Condamnés par les tribunaux sénégalais, les anciens détenus Assane Diouf et Cheikh Mbacké Gadiaga « sont des victimes » de l’aveugle machine judiciaire sénégalaise. Alors que les juges sénégalais les ont reconnus coupables d’actes délictuels, ceux de la Cedeao les ont trouvé sympathiques au point de condamner l’Etat du Sénégal. Et de l’obliger à leur payer la somme de 20 millions pour Assane Diouf et 10 millions pour Cheikh Mbacké Gadiaga.
Après les longues détentions qu’ils ont subies dans la prison centrale de Dakar, c’est vers une harassante course pour l’obtention de leurs indemnisations que se dirigent les sieurs Assane Diouf et Cheikh Mbacké Gadiaga. Engagés dans un bras de fer avec l’Etat du Sénégal pour faire reconnaitre le caractère arbitraire de leur détention, « l’insulteur public n°1 » du Sénégal et le sulfureux Cheikh Mbacké Gadiaga se sont vus récompensés dans leurs efforts de se faire reconnaitre le statut de victimes de la machine judiciaire sénégalaise.
En effet, alors que les tribunaux nationaux sont restés sourds à leurs doléances, ceux communautaires, notamment ceux d’Abuja, se sont penchés sur leurs dossiers. Par la voix de l’avocat, Me Ciré Clédor Ly, qui les représentait devant cette cour, ils ont pu plaider leurs causes. Et se faire entendre. Et dans le rendu de son verdict, le tribunal d’Abuja (au Nigéria) a déclaré que « la présomption d’innocence de Cheikh Mbacké Gadiaga a été violée » par la justice sénégalaise. Comme l’a été celle de Assane Diouf.
Aussi, les juges de la CEDEAO ont reconnu que leurs droits à être jugés dans un délai raisonnable ont été bafoués. Comme leurs droits à un procès équitable ont, aussi, été vendangés. « Tous ces manquements, à en croire les juges communautaires, les ont amené à subir de longues périodes de détention arbitraire. »
Au vu de tous ces manquements commis par les juges nationaux, ceux de la Cedeao ont condamné l’Etat du Sénégal à payer 10 millions de F CFA à Cheikh Mbacké Gadiaga. Et pour « l’insulteur public n°1 » -élargi de prison le lundi 25 février-, le tribunal d’Abuja lui a attribué la rondelette somme de 20 millions de FCFA. Alors que Me Clédor s’est tué à expliquer aux juges que Assane DIOUF a été victime de tortures, d’humiliation et de traitements dégradants dans sa prison, les juges ont estimé qu’en l’absence d’un certificat médical qui atteste de ces traitements, ils ne peuvent statuer l’a dessus.
Tournée cette page judiciaire, voila ouverte, à Dakar, celle de la récupération de la compensation financière. Si les législateurs sénégalais ont prévu le dédommagement de personnes arbitrairement détenues, l’administration -représentée par l’agent judiciaire de l’Etat- ne s’est, elle, jamais pliée à cette loi.
A ce propos, Cheikh Tidiane Diop, un homme amputé en prison à cause de mauvais traitements que lui ont fait subir les matons, a couru plusieurs années derrière l’agent judiciaire de l’Etat, Antoine Diome, pour récupérer son dû. Las de faire des va et vient devant le bureau de cet agent judiciaire, Cheikh Diop s’est, le 2 novembre 2018, aspergé d’essence devant les grilles du palais. Il est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital principal de Dakar. Et jusqu’aux dernières nouvelles, sa famille n’a jamais récupéré un seul centime de la part de l’Etat.