Il y a moins d’un an, lorsque Mediapart interrogeait Matignon sur la vision africaine de Manuel Valls, le service diplomatique et de communication invitait poliment à aller voir du côté du Quai d’Orsay. Les choses ont bien changé aujourd’hui. Construisant son image de présidentiable depuis Matignon, le désormais ancien premier ministre a bien compris que ses ambitions passaient aussi par l’Afrique. Affichant un intérêt croissant pour le continent à quelques mois de l’échéance présidentielle, Manuel Valls a assumé une vision d’homme d’État à l’ancienne.
En passage éclair en Tunisie lundi 28 et mardi 29 novembre, Manuel Valls a traversé la Méditerranée trois fois depuis l'été 2016. Fin septembre, il faisait même la une du magazine panafricain Jeune Afrique à l’occasion de l’annonce de ses épopées africaines. D’abord au Sénégal les 22 et 23 septembre, puis fin octobre au Togo, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Après deux ans et demi à Matignon, il est allé partout où la France garde de l’influence. Si le temps du fameux « pré carré » africain est censé être du passé, c’est quand même surtout dans ces pays que Manuel Valls s'est rendu. « Contrairement à ce qui avait été promis, depuis 2012, la France est très peu sortie de sa zone d’influence traditionnelle », admet du bout des lèvres un diplomate.
Mais entre « realpolitik » et engagement, la ligne du premier ministre est insaisissable. À l’image d’un président, qui, durant son quinquennat, n’a fait de la diplomatie qu’à coups de canons ou de communiqués de presse contradictoires et moralisateurs. D’un côté, Manuel Valls déclare en janvier 2016, sur le plateau de « On est pas couché », que le président du Gabon, Ali Bongo, n’a pas été élu « comme on l’entend », faisant référence au scrutin très contesté de 2009.
De l’autre, il salue les résultats du scrutin de cette année, où les dés ont été pipés : « Je prends acte des résultats », dit-il à France 24 lors de son passage en Côte d’Ivoire. « C’est la cour constitutionnelle qui devait trancher », ajoute-t-il, feignant d’oublier qu’à la tête de cette chambre, se trouve depuis dix-huit ans Marie-Madeleine Mborantsuo, ancienne maîtresse du défunt président Omar Bongo – reçue lundi 28 novembre à Paris par le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Claude Marin.
Outre le Gabon, les élections au Tchad et au Congo-Brazzaville font ainsi figure d’occasions manquées. Dans ces deux pays, les présidents totalisent à eux deux cinquante-sept années au pouvoir et viennent d’imposer leur maintien aux affaires en réprimant les foules. Au Tchad, « nous sommes alliés dans la lutte contre le terrorisme », argue Manuel Valls dans les colonnes de Jeune Afrique. Au Congo-Brazzaville, son silence assourdissant prend une tournure toute particulière lorsque l’on se souvient qu’il a décoré un intime du président Sassou-Nguesso, le Français Jean-Yves Ollivier. Ce « missus dominicus » de Chirac en Afrique est proche de l’épouse de Valls, Anne Gravoin, et du marchand d’armes sud-africain Ivor Ichikowitz. Et tous deux apparaissent dans les structures qui sponsorisent l’orchestre d’Anne Gravoin (ce que Mediapart a déjà raconté).
Répétant que la Françafrique est terminée, le premier ministre s’inquiète néanmoins dans Jeune Afrique de voir que certaines habitudes ont la peau dure : « Quand je vois un certain nombre d’individus qui parcourent encore le continent pour le compte de tel ou tel candidat, je ne peux nier qu’il reste encore quelques vieilles pratiques. » Des insinuations d’autant plus étonnantes que les observateurs des réseaux franco-africains n’ont pu passer à côté des aller et retours, prises de contacts et entrevues de plusieurs de ses proches avec des personnalités africaines de premier plan.
En Afrique peut-être plus qu’ailleurs, l’entourage est une information en elle-même. C’est en observant ses réseaux que l’on peut mieux comprendre la place que prend le continent dans les plans de Manuel Valls. En la matière, la personnalité d’Ibrahima Diawadoh N’Jim a fait couler beaucoup d’encre. Déjà en début d’année, Mediapart avait mis en lumière, après la Lettre du Continent, la place prépondérante de cet intime du premier ministre. Témoin de son mariage avec Anne Gravoin, ce conseiller au parcours atypique reçoit à Matignon sans apparaître dans la liste des membres du cabinet. Sa carte de visite le présente comme « Chargé de mission auprès du Premier ministre ».
