En effet, Serigne Mboup n’a pas fréquenté l’école française. Il a fait ses humanités à Coki, la plus célèbre école d’enseignement coranique du Sénégal. Il est comme on dit au Sénégal un « Domi daara » (produit de l’ecole coranique). Est-ce là un atout ou une faiblesse ? Le concerné s’en défend. « Le Sénégal est dirigé depuis les Indépendances par un personnel issu de l’école française qui sont presque tous des fonctionnaires payés par l’État. Alors que la majorité de la population provient pour certains des daaras et évolue dans le secteur informel », aime à rappeler le candidat de la coalition « And Nawle-And Liggeey ». Mais dans ce lot, il y a un petit groupe qui a pu se formaliser pour devenir des capitaines d’industrie. Serigne Mboup est de ceux-là . Une preuve, s’il en est, de leur capacité managériale.
N’ayant pas fréquenté l’école française, la langue officielle du Sénégal, le Français, est-il un obstacle pour Serigne Mboup ? Certains invoque l’article 28 de la Constitution, exigeant du candidat de savoir parler, lire et écrire couramment dans la langue officielle, pour le disqualier. Ils s’etonnent même que le Conseil constitutionnel ait validé sa candidature. Seulement, Serigne Mboup a pu réparer ce handicap même s’il traîne encore des lacunes en Français. Mieux, il titille même d’autres langues comme l’Anglais qui est la langue utilisée par la majorité de ses partenaires économiques.
De « taalibé » (discipline de l’école coranique) à patron du holding CCBM, Seigne Mboup ne pouvait pas avoir la même vision que les autres candidats à l’élection présidentielle. Son slogan de campagne : « Daara J – Tool bi – Penc mi » en dit long sur son programme de gouvernance.
Mais ce programme, bien qu’attirant parce que different, suffira-t-il pour convaincre les Sénégalais ? Les Sénégalais, dont la majorité n’a pas fréquenté l’école française, sont-ils prêts à élire quelqu’un qui reflète leur propre image ? La réponse est dans les urnes.