Bismillahi Rahmani Rahim
AU NOM DE DIEU LE CLEMENT, LE MISERICORDIEUX
QU’ALLAH, DANS SA GRANDE MANSUETUDE ACCORDE, LE SALUT SUR CELUI QUI A ACQUIS LA PRECELLENCE ALORS QUE L’AÏEUL ETAIT ENCORE VOILE DANS LA BOUE ; LE PROPHETE MOHAMMAD. (SWS)
QUE SALUT SOIT SUR L’AUGUSTE FAMILLE DU PROPHETE MOHAMMAD (SWS) ET SES HONORABLES COMPAGNONS.
QU’HONNEUR SOIT SUR CELUI QUI EST SON SERVITEUR PAR EXCELLENCE ; LA PURETE DE LA CHARIA ET L’EXEMPLE VIVANT DE LA SUNNA ; CHEIKH AHMADOU BAMBA AL MBACKIYOU
Chers Talibés
Nous voici encore réunis en ce jour de grâces et remercions-en le Seigneur !
Le Magal ; évènement le plus important de la communauté mouride commémore l’odyssée d’un saint Homme qui s’est toujours prévalu de son état d’esclave exalté de Dieu et de serviteur a demeure du sceau des Prophètes (sws). Il est pour nous mourides ; un moment pour renouveler notre Baaya (contrat) avec la voie de ce Saint de Touba.
Permettez-moi d’abord prier pour que Cheikh Sidy Mokhtar puisse accomplir sa destinée avec la communauté et de le remercier de ses largesses envers nous en ce jour.
Comme réitéré chaque année ; venir à Touba c’est aussi revisiter l’œuvre et la pensée de Cheikhoul Khadim pour en tirer des leçons qui puissent nous servir de parchemin en ce monde si tourmenté où de bâbord à tribord ; le bateau prend de l’eau.
Il est certain que le fait que nous célébrons le départ d’exil et non le retour, revêt un cachet bien singulier en ce que les évènements qui ont présidés au départ pour l’exil ont été déterminants dans la vie et l’œuvre de l’apôtre de Touba (33 ans de privation de liberté). Nonobstant jugés dans l’espace et le temps ; ces mêmes évènements sont certes porteurs d’enseignements. Nous dirons même que comparés au monde contemporain, ils semblent apporter une certaine réponse quant à la conduite à adopter devant certaines questions religieuses et sociales de l’heure.
En tout état de cause un fait persiste ; analysé sur tous les angles le départ pour l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba ne peut se définir que comme un plaidoyer pour la paix ; une apologie de celle-ci.
Ainsi nous analyserons en premier lieu l’option pacifiste développée par le Cheikh face aux agressions multiples .En second lieu nous essayerons d’en tirer des enseignements face aux problèmes du moment comme celui du terrorisme.
A. L’option de paix devant les multitudes agressions
1. Les péripéties du départ et les options qui s’offraient à lui
Malgré les agressions multiples et de l’environnement hostile ; Cheikhoul Khadim demeura stoïque. De fait c’est sa croyance absolue au Décret irrévocable qui lui permit de battre en brèche les actions des hommes.
Ainsi ce fut ce jour de 18 Safar de l'an 1313 de l'Hégire (18 Août 1895) qu'Ahmadou Bamba quitta la résidence qu'il avait construite dans le Djolof pour l’enseignement et l’éducation des masses pour se confronter au colonisateur. Ils se rencontrèrent à Djewol. Devant la furie des cavaliers ; il se contenta de 50 basmallah qui firent bien l’affaire. Il se permit même de passer la nuit en ces lieux ; de son propre gré. Les colonisateurs savaient trop bien que tous ces agissements avaient l’effet néfaste de les démystifier aux yeux de la population. D’ailleurs c’est ce qui semble expliquer la disproportion des forces requises lorsqu’il s’agissait de Serigne Touba.
