Le scandale de manipulations électorales via les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs de Facebook qui auraient été utilisées par le cabinet de conseil britannique Cambridge Analytica, lors de la campagne présidentielle menées par Donald Trump en 2016, pourraient également avoir concerné Kenya.
Cambridge Analytica à la manœuvre lors des deux scrutins
Selon une « opération d'infiltration » menée par la chaîne d'information Channel 4, Cambridge Analytica et sa filiale SCL Elections auraient été à la manœuvre lors scrutins de 2013 et 2017 remportés par l'actuel président Uhuru Kenyatta. « Nous avons rebaptisé l'ensemble du parti deux fois, écrit le manifeste, fait des recherches, des analyses, des messages. Je pense que nous avons écrit tous les discours et que nous avons organisé le tout, donc presque tous les éléments de ce candidat », a déclaré Mark Turnbull, DG de Cambridge Analytica et de sa filiale SCL Elections à l'équipe d'investigation.
Le parti présidentiel avait en effet pour nom, l'Alliance nationale lors du scrutin de 2013, puis celui du Jubilé pour le dernier scrutin. Cette dernière élection a pour rappel été chaotique, avec un premier vote effectué en août dernier, annulé par la Cour Suprême Kényane pour irrégularité de procédure et ordonné une deuxième élection qui s'est tenue le 26 octobre dernier. Un second scrutin que l'ancienne candidate à la présidence des Etats Unis, Hillary Clinton, avait qualifié en septembre dernier de « projet » de Cambridge Analytica.
D'autres élections pourraient être éclaboussées
A l'heure où nous mettions cet article en ligne, le Parti du Jubilé n'avait pas commenté l'information, alors que Facebook accusait une perte de valorisation de 37 milliards de dollars. Des responsables du cabinet de conseil auraient eu recours à un réseau de sociétés écrans pour camoufler leurs activités lors d'élections au Mexique, en Malaisie ou encore au Brésil.
Cambridge Analytica a de son côté nié en bloc les accusations relayées par Channel 4 News déclarant avoir « mené en bateau les journalistes infiltrés et essayant de jauger leurs motivations en les encourageant à démêler toute intention contraire à l'éthique ou illégale ». Les journalistes infiltrés ont de leur côté prétendu vouloir conclure un accord pour travailler sur une campagne électorale sri-lankaise pour appâter le management du cabinet. Ce qui leur a permis de tenir une réunion avec Mark Turnbull, dans un hôtel londonien en janvier dernier et de maintenir une correspondance électronique avec son équipe.