Auparavant « chargé des cultes », Ibrahima Diawadoh N’Jim expliquait tout récemment à Mediapart (lire notre Boîte noire) que ses fonctions étaient plus larges que ça : « Je m’occupe toujours du culte, mais aussi du Maghreb et de l’Afrique », un domaine d’activités qu’il explique par la confiance entre lui et son « ami Manuel ». Très demandé des personnalités africaines, N’Jim, comme le surnomment ses amis, est courtisé par nombre d’intermédiaires basés en France ou en Afrique. C’est ainsi qu’en juillet, une délégation de ministres gabonais a pris langue avec plusieurs cabinets ou personnalités influentes pour obtenir un rendez-vous avec lui. Ces ministres voulaient s’assurer du soutien du premier ministre français.
Les voyages à répétition de Jean-Marie Le Guen
« Des officiels gabonais sont venus mais par les voies officielles, se défend le chargé de mission, j’ai assisté au rendez-vous parce que la cellule diplomatique m’invite à me joindre à eux quand ils le jugent nécessaire. » Au même moment, Jean-Marc Ayrault, le ministre des affaires étrangères, assurait à Jean Ping, le rival du président sortant Ali Bongo, que la France le soutiendrait… Une schizophrénie politique qui en dit long sur le fonctionnement de la politique étrangère de la France depuis quelques années.
L’imbroglio a permis aux voies informelles de prospérer. En septembre par exemple, N’Jim a été aperçu avec un groupe de personnes, dont la belle-sœur de Yasser Arafat, à l’hôtel Bristol de Paris. Quelques jours plus tard, la veuve du dirigeant palestinien, Souha Arafat, a été reçue à Matignon. Une information que confirme le principal intéressé : « C’est une amie de trente ans, elle avait un problème administratif à régler et ça a été réglé. » De là à parler de diplomatie parallèle, il y a un pas que le chargé de mission se refuse à franchir : « Ça n’est pas de la diplomatie parallèle, je respecte les voies officielles. Mais si des gens ont des problèmes et que je peux les aider sans que ça n’aille à l’encontre des intérêts du pays il me semble normal d’aider. »
Si presque tout a été écrit sur Ibrahima Diawadoh, ce dernier n’a pas apprécié cet intérêt soudain : « Franchement, me traiter de marabout ou imaginer que je suis dans tous les réseaux louches est à la limite de l’obsession. J’ai un rôle officiel et donc je travaille, la semaine prochaine je serai à Dakar pour le sommet sur la sécurité, on va encore dire que ma présence est suspecte ? Si je n’étais pas noir ou d’origine mauritanienne, personne n’aurait trouvé bizarre que je continue à être proche de Manuel Valls que je soutiens depuis plus de quinze ans et ne trahirai jamais », s’agace-t-il.
Toujours est-il que cette soudaine publicité ne lui a porté aucun préjudice, bien au contraire. En Côte d’Ivoire, sa présence à la table d’honneur a marqué les esprits des invités. « Sa valeur sur le marché de la diplomatie parallèle n’a jamais été aussi haute puisque que Manuel ne le désavoue pas et le confirme, tout le monde pense qu’il pèse », estime un de ces amis. À Évry aussi, sa personnalité est largement critiquée par d’anciens compagnons de route qui s’étonnent de l’avoir vu grimper les échelons dans les valises de Valls. Officiellement, Ibrahima Diawadoh est présent deux jours par semaine pour occuper son autre tâche de chargé de mission, cette fois pour « la coopération décentralisée et la vie locale auprès du maire actuel ». Un cumul de bureaux et de fonctions aux contours fluctuants auquel s’ajoute sa nomination au CESE révélée par Mediapart.
Ces derniers mois, un tandem se serait formé avec Jean-Marie Le Guen, nommé ce mardi secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie. « Oui, ils forment la paire, ils s’adorent et disent beaucoup de bien l’un de l’autre », abonde un proche des deux hommes. « Monsieur Le Guen est un ami de Manuel Valls, quand il a fait son voyage en Afrique il a voulu être entouré de quelqu’un de Matignon qui connaît l’Afrique alors j’y suis allé », minimise N’Jim.