Qu’à cela ne tienne ! Cheikhoul Khadim donnait un bon exemple de courage aux populations à chaque fois qu’il fut en face de ses ennemis .Et le peuple notait ! Par exemple lorsqu’ils quittèrent Coki vers Saint Louis ; il se mit à éperonner son cheval si rapidement que les spahis avaient de la peine à le rejoindre. Parfois un des gardes lui disait " Marchons doucement, ne nous fatiguons pas." Il répondait : « Mais, venez! Comment des hommes dépêchés par leur chef pour accomplir une mission se permettent-ils de marcher doucement ? »
L’abandon à Dieu fut le substratum de l’action de Serigne Touba. Il était un esclave exalté de Dieu qui se suffisait de son Maitre. Des lors il ne préoccupait guère des plans ourdis des ennemis. Dans les faits, Cheikhoul Khadim fit montre de tout temps de la quintessence du verset Abrahamique « Hasbounallah wani’emal Wakil. » . On peut affirmer que le Cheikh fut Mohammadien par caractère et Abrahamien par préoccupation en ce qu’il amalgamait en parfaite symbiose l'application de la Sunnah du Prophète Mohammed (psl) à la pratique concrète de la confiance à Dieu ; telle enseignée par le Prophète Abraham (psl)
Et pourtant devant ce tumulte impérialiste ; des options s'offraient à lui !
L’une aurait été de continuer à s'esseuler solitairement tout en faisant fi des turpitudes de ce monde immédiat. Pour le Cheikh cela équivaudrait certainement à ne pas s'occuper des souffrances des populations. Ce qui n’était pas de son caractère.
L'autre option aurait été l’application d’une certaine violence de fait qui du reste pouvait trouver sa justification dans la résistance face à l’oppression.
D’autres l’ont fait avec indubitablement des résultats mitigés !
Dans la Sénégambie par exemple Lat Dior Latyr Diop s’opposa vaillamment à la pénétration française, surtout à partir de 1875, date à laquelle le Gouverneur Brière De L’Isle décida de construire le chemin de fer reliant Dakar à Saint Louis. La résistance de Lat. Dior ne fit pas long feu. De même El hadj Omar(RA) après un succès à Marcoia le 20 novembre 1859 puis Niamina le 23 mai 1860 connut une fin d’épopée dans les falaises de Bandiagara le 12 février 1864. Son fils Ahmadou, après une série de rapports tumultueux faits de révoltes et d’alliances fut astreint à quitter sa capitale qui tomba en 1890 sous un déluge de feu. Aussi le Saint Samory Toure ; Napoléon noir de l’Afrique avec ses fameux Sofas finit par perdre son empire tout comme le roi Béhanzin est surpris le 19 janvier 1894 par la colonne expéditionnaire dirigée par Dodds.
Aussi entre 1885 et 1887 Hamdou Lamine subit 1’echec, de même que Fodé Sylla, le Marabout Roi de Kombo .Ce sera de même pour Fodé Kabba, le chef Musulman de Niamina et des districts de Casamance et de Gambie (1898 et 1901). (Que Dieu soit satisfait d’eux).
Malgré la défaite de ces d’éminents héros d’Afrique ; l’option de guerre pouvait bien réussir dans ce cas-ci car la détermination de ses talibes était bien exemplaire et unique dans l’histoire. Il ne fait de doute que si le Cheikh avait pris les armes ; le résultat serait bien diffèrent. La différence étant ici la dévotion des Mourides à sa cause. Preuve de cela ne peut être plus probante que le témoignage de Lesselves ; qui dispose : “Les plus injustes des hommes et les plus ignorants de réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations à lui prêter I ’ambition du pouvoir temporel. Je sais que les Prophètes et les saints qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh.”.
Cheikhoul Khadim opta plutôt pour une autre forme de résistance en prenant sur ses épaules toutes les souffrances de son peuple .C’est en cela que le Magal aujourd'hui est l'expression de la réussite.
2. L’option pacifiste en ses fondements.
Le premier critère d’appréciation de l’action de Cheikh Ahmadou Bamba est bien sûr la démarche non-violente en toutes ses formes. Serigne Touba s’était toujours interdit la violence. Ainsi à Alboury Ndiaye qui lui proposait la guerre sainte pour venir à bout des toubabs, il répondit: « Je ne suis pas venu sur terre pour verser le sang de mes semblables. ». La même réponse fut servie à Lat Dior.
