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LA TRAQUE INDECENTE CONTRE LE PREMIER MINISTRE


Rédigé le Lundi 15 Juillet 2013 à 19:56 | Lu 177 fois | 0 commentaire(s)



Abdoul Mbaye n’a jamais présenté au président de la République sa démission. La rumeur a couru pourtant la semaine dernière. elle a été savamment entretenue par des proches du président de la République. Des faucons qui veulent la tête du PM et qui usent de tous les moyens possibles et imaginables pour atteindre leur objectif. Avec la bénédiction du chef de l’Etat ?


LA TRAQUE INDECENTE CONTRE LE PREMIER MINISTRE

Vendredi 05 juin, la fausse information crépite sur les réseaux sociaux. Elle fait le buzz sur Internet et jette l’émoi dans quelques milieux. La fausse nouvelle préoccupe surtout de nombreux citoyens : « Abdoul Mbaye dépose sa lettre de démission entre les mains du Chef de l’Etat Â».
 

Le lendemain samedi 06, la plupart des journaux qui avaient annoncé la fausse nouvelle sur le fil de leurs éditions en ligne, revient à la charge et tente de sauver les meubles : « Abdoul Mbaye a déposé sa démission, mais le président de la République l’a refusée Â».
 

La désinformation est manifeste. Le plus surprenant dans cette fausse démission annoncée n’est pas la fausseté de l’information. Car, pour dire la vérité, beaucoup de nos confrères jouent le pus souvent, ces temps derniers, « aux ingénieurs météorologues Â», plutôt que d’informer, dès lors qu’ils évoquent les relations entre le Président de la République et son Premier ministre.
 

La Gazette a reçu confirmation des milieux proches de la Présidence de la République que la démission du Premier ministre, Abdoul Mbaye, n’a jamais été présentée au Chef de l’Etat. Des proches du Premier ministre démentent catégoriquement et ajoutent que cela ne lui a jamais traversé l’esprit.
 

L’intéressé lui-même dit, dans un entretien accordé en fin de semaine à certains journaux, ne pas craindre de perdre son poste, mais a plutôt peur de mal assumer ses fonctions et ne fait même pas allusion à la nouvelle. Sans doute, une manière de lui opposer un silence dédaigneux.
 

Le plus préoccupant dans la diffusion de cette fausse information, c’est le fait que la manipulation soit orchestrée par des proches du Chef de l’Etat. Cela est plus que révulsant. Toutes les sources contactées concordent pour dire que c’est l’un des Conseillers du président de la République, qui a entraîné la presse dans le sillage de cette information dénuée de tout fondement. Les Sénégalais étaient convaincus après le 25 mars 2012, que cette manière de faire était révolue.
 

Cela disparaîtrait, croyions-nous, avec l’avènement de Macky Sall. Au cours des douze dernières années sous la présidence de Me Abdoulaye Wade, des franc-tireurs embusqués s’activaient quotidiennement, depuis les allées de la Présidence de la République, à lancer des torpilles, pour atteindre le Premier ministre en charge de la conduite de l’action gouvernementale.
 

Si ce n’était pas un conseiller, un conseiller spécial ou un chargé de missions, c’était parfois un courtisan, simple quidam, qui attaquait dans les médias, le Pm. Cela semble repartir. Et ça part de tous les côtés et dans tous les sens. Il s’en trouve même dans le Gouvernement des ministres ou ministres conseillers que la tradition républicaine interdisait, il n y a guère longtemps, de siéger en Conseil des ministres, qui croient devoir ajouter leurs notes à la « symphonie Â» orchestrée contre le Premier ministre Abdoul Mbaye.
 

Moustapha Niasse, Mame Madior Boye, Idrissa Seck, Macky Sall, Adjibou Soumaré et Souleymane Ndéné Ndiaye ont tous subi le même sort, les mêmes attaques. Celles-ci ont été plus ou moins violentes et désobligeantes, selon les personnes, les circonstances et selon les intérêts du moment, en jeu.
 

Les Sénégalais ont besoin d’être édifiés, de savoir si toutes ces personnes qui attaquent de concert le Premier ministre reçoivent l’onction du Chef de l’Etat. Le cas échéant, il faut alors simplement désespérer du Sénégal. Dans le passé, il ne faisait nul doute que les détracteurs des Premiers ministres respectifs lançaient leurs attaques désobligeantes contre eux, en ayant l’autorisation du Chef d’orchestre : le Président de la République de l’époque.
 

Les circonstances actuelles et la récurrence des attaques portées contre Abdou Mbaye amènent à la question de savoir : à quand les ruptures attendues ? Si le Président laisse ainsi faire les contempteurs du Pm, il y a alors lieu de croire que toutes les charges ne lui déplaisent pas dans leurs manières de cibler son Premier ministre.
 