Le tropisme africain de l'ancien secrétaire d’État chargé des relations avec le parlement est confirmé par plusieurs sources bien informées : « Sans que l’on comprenne pourquoi, il cherche régulièrement à rencontrer des personnalités d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb, raconte un lobbyiste qui le connaît bien. Mais à mon avis, ça n’a rien de relation d’affaires, Jean-Marie aime connaître du monde, fait toujours mille choses. » C’est ainsi que Jean-Marie Le Guen a pu recevoir des personnalités ayant peu de liens avec l’Assemblée, le Sénat ou une quelconque chambre représentative, même étrangère. À Matignon, on explique sa présence lors du voyage au Ghana, Togo, Côte d’Ivoire « pour en profiter pour prendre des contacts parlementaires ». « Il est aussi possible qu’il songe à une reconversion », concédait un de ses amis.
C’est bien souvent dans l’entourage même de Manuel Valls qu’il faut regarder pour comprendre les positions de celui qui est désormais candidat à la présidentielle. C’est sous ce jour tout particulier que l’on peut notamment comprendre la visite surprenante au Togo. Cette visite a fait grandir les suspicions. « C’est hallucinant ce voyage au Togo, s’esclaffe un ancien diplomate, qu’est-ce qu’on va faire dans ce pays où la France n’a quasiment pas d’intérêt économique, aucun intérêt stratégique et dirigé par un Faure Gnassingbé aux pratiques plus que contestables ? »
Dans l’entourage de Manuel Valls, on écarte tout soupçon de connivence avec le pouvoir de Faure Gnassingbé comme tout motif inavouable. « C’est beaucoup plus simple que ça, explique un participant au voyage, le premier ministre a voulu faire plaisir à Pacôme Yawovi Adjourouvi, voilà tout. » Premier adjoint au maire d’Évry, où il a travaillé avec Manuel Valls lorsque celui-ci était maire de la ville, Pacôme Adjourouvi est né et a grandi au Togo. « C’est me faire trop d’honneur, ces voyages s’organisent d’État à État, on ne se base sûrement pas sur une seule personne », se défend ce dernier qui ne souhaite pas répondre sur ses liens avec l’autocrate togolais. En 2012, dans un portrait hagiographique dressé par Jeune Afrique, on apprenait que l’élu d’Évry « n’est pas peu fier d’être régulièrement reçu par le président Faure Gnassingbé, un ami d’enfance ».
(Mediapart)
En passage éclair en Tunisie lundi 28 et mardi 29 novembre, Manuel Valls a traversé la Méditerranée trois fois depuis l'été 2016. Fin septembre, il faisait même la une du magazine panafricain Jeune Afrique à l’occasion de l’annonce de ses épopées africaines. D’abord au Sénégal les 22 et 23 septembre, puis fin octobre au Togo, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Après deux ans et demi à Matignon, il est allé partout où la France garde de l’influence. Si le temps du fameux « pré carré » africain est censé être du passé, c’est quand même surtout dans ces pays que Manuel Valls s'est rendu. « Contrairement à ce qui avait été promis, depuis 2012, la France est très peu sortie de sa zone d’influence traditionnelle », admet du bout des lèvres un diplomate.
Mais entre « realpolitik » et engagement, la ligne du premier ministre est insaisissable. À l’image d’un président, qui, durant son quinquennat, n’a fait de la diplomatie qu’à coups de canons ou de communiqués de presse contradictoires et moralisateurs. D’un côté, Manuel Valls déclare en janvier 2016, sur le plateau de « On est pas couché », que le président du Gabon, Ali Bongo, n’a pas été élu « comme on l’entend », faisant référence au scrutin très contesté de 2009.
De l’autre, il salue les résultats du scrutin de cette année, où les dés ont été pipés : « Je prends acte des résultats », dit-il à France 24 lors de son passage en Côte d’Ivoire. « C’est la cour constitutionnelle qui devait trancher », ajoute-t-il, feignant d’oublier qu’à la tête de cette chambre, se trouve depuis dix-huit ans Marie-Madeleine Mborantsuo, ancienne maîtresse du défunt président Omar Bongo – reçue lundi 28 novembre à Paris par le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Claude Marin.