Plus tard de retour du Gabon ; lors de la seconde crise de 1903 ; il allait réitérer cette position ferme à Oumar Niang. En effet ce dernier était envoyé par les français pour l’espionner. Après avoir fouillé sans succès le village pour tenter de découvrir une fameuse cachette d’armes, il vint se présenter au Cheikh qui lui affirma clairement ses intentions : « La route que j’ai prise m’interdit formellement de tirer ou de faire tirer des coups de fusil sur des créatures de Dieu”. Serigne Touba en serviteur par excellence du Prophète (psl) montra toute le pacifisme encré en L’Islam. Faisant sien le dernier sermon du Prophète en la promotion du concept de Djihadou ; Nafs ; il se proscrit toute forme de brutalité qui saurait être dramatique pour les populations.
Aussi le second critère d’appréciation de cette action est la connotation religieuse dans la lutte. La croyance à Dieu empreinte fondamentalement son attitude de tout temps aussi bien en face aux royautés que de l’administration coloniale. C’est la recherche de la Vérité Suprême. Ainsi il se proposa une libération du peuple par le culte exclusif de Dieu. De fait, l’idéologie motrice a toujours été la défense de son peuple noir contre toute forme d’agression et l’Apôtre de la race noire réussira en dépit des épreuves à préserver 1’eclat et la pureté de son idéal.
Faire de la recherche de la face divine, la raison de vivre et de placer toute sa confiance en lui tel est le piédestal de cette non-violence et Cheikh Ahmadou Bamba en fut le vrai promoteur.
Des lors l’histoire retiendra de lui un maitre du romantisme révolutionnaire et le héros par excellence du Peuple noir si meurtri.
Dès lors ils se sont trompés ceux qui prétendent que la religion est l’opium du peuple ! Khadim Rassoul a prouvé qu’en certaines situations d’oppression, la religion pouvait servir de valeur – refuge et ainsi sauver son peuple du projet d’acculturation qui était en fait le vrai but visé.
Et au bout du compte il réussit dans son projet de résistance non violente en ce qu’il parvint à assoir une véritable révolution culturelle qui produisit un homme nouveau qui ne sera jamais acculturé : c'est-à-dire le mouride.
Ainsi le mouridisme est devenu une voie universelle regroupant de nos jours toutes les races et toutes les couleurs ; Ils sont noirs, jaunes, blancs à faire le pied de grue pour accéder au mausolée du Saint de Touba lors du Maggal et quelle revanche sur l’histoire !
Dans Assirul Mahal Abraari il précise lui-même. “Les leurres des êtres ont trompé les blancs de leurs tentatives contre moi. Ils nourrissaient 1’espoir de pouvoir me tuer et leur espoir a été déchu...”
Aussi dans le débat contre le terrorisme ; une telle action mérite réflexion
A. Dans le débat actuel du terrorisme ; L’odyssée de cheikhoul Khadim peut faire école.
1. Analyse des faits du terrorisme
Le terrorisme djihadiste est un mouvement politique qui repose souvent sur une interprétation étroite de l’islam faite par une minorité devant plus d’un milliard et demi de musulmans. Le fait semble plus politique à certains égards : L’apparition d’organisations comme l’Etat islamique ou Al-Qaida ou ansar Dine et Aqmi est dans une certaine mesure symptomatique de la crise de légitimité et de gouvernance .Elle coïncide souvent aussi avec des années, voire des siècles d’ingérence occidentale. Pour relever un seul exemple ; l’envahissement de l’Irak en 2003 et aussi la guerre par intérêts interposés en Syrie ne furent pas étrangers à l’émergence et le développement de ISIS.
Mais quelle que soit la cause ; nous affirmons d’emblée au regard des actions précitées de Serigne Touba que L'islam est une religion de miséricorde qui ne permet pas le terrorisme. Des lors le comportement mouride nous demande de condamner toute velléité agressive et radicale pour adopter une attitude amicale, tolérante, et compatissante.
