Le reportage, une co-production Jeune Afrique-Canal+, soulignait que le Sénégal, premier producteur de sel en Afrique de l’Ouest, avec 450 000 tonnes chaque année, importe le quart de sa consommation de sel.
Nous avons cherché les preuves de cette affirmation.
Sur quoi Réussite s’est-elle basée ?
Africa Check a contacté les animateurs de l’émission qui ont précisé que «les chiffres de la production globale proviennent du ministère sénégalais de l’Economie ».
«Ce sont ceux de 2015 car à l’époque du tournage du sujet, les chiffres 2016 n’étaient pas disponibles», ajoutent-ils, dans un courrier électronique.
«446 976 tonnes de sel produites en 2015»
La Direction du redéploiement industriel (DRI) du ministère de l’Industrie et des Mines produit un document regroupant les principales productions industrielles au Sénégal et leurs estimations en milliers de tonnes de 1996 à 2015.
Toutefois, ce document transmis à Africa Check ne représentait que la production d’un échantillon d’unités des grandes entreprises industrielles, sans inclure les Groupements d’intérêt économique (GIE).
Or, d’après la DRI, « celles-ci sont agréées aux mécanismes préférentiels communautaires de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] et de la CEDEAO [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest], leur permettant d’exporter dans ces communautés en franchise de droits de douane et taxes assimilées ».
Pour sa part, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a indiqué à Africa Check qu’en 2015, le Sénégal a produit 446 976 tonnes de sel. En 2013 et 2014, le pays a récolté respectivement 412 499 et 421 074 tonnes de sel.
«93 651 tonnes de sel consommées en 2015»
L’ANSD nous a également fourni les chiffres sur la consommation locale, les exportations et les importations de sel. Si l’on additionne les chiffres concernant la consommation locale et l’importation du sel au Sénégal, en 2015, on voit que 93 651 tonnes ont été consommées par le pays.
Sachant que cette année-là , 23 207 tonnes de sel d’une valeur de 1,6 milliard de francs CFA ont été importées ; des chiffres qui portent à confirmer que le Sénégal importe le quart de sa consommation.
Toutefois, Adama Seck, statisticien à l’ANSD, a confié à Africa Check que «le sel importé n’est pas directement consommé par les ménages».
«Il entre pour l’essentiel dans le processus de production des industriels», a ajouté M. Seck, citant en exemple la fabrication de bouillons.
Le sel raffiné, très prisé par les industries alimentaires, les ménages, les ressortissants étrangers, les restaurants, les hôtels ou encore les pâtisseries, a une forte valeur marchande.
Tous les producteurs de sel au Sénégal, particulièrement dans le secteur informel, ne disposant pas de machines pour assurer le raffinage du sel collecté, ceci pourrait expliquer la nécessité de se procurer une partie de sel à l’extérieur du pays.
Conclusion : le Sénégal importe bien le quart de sa consommation en sel
Mentionnée dans un reportage diffusé dans l’émission Réussite, sur Canal+, l’affirmation selon laquelle le Sénégal, premier producteur de sel en Afrique de l’Ouest, importe le quart de sa consommation est correcte.
Les données de l’ANSD et de la DRI indiquent que les chiffres sur la consommation locale et l’importation du sel équivalent à 93 651 tonnes, pour l’année 2015.
Toutefois, l’ANSD a précisé que le sel importé n’est pas directement consommé par les ménages. Il est essentiellement destiné aux industries alimentaires qui l’utlise notamment comme intrants pour la fabrication de certains produits comme les bouillons.
Edité par Assane Diagne