Outre le Gabon, les élections au Tchad et au Congo-Brazzaville font ainsi figure d’occasions manquées. Dans ces deux pays, les présidents totalisent à eux deux cinquante-sept années au pouvoir et viennent d’imposer leur maintien aux affaires en réprimant les foules. Au Tchad, « nous sommes alliés dans la lutte contre le terrorisme », argue Manuel Valls dans les colonnes de Jeune Afrique. Au Congo-Brazzaville, son silence assourdissant prend une tournure toute particulière lorsque l’on se souvient qu’il a décoré un intime du président Sassou-Nguesso, le Français Jean-Yves Ollivier. Ce « missus dominicus » de Chirac en Afrique est proche de l’épouse de Valls, Anne Gravoin, et du marchand d’armes sud-africain Ivor Ichikowitz. Et tous deux apparaissent dans les structures qui sponsorisent l’orchestre d’Anne Gravoin (ce que Mediapart a déjà raconté).
Répétant que la Françafrique est terminée, le premier ministre s’inquiète néanmoins dans Jeune Afrique de voir que certaines habitudes ont la peau dure : « Quand je vois un certain nombre d’individus qui parcourent encore le continent pour le compte de tel ou tel candidat, je ne peux nier qu’il reste encore quelques vieilles pratiques. » Des insinuations d’autant plus étonnantes que les observateurs des réseaux franco-africains n’ont pu passer à côté des aller et retours, prises de contacts et entrevues de plusieurs de ses proches avec des personnalités africaines de premier plan.
En Afrique peut-être plus qu’ailleurs, l’entourage est une information en elle-même. C’est en observant ses réseaux que l’on peut mieux comprendre la place que prend le continent dans les plans de Manuel Valls. En la matière, la personnalité d’Ibrahima Diawadoh N’Jim a fait couler beaucoup d’encre. Déjà en début d’année, Mediapart avait mis en lumière, après la Lettre du Continent, la place prépondérante de cet intime du premier ministre. Témoin de son mariage avec Anne Gravoin, ce conseiller au parcours atypique reçoit à Matignon sans apparaître dans la liste des membres du cabinet. Sa carte de visite le présente comme « Chargé de mission auprès du Premier ministre ».
Auparavant « chargé des cultes », Ibrahima Diawadoh N’Jim expliquait tout récemment à Mediapart (lire notre Boîte noire) que ses fonctions étaient plus larges que ça : « Je m’occupe toujours du culte, mais aussi du Maghreb et de l’Afrique », un domaine d’activités qu’il explique par la confiance entre lui et son « ami Manuel ». Très demandé des personnalités africaines, N’Jim, comme le surnomment ses amis, est courtisé par nombre d’intermédiaires basés en France ou en Afrique. C’est ainsi qu’en juillet, une délégation de ministres gabonais a pris langue avec plusieurs cabinets ou personnalités influentes pour obtenir un rendez-vous avec lui. Ces ministres voulaient s’assurer du soutien du premier ministre français.
Les voyages à répétition de Jean-Marie Le Guen
« Des officiels gabonais sont venus mais par les voies officielles, se défend le chargé de mission, j’ai assisté au rendez-vous parce que la cellule diplomatique m’invite à me joindre à eux quand ils le jugent nécessaire. » Au même moment, Jean-Marc Ayrault, le ministre des affaires étrangères, assurait à Jean Ping, le rival du président sortant Ali Bongo, que la France le soutiendrait… Une schizophrénie politique qui en dit long sur le fonctionnement de la politique étrangère de la France depuis quelques années.
L’imbroglio a permis aux voies informelles de prospérer. En septembre par exemple, N’Jim a été aperçu avec un groupe de personnes, dont la belle-sœur de Yasser Arafat, à l’hôtel Bristol de Paris. Quelques jours plus tard, la veuve du dirigeant palestinien, Souha Arafat, a été reçue à Matignon. Une information que confirme le principal intéressé : « C’est une amie de trente ans, elle avait un problème administratif à régler et ça a été réglé. » De là à parler de diplomatie parallèle, il y a un pas que le chargé de mission se refuse à franchir : « Ça n’est pas de la diplomatie parallèle, je respecte les voies officielles. Mais si des gens ont des problèmes et que je peux les aider sans que ça n’aille à l’encontre des intérêts du pays il me semble normal d’aider. »
Si presque tout a été écrit sur Ibrahima Diawadoh, ce dernier n’a pas apprécié cet intérêt soudain : « Franchement, me traiter de marabout ou imaginer que je suis dans tous les réseaux louches est à la limite de l’obsession. J’ai un rôle officiel et donc je travaille, la semaine prochaine je serai à Dakar pour le sommet sur la sécurité, on va encore dire que ma présence est suspecte ? Si je n’étais pas noir ou d’origine mauritanienne, personne n’aurait trouvé bizarre que je continue à être proche de Manuel Valls que je soutiens depuis plus de quinze ans et ne trahirai jamais », s’agace-t-il.