Au demeurant je vous ai toujours prescrit à vous mes Talibes de donner l’exemple et être appréciés pour votre maturité, votre tolérance, votre modération, votre modestie et pacifisme. Le jeune Mouride musulman tout en pratiquant l'islam de la meilleure façon doit aussi être un garant de l’ordre social et de la bonne parole. Ainsi communiquer l'islam aux autres et le défendre contre des idées étrangères à lui est un devoir qui vous incombe en un monde de twitter et de Facebook. Dans le verset ci-dessous, Dieu indique clairement cette attitude en disposant : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. (Le Coran, sourate an-Nahl, verset 125)
Certes l’Islam est confronté à des questions majeures dont celle de l'engagement pour la paix. Or il se trouve justement que le Magal est en est une exaltation. Serigne Touba par la démarche adoptée lors des évènements que célèbrent le Magal a répondu de belle manière au débat idéologique qui secoue le monde ; le fait de provoquer la terreur dans les cœurs de civils sans défense, la destruction massive d'édifices et de propriétés, le bombardement et la mutilation d'hommes, de femmes et d'enfants innocents sont tous des actes interdits aux yeux de l'islam.
De manière générale les musulmans pratiquent une religion basée sur la paix, la miséricorde et le pardon, et la vaste majorité d'entre eux n'ont rien à voir avec les violents événements que certains associent aux musulmans. Des lors il faudra s’insurger aussi contre une certaine presse à outrance qui vise à discréditer l’islam. On oublie par exemple souvent l'histoire de la Palestine qui fut conquise par Omar, (RA) .La tolérance, la maturité et la bonté dont il fit preuve envers les gens de différentes croyances en son entrée à Jérusalem demeura légendaire. D’ailleurs c’est à cette période que s’inaugure un bel âge où les musulmans ont apporté la civilisation à Jérusalem et à toute la Palestine en mettant fin à la barbarie.
2. La solution dans les actions de Serigne Touba précitées.
Les forces militaires ou les drones ne suffiront pas pour supprimer le terrorisme. Il faudrait plutôt penser à répandre le message de paix et de tolérance de Cheikhoul Khadim. La doctrine mouride nous apprend la tendresse, la compassion, l’humilité, le pardon, la tolérance et les conceptions de justice, à l’aune de ce verset du Coran (Sourate Yunus, 25) :"Allah appelle à la demeure de la paix... "
L'ordre donné par Dieu à Moïse et à Aaron d'aller à Pharaon et de lui parler doucement est un exemple qui nous éclaire sur ce point:Allez vers Pharaon: il s'est vraiment rebellé. Puis, parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-t-il ou (Me) craindra-t-il? (Le Coran, sourate Ta-Ha, versets 43-44)
Serigne Touba dans la crise de 1903 écrira au gouverneur pour lui demander d’avoir de bonnes opinions sur lui. La lettre est dans les Archives du Sénégal.
Dans Prelude aux Eloges il écrit “J’ai pardonné a tous mes ennemis pour complaire à Celui qui les a chassés loin de moi. Ainsi, ne chercherai-je pas à me venger.» Dans Midadi il réitère “(...) Je leur ai accordé mon pardon pour la seule force de Dieu, avec une pureté de cœur et pour la satisfaction de celui dont les traces sont suivies...” .De même dans l’écrit « félicité des deux mondes » il prie pour ses détracteurs en ces termes : « Dieu pardonne à ceux qui m’ont calomnié et blâmé. » Aussi il n’a jamais haï un adversaire fut-il aussi zélé que Merlin ou Allys. Au contraire il fit sien ces paroles du Coran dans la sourate 3, (de la famille d’Imran) « Le fait qu’ils soient coupables ne te permet pas de décider de leur sort. C’est à Dieu seul qu’il appartient de leur pardonner ou de les punir. »
Chers Talibes ; la voie de Cheikhoul Khadim est à vrai dire la meilleure des voie pour une félicité des deux mondes. !
Assamaleikoum Wa Rahmatoullah.