Complicité voulue ou faiblesse du Chef de l’Etat ? Les silences (coupables ?) du Président de la République laissent supposer que c’est l’une et l’autre raison à la fois. Le camp des irréductibles opposants aux changements promis par le Président de la république peut pavoiser, en étant certain, au terme de ses agissements, de torpiller la politique de ruptures engagée par le Chef de l’Etat et qui soulève un enthousiasme évident auprès des citoyens.
 

Ce qui se passe ne se justifie point par des insuffisances du Premier ministre, encore moins par des fautes dans la gestion de sa fonction et qu’on pourrait lui imputer. Tout cela annonce plutôt les tares d’une gestion approximative et hésitante, rappelant les douze ténébreuses années du régime libéral.
 

Pendant la période ainsi citée en référence, tous les matins, à chacune de leurs éditions d’informations, les radios, télés et journaux faisaient état de signes annonciateurs du renvoi imminent du chef du gouvernement en place : Moustapha Niasse, Mame Madior Boye, Idy, Macky, Adibou Soumaré, Souleymane Ndéné y ont tous goûté. Là, à l’instar d’une ritournelle, le refrain qui n’amuse plus personne reprend dans les médias du pays. Comme si cela n’avait pas déjà causé trop de torts au pays.
 

Ou bien le Chef de l’Etat fait confiance à Abdoul Mbaye et le laisse travailler en toute quiétude, en le protégeant contre ses détracteurs. Des détracteurs mus essentiellement dans leurs attaques par la poursuite d’intérêts égoïstes.
 

Ou bien alors, il le limoge, pour faire appel à un nouveau Pm, en qui il aura pleinement confiance et qui saura, dans une ambiance moins délétère, conduire la charge par lui confiée, dans l’intérêt de ce pays. L’attitude du président de la République doit être questionnée. Comment soutenir la candidature de Mamadou Diagna Ndiaye, sachant que son propre Premier ministre postulait lui aussi pour un siège au CIO ? Que le Chef de l’Etat fasse le choix de Diagna Ndiaye peut se comprendre. C’est un choix du cÅ“ur assumé. Cependant, vouloir, par ce simple fait, obliger Abdoul Mbaye à retirer la sienne, sans jamais avoir l’amabilité de lui en parler auparavant, est la preuve d’un manque de considération inexplicable.
 

Disposer d’un Premier ministre, comme fusible dans la conduite de sa politique, est un fait. C’est la nature de nos institutions qui l’a imposé dans la pratique. Est-ce pour autant une raison pour le Président de la République de se donner le droit de lui infliger tous les traitements qu’il estime devoir, sans justification légitime ? Il y a des limites, face à l’amour-propre et à la dignité des hommes et des femmes que la subordination politique ne saurait faire sauter, en aucune façon. Quelle que soit la posture occupée dans l’Etat. Pourquoi choisir Diagna Ndiaye contre Abdoul Mbaye ?
 

En la matière, le choix du Chef de l’Etat est libre. Il peut procéder de considérations humaines et amicales. Toutefois, si libre soit-il, il ne peut se permettre de créer des confusions et des tensions, au sommet de l’Etat. Vouloir se débarrasser d’Abdoul Mbaye est une chose.
 

Le limoger pour des raisons objectives et politiques liées à la qualité de la conduite de l’action impulsée par le Chef de l’Etat, en est une autre. Entre les deux, l’intérêt national se situe dans le second terme de l’alternative, mais non point dans le premier.
 

Le premier échec d’un homme d’Etat se trouve dans l’accumulation d’erreurs, dans le choix des hommes qui l’accompagnent pour la conduite de son sacerdoce. Macky Sall a beaucoup à apprendre de l’expérience laissée sur place par son prédécesseur.
 

Or, vu l’ampleur du remaniement ministériel intervenu en novembre dernier, qui a consacré le renvoi subséquent de plusieurs ministre de haut rang, on peut penser qu’il y a eu des erreurs substantielles dans les choix opérés six mois auparavant. Celles-ci pouvaient s’expliquer au début d’un mandat.
 

Revenir quelques mois plus tard pour limoger le Premier ministre, au prétexte qu’il ne serait pas politique, après l’avoir nommé confirmé six mois après, donnerait la preuve d’errements inexcusables, dont le pays se passerait volontiers.
 

Si les choix des hommes et des femmes d’Abdoulaye Wade étaient si souvent controversés, c’est parce que lui-même avait fini par donner le sentiment qu’il se trompait souvent sur les profils appelés. Macky Sall doit éviter de tomber dans le même piège.
 

Le Sénégal lui demande de démontrer qu’il n’y a qu’un seul chef dans ce pays : lui. Il en a l’étoffe et la volonté. Il lui manque encore la détermination. C’est le moment de faire valoir, plus que jamais, sa devise « La patrie avant le parti Â».



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