Toujours est-il que cette soudaine publicité ne lui a porté aucun préjudice, bien au contraire. En Côte d’Ivoire, sa présence à la table d’honneur a marqué les esprits des invités. « Sa valeur sur le marché de la diplomatie parallèle n’a jamais été aussi haute puisque que Manuel ne le désavoue pas et le confirme, tout le monde pense qu’il pèse », estime un de ces amis. À Évry aussi, sa personnalité est largement critiquée par d’anciens compagnons de route qui s’étonnent de l’avoir vu grimper les échelons dans les valises de Valls. Officiellement, Ibrahima Diawadoh est présent deux jours par semaine pour occuper son autre tâche de chargé de mission, cette fois pour « la coopération décentralisée et la vie locale auprès du maire actuel ». Un cumul de bureaux et de fonctions aux contours fluctuants auquel s’ajoute sa nomination au CESE révélée par Mediapart.
Ces derniers mois, un tandem se serait formé avec Jean-Marie Le Guen, nommé ce mardi secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie. « Oui, ils forment la paire, ils s’adorent et disent beaucoup de bien l’un de l’autre », abonde un proche des deux hommes. « Monsieur Le Guen est un ami de Manuel Valls, quand il a fait son voyage en Afrique il a voulu être entouré de quelqu’un de Matignon qui connaît l’Afrique alors j’y suis allé », minimise N’Jim.
Le tropisme africain de l'ancien secrétaire d’État chargé des relations avec le parlement est confirmé par plusieurs sources bien informées : « Sans que l’on comprenne pourquoi, il cherche régulièrement à rencontrer des personnalités d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb, raconte un lobbyiste qui le connaît bien. Mais à mon avis, ça n’a rien de relation d’affaires, Jean-Marie aime connaître du monde, fait toujours mille choses. » C’est ainsi que Jean-Marie Le Guen a pu recevoir des personnalités ayant peu de liens avec l’Assemblée, le Sénat ou une quelconque chambre représentative, même étrangère. À Matignon, on explique sa présence lors du voyage au Ghana, Togo, Côte d’Ivoire « pour en profiter pour prendre des contacts parlementaires ». « Il est aussi possible qu’il songe à une reconversion », concédait un de ses amis.
C’est bien souvent dans l’entourage même de Manuel Valls qu’il faut regarder pour comprendre les positions de celui qui est désormais candidat à la présidentielle. C’est sous ce jour tout particulier que l’on peut notamment comprendre la visite surprenante au Togo. Cette visite a fait grandir les suspicions. « C’est hallucinant ce voyage au Togo, s’esclaffe un ancien diplomate, qu’est-ce qu’on va faire dans ce pays où la France n’a quasiment pas d’intérêt économique, aucun intérêt stratégique et dirigé par un Faure Gnassingbé aux pratiques plus que contestables ? »
Dans l’entourage de Manuel Valls, on écarte tout soupçon de connivence avec le pouvoir de Faure Gnassingbé comme tout motif inavouable. « C’est beaucoup plus simple que ça, explique un participant au voyage, le premier ministre a voulu faire plaisir à Pacôme Yawovi Adjourouvi, voilà tout. » Premier adjoint au maire d’Évry, où il a travaillé avec Manuel Valls lorsque celui-ci était maire de la ville, Pacôme Adjourouvi est né et a grandi au Togo. « C’est me faire trop d’honneur, ces voyages s’organisent d’État à État, on ne se base sûrement pas sur une seule personne », se défend ce dernier qui ne souhaite pas répondre sur ses liens avec l’autocrate togolais. En 2012, dans un portrait hagiographique dressé par Jeune Afrique, on apprenait que l’élu d’Évry « n’est pas peu fier d’être régulièrement reçu par le président Faure Gnassingbé, un ami d’enfance ».
(Mediapart)