Serigne Khadim Lo Gaydel
AU NOM DE DIEU LE CLEMENT, LE MISERICORDIEUX
QU’ALLAH, DANS SA GRANDE MANSUETUDE ACCORDE, LE SALUT SUR CELUI QUI A ACQUIS LA PRECELLENCE ALORS QUE L’AÏEUL ETAIT ENCORE VOILE DANS LA BOUE ; LE PROPHETE MOHAMMAD. (SWS)
QUE SALUT SOIT SUR L’AUGUSTE FAMILLE DU PROPHETE MOHAMMAD (SWS) ET SES HONORABLES COMPAGNONS.
QU’HONNEUR SOIT SUR CELUI QUI EST SON SERVITEUR PAR EXCELLENCE ; LA PURETE DE LA CHARIA ET L’EXEMPLE VIVANT DE LA SUNNA ; CHEIKH AHMADOU BAMBA AL MBACKIYOU
Chers Talibés
Nous voici encore réunis en ce jour de grâces et remercions-en le Seigneur !
Le Magal ; évènement le plus important de la communauté mouride commémore l’odyssée d’un saint Homme qui s’est toujours prévalu de son état d’esclave exalté de Dieu et de serviteur a demeure du sceau des Prophètes (sws). Il est pour nous mourides ; un moment pour renouveler notre Baaya (contrat) avec la voie de ce Saint de Touba.
Permettez-moi d’abord prier pour que Cheikh Sidy Mokhtar puisse accomplir sa destinée avec la communauté et de le remercier de ses largesses envers nous en ce jour.
Comme réitéré chaque année ; venir à Touba c’est aussi revisiter l’œuvre et la pensée de Cheikhoul Khadim pour en tirer des leçons qui puissent nous servir de parchemin en ce monde si tourmenté où de bâbord à tribord ; le bateau prend de l’eau.
Il est certain que le fait que nous célébrons le départ d’exil et non le retour, revêt un cachet bien singulier en ce que les évènements qui ont présidés au départ pour l’exil ont été déterminants dans la vie et l’œuvre de l’apôtre de Touba (33 ans de privation de liberté). Nonobstant jugés dans l’espace et le temps ; ces mêmes évènements sont certes porteurs d’enseignements. Nous dirons même que comparés au monde contemporain, ils semblent apporter une certaine réponse quant à la conduite à adopter devant certaines questions religieuses et sociales de l’heure.
En tout état de cause un fait persiste ; analysé sur tous les angles le départ pour l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba ne peut se définir que comme un plaidoyer pour la paix ; une apologie de celle-ci.
Ainsi nous analyserons en premier lieu l’option pacifiste développée par le Cheikh face aux agressions multiples .En second lieu nous essayerons d’en tirer des enseignements face aux problèmes du moment comme celui du terrorisme.
A. L’option de paix devant les multitudes agressions
1. Les péripéties du départ et les options qui s’offraient à lui
Malgré les agressions multiples et de l’environnement hostile ; Cheikhoul Khadim demeura stoïque. De fait c’est sa croyance absolue au Décret irrévocable qui lui permit de battre en brèche les actions des hommes.
Ainsi ce fut ce jour de 18 Safar de l'an 1313 de l'Hégire (18 Août 1895) qu'Ahmadou Bamba quitta la résidence qu'il avait construite dans le Djolof pour l’enseignement et l’éducation des masses pour se confronter au colonisateur. Ils se rencontrèrent à Djewol. Devant la furie des cavaliers ; il se contenta de 50 basmallah qui firent bien l’affaire. Il se permit même de passer la nuit en ces lieux ; de son propre gré. Les colonisateurs savaient trop bien que tous ces agissements avaient l’effet néfaste de les démystifier aux yeux de la population. D’ailleurs c’est ce qui semble expliquer la disproportion des forces requises lorsqu’il s’agissait de Serigne Touba.
