THIES – La mort du jeune Amar Mafatim Mbaye (37 ans), survenue cette nuit, continue d’alimenter les débats dans la ville de Thiès. Les langues commencent à se délier dans la cité du rail à propos de cette affaire et, sans surprise, les versions sont déjà contradictoires de ce père de famille (père de quatre enfants et époux d’une femme en état de grossesse avancée) qui transporterait un sac de sel pour une boulangerie.
Juste après les faits, les premiers témoins évoquaient un coup de pierre reçu par le jeune boulanger et conducteur de moto-Jakarta et désignaient un certain collaborateur de la Police, connu sous le sobriquet de « El Capo », comme le présumé coupable. Ce matin, selon d’autres indiscrétions qui tentent de le disculper, ce dernier est non seulement bel et bien un policier et non un indicateur ou un collaborateur externe mais, au moment des faits, il serait engagé sur une autre affaire, notamment « en train de faire les contrôles d’usage sur un taximan qui avait fait une surcharge de passagers ».
Par ailleurs, des sources proches de la police indiquent qu’au moment des faits, un individu avait été interpellé par les limiers de la Police des parcelles Assainies (de Thiès) alors qu’il détenait par devers lui 500 grammes de cannabis. Des conducteurs de moto-Jakarta opposeront un niet farouche aux policiers qui essaieront, tant bien que mal, de repousser des jeunes du quartier Som très remontés contre les forces de l’ordre.
L’individu qui serait détenteur du cannabis est actuellement en garde à vue à la Police des Parcelles Assainies. Est-ce dans ces conditions que la mort d’Amar Mbaye est survenue ? L’enquête qui sera menée devra permettre d’élucider le drame. Pour le moment, le corps sans vie d’Amar Mafatim Mbaye est actuellement à l’hôpital Amadou Sakhir Ndiéguène et sera incessamment transporté à Dakar pour les besoins d’une autopsie tandis que la tension reste palpable auprès des jeunes de la cité du rail.
La Police de Thiès dément toute implication
Joint par iRadio suite aux événements survenus cette nuit à Thiès, aux alentours de 23 heures, selon lesquels, la police serait mêlée à la mort d’Amar Mafatim Mbaye, le commissaire de Thiès, Modou Diagne, dément toute implication de la police.
Dans sa version, la police de Thiès évoque « un accident de la circulation ou un jet de pierres ». D’autant plus qu’indique le commissaire de Thiès, « il y a eu bel et bien des jets de pierres des conducteurs des jakarta-men contre les policiers, lorsque les forces de l’ordre ont arrêté l’un des leurs avec 500 kg de chanvre indien. Et c’est après l’opération, au retour du commissariat, qu’ils ont appris qu’il y a eu mort d’homme ».
Le commissaire Modou Diagne est formel : « (Mes) hommes n’ont pas du tout touché au conducteur de moto-jakarta retrouvé mort avec un sac de sel sur sa moto. »
Ce, au moment les conducteurs de moto-jakarka ne décolèrent pas. Après leur manifestation peu après la mort d’Amar Mafatim Mbaye, ils ont remis ça ce matin, en manifestant leur colère. Ils menacent même de se faire justice eux-mêmes, visant le présumé bourreau présenté comme un collaborateur de la police, un certain « El Capo’’.
Pour parer à toute éventualité, des camions remplis d’éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI) veillent au grain devant les locaux du poste de police des Parcelles Assainies (PA) de Thiès.
Par ailleurs, la famille du défunt est à l’hôpital Amadou Sakhir Ndièguène de la cité du rail. C’est pour obtenir les résultats de l’autopsie qui viendront de Dakar. Elle soupçonne une « volonté manifeste de protéger le (présumé) auteur », en décrivant un boulanger modèle.
« Ce matin, à la police des (PA) de Thiès, on nous a fait comprendre que la cause du décès serait un choc. Mais il n’en est rien, jure un des amis du défunt. La moto est restée indemne. Il a été tué à coups de pierres au niveau du menton. J’étais le premier sur la scène du crime, et il gisait dans une mare de sang. »
EMEDIA