« La transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains », a déclaré le chef de l’Etat français dans un discours prononcé à la veille d’une tournée africaine.
Cette réorganisation « n’a pas vocation à être un retrait ou un désengagement, mais elle se traduira en effet par (…) une africanisation, une mutualisation de ses grandes bases », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
« Vous aurez une réduction du nombre de nos militaires, qui s’accompagnera d’une montée en charge de leurs partenaires africains en fonction des besoins qui seront définis et précisés » dans les prochaines semaines, a-t-il ajouté.
Paris avait annoncé il y a un an vouloir discuter avec les Etats du golfe de Guinée, menacés par les jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, pour mettre au point une nouvelle relation.
Les déclarations de M. Macron interviennent après la fin de l’opération antiterroriste Barkhane au Sahel et le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso. Ces deux pays sont désormais contrôlés par des juntes militaires et un sentiment d’hostilité à l’égard de la France y est vivace.
L’idée est que l’armée française agisse désormais en « second rideau », a précisé l’Elysée.
– Pas de bases fermées –
« Ces bases ne seront pas fermées, mais elles seront transformées, elles deviendront pour les unes des académies, pour les autres des bases mais partenariales », a expliqué M. Macron. « Elles seront pour certaines rebaptisées, elles vont changer de physionomie, de logique d’empreintes ».
Selon lui, ces bases sont « un prétexte pour beaucoup d’opposants de la France et parfois un prétexte pour ne pas régler les problèmes politiques » sur le terrain. « La France n’est pas une assurance-vie au règlement des problèmes politiques des différents pays », a-t-il ajouté.
Sans donner de détails sur ces négociations avec les pays du golfe de Guinée, le président les a invités à exprimer « leurs besoins sécuritaires et militaires ».
« On restera, mais avec une empreinte réduite en propre », a-t-il promis, « mais nous allons plus former, plus équiper et mieux accompagner, parce que ce sera sur la base d’une demande exprimée ».
Le président est par ailleurs revenu sur le groupe paramilitaire russe Wagner, installé notamment en Centrafrique et au Mali, ce que la junte de Bamako continue de démentir et qui, outre ses activités militaires aux côtés des régimes en place, déploie des campagnes informationnelles dénigrant le rôle de Paris dans ces anciennes colonies.
« C’est un groupe de mercenaires criminels (…), l’assurance-vie des régimes défaillants ou des putschistes », a dénoncé Emmanuel Macron, évoquant des « comportements de prédation sur les mines, les ressources premières, voire de violences sur les populations, viols et autres ».
« Le rôle qui doit être le nôtre, c’est d’apporter une solution crédible (…). Et ma conviction c’est que les différents États africains, y compris ceux qui se sont tournés vers cette solution de court terme, finiront par s’en passer », a-t-il conclu.