Qu’à cela ne tienne ! Cheikhoul Khadim donnait un bon exemple de courage aux populations à chaque fois qu’il fut en face de ses ennemis .Et le peuple notait ! Par exemple lorsqu’ils quittèrent Coki vers Saint Louis ; il se mit à éperonner son cheval si rapidement que les spahis avaient de la peine à le rejoindre. Parfois un des gardes lui disait " Marchons doucement, ne nous fatiguons pas." Il répondait : « Mais, venez! Comment des hommes dépêchés par leur chef pour accomplir une mission se permettent-ils de marcher doucement ? »
L’abandon à Dieu fut le substratum de l’action de Serigne Touba. Il était un esclave exalté de Dieu qui se suffisait de son Maitre. Des lors il ne préoccupait guère des plans ourdis des ennemis. Dans les faits, Cheikhoul Khadim fit montre de tout temps de la quintessence du verset Abrahamique « Hasbounallah wani’emal Wakil. » . On peut affirmer que le Cheikh fut Mohammadien par caractère et Abrahamien par préoccupation en ce qu’il amalgamait en parfaite symbiose l'application de la Sunnah du Prophète Mohammed (psl) à la pratique concrète de la confiance à Dieu ; telle enseignée par le Prophète Abraham (psl)
Et pourtant devant ce tumulte impérialiste ; des options s'offraient à lui !
L’une aurait été de continuer à s'esseuler solitairement tout en faisant fi des turpitudes de ce monde immédiat. Pour le Cheikh cela équivaudrait certainement à ne pas s'occuper des souffrances des populations. Ce qui n’était pas de son caractère.
L'autre option aurait été l’application d’une certaine violence de fait qui du reste pouvait trouver sa justification dans la résistance face à l’oppression.
D’autres l’ont fait avec indubitablement des résultats mitigés !
Dans la Sénégambie par exemple Lat Dior Latyr Diop s’opposa vaillamment à la pénétration française, surtout à partir de 1875, date à laquelle le Gouverneur Brière De L’Isle décida de construire le chemin de fer reliant Dakar à Saint Louis. La résistance de Lat. Dior ne fit pas long feu. De même El hadj Omar(RA) après un succès à Marcoia le 20 novembre 1859 puis Niamina le 23 mai 1860 connut une fin d’épopée dans les falaises de Bandiagara le 12 février 1864. Son fils Ahmadou, après une série de rapports tumultueux faits de révoltes et d’alliances fut astreint à quitter sa capitale qui tomba en 1890 sous un déluge de feu. Aussi le Saint Samory Toure ; Napoléon noir de l’Afrique avec ses fameux Sofas finit par perdre son empire tout comme le roi Béhanzin est surpris le 19 janvier 1894 par la colonne expéditionnaire dirigée par Dodds.
Aussi entre 1885 et 1887 Hamdou Lamine subit 1’echec, de même que Fodé Sylla, le Marabout Roi de Kombo .Ce sera de même pour Fodé Kabba, le chef Musulman de Niamina et des districts de Casamance et de Gambie (1898 et 1901). (Que Dieu soit satisfait d’eux).
Malgré la défaite de ces d’éminents héros d’Afrique ; l’option de guerre pouvait bien réussir dans ce cas-ci car la détermination de ses talibes était bien exemplaire et unique dans l’histoire. Il ne fait de doute que si le Cheikh avait pris les armes ; le résultat serait bien diffèrent. La différence étant ici la dévotion des Mourides à sa cause. Preuve de cela ne peut être plus probante que le témoignage de Lesselves ; qui dispose : “Les plus injustes des hommes et les plus ignorants de réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations à lui prêter I ’ambition du pouvoir temporel. Je sais que les Prophètes et les saints qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh.”.
Cheikhoul Khadim opta plutôt pour une autre forme de résistance en prenant sur ses épaules toutes les souffrances de son peuple .C’est en cela que le Magal aujourd'hui est l'expression de la réussite.
2. L’option pacifiste en ses fondements.
Le premier critère d’appréciation de l’action de Cheikh Ahmadou Bamba est bien sûr la démarche non-violente en toutes ses formes. Serigne Touba s’était toujours interdit la violence. Ainsi à Alboury Ndiaye qui lui proposait la guerre sainte pour venir à bout des toubabs, il répondit: « Je ne suis pas venu sur terre pour verser le sang de mes semblables. ». La même réponse fut servie à Lat Dior.
