la République à l’Élysée. À l’issue de cette rencontre, Emmanuel Macron a annoncé sa naturalisation et qu’il intégrerait les sapeurs pompiers. «Tous les papiers vont être régularisés», a assuré le chef de l’État lors de l’échange, diffusé sur sa page Facebook. Emmanuel Macron lui a également proposé d’entamer les démarches en vue d’une naturalisation, ce que Mamoudou Gassama a accepté.
Dès dimanche, plusieurs personnalités politiques s’étaient déclarées favorables à la naturalisation de Mamoudou Gassama. C’est notamment le cas de Benjamin Grivaux, le porte-parole du gouvernement, qui a écrit sur Twitter: «cet acte d’une immense bravoure, fidèle aux valeurs de solidarité de notre République, doit lui ouvrir les portes de notre communauté nationale»
L’association SOS Racisme avait également réagi dans un communiqué dimanche: «Mamoudou Gassama nous rappelle utilement que les personnes en situation irrégulière sont des êtres humains, avec l’immense courage dont beaucoup ont fait preuve dans leur périlleux voyage vers l’Europe. Un courage qu’ils continuent souvent à manifester ici». Dans ce communiqué, l’association demandait au ministre de l’Intérieur «de régulariser la situation de Monsieur Gassama, qui a su faire preuve d’un courage aussi rare qu’admirable».
«Dieu merci, je l’ai sauvé»
Il est environ 20 heures samedi lorsque les pompiers sont alertés par des passants ayant vu un enfant suspendu dans le vide au quatrième étage d’un immeuble du nord de la capitale. Sur place, ils découvrent qu’un jeune homme a porté secours à l’enfant, âgé de quatre ans. «Par chance, il y avait quelqu’un qui avait une bonne condition physique et qui a eu le courage d’aller chercher l’enfant», ont indiqué les pompiers. La scène, spectaculaire, a été filmée par des passants ébahis qui s’étaient regroupés en bas de l’immeuble. Sur la vidéo, on voit l’homme escalader à mains nues et en 30 secondes environ quatre balcons de la façade de l’immeuble, pour récupérer l’enfant qui se trouvait suspendu par une main, dans le vide, à l’extérieur du balcon, et le mettre en sécurité.
Mamadou Gassaama s’est exprimé dimanche 27 mai à la suite du sauvetage d’un enfant de 4 ans, devenu viral grâce à la vidéo amateur d’un passant.
Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo est rapidement devenue virale, avec déjà plus de quatre millions de vues dimanche en fin de journée. Retrouvé après son geste qualifié d’«héroïque», Mamoudou Gassama, a alors raconté alors son aventure. «J’ai vu beaucoup de monde en train de crier, et des voitures qui klaxonnaient», a-t-il expliqué. «Je suis monté comme ça et, Dieu merci, je l’ai sauvé». «J’ai eu peur quand j’ai sauvé l’enfant et puis on est allés dans le salon, je me suis mis à trembler, je n’arrivais plus à tenir sur mes pieds, j’ai dû m’asseoir», a-t-il ajouté. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’enfant s’est retrouvé seul sur le balcon en l’absence des parents à leur domicile.
L’enfant placé en centre d’accueil
Les réactions politiques louant le courage du jeune sauveteur n’ont pas tardé dimanche. «Un grand bravo à Mamoudou Gassama pour son acte de bravoure», a réagi sur Twitter la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, qui s’est entretenue avec lui au téléphone «afin de le remercier chaleureusement». «Il m’a expliqué être arrivé du Mali il y a quelques mois en rêvant de construire sa vie ici. Je lui ai répondu que son geste héroïque est un exemple pour tous les citoyens et que la Ville de Paris aura évidemment à coeur de le soutenir dans ses démarches pour s’établir en France», a-t-elle ajouté.
La présidente Les Républicains de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a également réagi sur Twitter: «Hommage et reconnaissance au sauveteur du jeune enfant qui n’a écouté que son courage». Une pétition avait d’ailleurs été créée en ligne pour demander la régularisation de Mamoudou Gassama. Lundi matin, elle comptait plus de 4000 signatures. Peu après les faits, le père de l’enfant, né en 1981 et sans antécédent judiciaire, a été placé en garde à vue pour avoir laissé son enfant sans surveillance, selon une source judiciaire. Il devait être déféré au tribunal de Paris dimanche dans la soirée en vue de poursuites judiciaires. L’enfant a été placé dans une structure d’accueil. Sa mère n’était pas à Paris au moment des faits.
Le père du bambin, qui l’avait laissé seul, a été déféré au tribunal de Paris. Il risque jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.
La sanction pourrait être lourde. Samedi, Mamoudou Gassama, un jeune Malien, a escaladé un immeuble du 18e arrondissement de Paris pour sauver la vie d’un enfant de quatre ans, suspendu dans le vide depuis un balcon. Si son acte d’héroïsme a été salué à l’unanimité, et notamment par le président de la République qui le reçoit ce lundi à l’Elysée, un autre homme est lui dans la tourmente.
Convocation devant le tribunal correctionnel
Le père du bambin, qui l’avait laissé seul sans aucune surveillance, a été placé en garde à vue puis déféré dimanche soir au tribunal de Paris. Il sera présenté ce lundi matin au parquet pour se voir notifier une convocation devant le tribunal correctionnel, selon une source judiciaire.
Il lui est reproché de ne pas avoir respecté les obligations de sécurité relatives à l’autorité parentale, qui sont répertoriées dans le Code civil. L’article 371-1 stipule que l’autorité parentale « appartient aux parents jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne ».
Le parquet a déjà qualifié l’infraction de « soustraction à une obligation parentale », qui fait encourir à l’homme une peine de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. En parallèle de cette enquête pénale, une enquête éducative va être réalisée pour déterminer s’il a déjà eu des problèmes par le passé. Le procureur a huit jours pour saisir le juge des enfants, qui lui aura à partir de ce moment-là, quinze jours pour entendre les parents.