Plus tard de retour du Gabon ; lors de la seconde crise de 1903 ; il allait réitérer cette position ferme à Oumar Niang. En effet ce dernier était envoyé par les français pour l’espionner. Après avoir fouillé sans succès le village pour tenter de découvrir une fameuse cachette d’armes, il vint se présenter au Cheikh qui lui affirma clairement ses intentions : « La route que j’ai prise m’interdit formellement de tirer ou de faire tirer des coups de fusil sur des créatures de Dieu”. Serigne Touba en serviteur par excellence du Prophète (psl) montra toute le pacifisme encré en L’Islam. Faisant sien le dernier sermon du Prophète en la promotion du concept de Djihadou ; Nafs ; il se proscrit toute forme de brutalité qui saurait être dramatique pour les populations.
Aussi le second critère d’appréciation de cette action est la connotation religieuse dans la lutte. La croyance à Dieu empreinte fondamentalement son attitude de tout temps aussi bien en face aux royautés que de l’administration coloniale. C’est la recherche de la Vérité Suprême. Ainsi il se proposa une libération du peuple par le culte exclusif de Dieu. De fait, l’idéologie motrice a toujours été la défense de son peuple noir contre toute forme d’agression et l’Apôtre de la race noire réussira en dépit des épreuves à préserver 1’eclat et la pureté de son idéal.
Faire de la recherche de la face divine, la raison de vivre et de placer toute sa confiance en lui tel est le piédestal de cette non-violence et Cheikh Ahmadou Bamba en fut le vrai promoteur.
Des lors l’histoire retiendra de lui un maitre du romantisme révolutionnaire et le héros par excellence du Peuple noir si meurtri.
Dès lors ils se sont trompés ceux qui prétendent que la religion est l’opium du peuple ! Khadim Rassoul a prouvé qu’en certaines situations d’oppression, la religion pouvait servir de valeur – refuge et ainsi sauver son peuple du projet d’acculturation qui était en fait le vrai but visé.
Et au bout du compte il réussit dans son projet de résistance non violente en ce qu’il parvint à assoir une véritable révolution culturelle qui produisit un homme nouveau qui ne sera jamais acculturé : c'est-à-dire le mouride.
Ainsi le mouridisme est devenu une voie universelle regroupant de nos jours toutes les races et toutes les couleurs ; Ils sont noirs, jaunes, blancs à faire le pied de grue pour accéder au mausolée du Saint de Touba lors du Maggal et quelle revanche sur l’histoire !
Dans Assirul Mahal Abraari il précise lui-même. “Les leurres des êtres ont trompé les blancs de leurs tentatives contre moi. Ils nourrissaient 1’espoir de pouvoir me tuer et leur espoir a été déchu...”
Aussi dans le débat contre le terrorisme ; une telle action mérite réflexion
A. Dans le débat actuel du terrorisme ; L’odyssée de cheikhoul Khadim peut faire école.
1. Analyse des faits du terrorisme
Le terrorisme djihadiste est un mouvement politique qui repose souvent sur une interprétation étroite de l’islam faite par une minorité devant plus d’un milliard et demi de musulmans. Le fait semble plus politique à certains égards : L’apparition d’organisations comme l’Etat islamique ou Al-Qaida ou ansar Dine et Aqmi est dans une certaine mesure symptomatique de la crise de légitimité et de gouvernance .Elle coïncide souvent aussi avec des années, voire des siècles d’ingérence occidentale. Pour relever un seul exemple ; l’envahissement de l’Irak en 2003 et aussi la guerre par intérêts interposés en Syrie ne furent pas étrangers à l’émergence et le développement de ISIS.
Mais quelle que soit la cause ; nous affirmons d’emblée au regard des actions précitées de Serigne Touba que L'islam est une religion de miséricorde qui ne permet pas le terrorisme. Des lors le comportement mouride nous demande de condamner toute velléité agressive et radicale pour adopter une attitude amicale, tolérante, et compatissante.
Au demeurant je vous ai toujours prescrit à vous mes Talibes de donner l’exemple et être appréciés pour votre maturité, votre tolérance, votre modération, votre modestie et pacifisme. Le jeune Mouride musulman tout en pratiquant l'islam de la meilleure façon doit aussi être un garant de l’ordre social et de la bonne parole. Ainsi communiquer l'islam aux autres et le défendre contre des idées étrangères à lui est un devoir qui vous incombe en un monde de twitter et de Facebook. Dans le verset ci-dessous, Dieu indique clairement cette attitude en disposant : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. (Le Coran, sourate an-Nahl, verset 125)
Certes l’Islam est confronté à des questions majeures dont celle de l'engagement pour la paix. Or il se trouve justement que le Magal est en est une exaltation. Serigne Touba par la démarche adoptée lors des évènements que célèbrent le Magal a répondu de belle manière au débat idéologique qui secoue le monde ; le fait de provoquer la terreur dans les cœurs de civils sans défense, la destruction massive d'édifices et de propriétés, le bombardement et la mutilation d'hommes, de femmes et d'enfants innocents sont tous des actes interdits aux yeux de l'islam.
De manière générale les musulmans pratiquent une religion basée sur la paix, la miséricorde et le pardon, et la vaste majorité d'entre eux n'ont rien à voir avec les violents événements que certains associent aux musulmans. Des lors il faudra s’insurger aussi contre une certaine presse à outrance qui vise à discréditer l’islam. On oublie par exemple souvent l'histoire de la Palestine qui fut conquise par Omar, (RA) .La tolérance, la maturité et la bonté dont il fit preuve envers les gens de différentes croyances en son entrée à Jérusalem demeura légendaire. D’ailleurs c’est à cette période que s’inaugure un bel âge où les musulmans ont apporté la civilisation à Jérusalem et à toute la Palestine en mettant fin à la barbarie.
2. La solution dans les actions de Serigne Touba précitées.
Les forces militaires ou les drones ne suffiront pas pour supprimer le terrorisme. Il faudrait plutôt penser à répandre le message de paix et de tolérance de Cheikhoul Khadim. La doctrine mouride nous apprend la tendresse, la compassion, l’humilité, le pardon, la tolérance et les conceptions de justice, à l’aune de ce verset du Coran (Sourate Yunus, 25) :"Allah appelle à la demeure de la paix... "
L'ordre donné par Dieu à Moïse et à Aaron d'aller à Pharaon et de lui parler doucement est un exemple qui nous éclaire sur ce point:Allez vers Pharaon: il s'est vraiment rebellé. Puis, parlez-lui gentiment. Peut-être se rappellera-t-il ou (Me) craindra-t-il? (Le Coran, sourate Ta-Ha, versets 43-44)
Serigne Touba dans la crise de 1903 écrira au gouverneur pour lui demander d’avoir de bonnes opinions sur lui. La lettre est dans les Archives du Sénégal.
Dans Prelude aux Eloges il écrit “J’ai pardonné a tous mes ennemis pour complaire à Celui qui les a chassés loin de moi. Ainsi, ne chercherai-je pas à me venger.» Dans Midadi il réitère “(...) Je leur ai accordé mon pardon pour la seule force de Dieu, avec une pureté de cœur et pour la satisfaction de celui dont les traces sont suivies...” .De même dans l’écrit « félicité des deux mondes » il prie pour ses détracteurs en ces termes : « Dieu pardonne à ceux qui m’ont calomnié et blâmé. » Aussi il n’a jamais haï un adversaire fut-il aussi zélé que Merlin ou Allys. Au contraire il fit sien ces paroles du Coran dans la sourate 3, (de la famille d’Imran) « Le fait qu’ils soient coupables ne te permet pas de décider de leur sort. C’est à Dieu seul qu’il appartient de leur pardonner ou de les punir. »
Chers Talibes ; la voie de Cheikhoul Khadim est à vrai dire la meilleure des voie pour une félicité des deux mondes. !
Assamaleikoum Wa Rahmatoullah.
Serigne Khadim Lo Gaydel