Le port de la… jupe et autres tenues inconvenantes y est aussi interdit aux reportères. Pas plus que la semaine dernière, lors de la visite à Dakar du président américain, Barack Obama, un journaliste toubab, pour couvrir la conférence de presse des présidents Sall et Obama, a dû échanger son pantalon-jean contre celui d’un taximan !
Ce règlement datant de l’époque du président Léopold Sédar Senghor, a été maintenu, tour à tour, par ses successeurs Abdou Diouf et Macky Sall - Abdoulaye Wade ayant été l’exception permissive qui a fait tolérer au palais par les journalistes le port vestimentaire anticonformiste.
Nombre de reporters se sont heurtés à cette rigueur du protocole et de la sécurité présidentielles. Et des journalistes femmes interdites d’accès au palais ou au Building ont dû ou pu trouver la parade en se faisant prêter un pagne, rapidement noué pour convaincre les gendarmes de service et servir ainsi de sésame. Senghor qui n’éprouvait aucun complexe à s’habiller d’une redingote queue de pie ne barguignait jamais avec les convenances vestimentaires.
Des jeunes étudiants du CESTI, aujourd’hui sur la pente descendante de leur carrière, s’ils ne sont pas à la retraite, le vérifièrent à leurs dépens ; ils se firent éconduire du palais pour avoir voulu faire un reportage en jean. Ce fut le cas lors de la visite à Dakar, il y a quelques mois, du chef de l’Etat français, François Hollande.
Les journalistes sont très indisciplinés avec la tenue vestimentaire. Ceux de radio et de presse écrite sont réputés débraillés, sans être dépenaillés comme des apprentis "car rapide". Eux, personne, pour ainsi dire, ne les connaît. Au contraire de leurs confrères et consoeurs de télévision, surtout les présentateurs du journal télévisé et animatrices de programmes - d’habitude tirés à quatre épingles, aimant la mode, dernier cri. Il y en a qui sont, quelque peu prisonniers de leur étiquette. «Si je ne m’habille pas en nœud papillon, j’ai l’impression d’être nu», disait, paraît-il, en boutade un journaliste de la Rts dont l’élégance, jusqu’à ce jour, n’a jamais été prise en défaut.
Journalistes de la télévision victimes de leur célébrité. Tant et si bien qu’ils ne peuvent pas, à l’instar de leurs discrets, incognito, confrères de la presse écrite et, dans une moindre mesure, de radio, emprunter les transports en commun aussi populeux et populaires que les cars-rapides ou certains taxis qu’un doyen journaliste catégorisait en «raisonnable» (présentable) ou «déraisonnable» (guimbarde). La preuve par l’anecdote rapportée par notre chroniqueur Mbaye Mané M. et concernant un reporter sportif d’une chaîne de radio-télévision surpris par ses fans en train d’acheter du Seddoo (crédit téléphone vendu au détail, voir Grand-Place n° 2256 des 29 et 30 juin 2013).
D’autres vedettes de télévision ou voix de radio se déplaçant à bord de car rapide ou de bus sont obligés d’acheter un journal et de plonger le nez dans la lecture de celui-ci pour masquer autant que possible leur visage familier ! D’autres ont trouvé l’alternative en achetant une voiture – mais, il y en a qui sont de vraies guimbardes – ce qui ne résout pas le problème puisqu’il se trouvera toujours un malveillant ou plusieurs pour raconter avoir vu tel journaliste de telle radio ou de telle télévision conduisant un «pousse mou tak».
Ainsi, la mobilité a été et est toujours une grosse équation pour nombre de journalistes – surtout les célébrités. Tout comme l’habillement – sujet de notre présent texte. Et ainsi, des présentatrices d’émission sont des mannequins de fait de certains couturiers, couturières et magasins de vêtements qui sponsorisent leurs émissions et bénéficient d’un échange de service aux termes duquel le générique indique de «X. Y. est habillé, maquillé… par tel couturier ou boutique de mode». Certains reporters braillards et animateurs attrape-tout ne s’embarrassent pas de ces subtilités et déclarent tout haut - et à l’antenne, s’il vous plaît ! - que «le boubou que je porte m’a été offert par…» Lamentable ! Une pub tout sauf gratuite.
Le journalisme est un de ces métiers qui vous destinent à aller partout, notamment en des lieux où la correction vestimentaire est une des conditions d’accès ou, même si elle ne l’est pas, on doit, par discipline personnelle, être irréprochable dans la mise. Enseignant dans quelque école de formation professionnelle, j’ai eu à refuser l’accès à mon cours à un étudiant venu dans une de ces tenues désinvoltes appelées "check down" ou "criss cross" et consistant à s’habiller en jean et le faire tomber jusqu’à mi-postérieur et faisant apparaître le slip ou le caleçon. Non, je ne pouvais pas laisser passer cela. Et il faut être strict là-dessus.
De la même manière que nouer une cravate s’apprend à l’Ecole nationale d’administration (ENA), on devrait exiger des journalistes qu’ils en fassent de même pour savoir accomplir cette convenance vestimentaire. Et aussi de savoir s’habiller - pas de grand luxe, mais de juste ce qu’il faut qui soit élégant, pas bling-bling, respectueux et respectable.
Grand Place
Ce règlement datant de l’époque du président Léopold Sédar Senghor, a été maintenu, tour à tour, par ses successeurs Abdou Diouf et Macky Sall - Abdoulaye Wade ayant été l’exception permissive qui a fait tolérer au palais par les journalistes le port vestimentaire anticonformiste.
Nombre de reporters se sont heurtés à cette rigueur du protocole et de la sécurité présidentielles. Et des journalistes femmes interdites d’accès au palais ou au Building ont dû ou pu trouver la parade en se faisant prêter un pagne, rapidement noué pour convaincre les gendarmes de service et servir ainsi de sésame. Senghor qui n’éprouvait aucun complexe à s’habiller d’une redingote queue de pie ne barguignait jamais avec les convenances vestimentaires.
Des jeunes étudiants du CESTI, aujourd’hui sur la pente descendante de leur carrière, s’ils ne sont pas à la retraite, le vérifièrent à leurs dépens ; ils se firent éconduire du palais pour avoir voulu faire un reportage en jean. Ce fut le cas lors de la visite à Dakar, il y a quelques mois, du chef de l’Etat français, François Hollande.
Les journalistes sont très indisciplinés avec la tenue vestimentaire. Ceux de radio et de presse écrite sont réputés débraillés, sans être dépenaillés comme des apprentis "car rapide". Eux, personne, pour ainsi dire, ne les connaît. Au contraire de leurs confrères et consoeurs de télévision, surtout les présentateurs du journal télévisé et animatrices de programmes - d’habitude tirés à quatre épingles, aimant la mode, dernier cri. Il y en a qui sont, quelque peu prisonniers de leur étiquette. «Si je ne m’habille pas en nœud papillon, j’ai l’impression d’être nu», disait, paraît-il, en boutade un journaliste de la Rts dont l’élégance, jusqu’à ce jour, n’a jamais été prise en défaut.
Journalistes de la télévision victimes de leur célébrité. Tant et si bien qu’ils ne peuvent pas, à l’instar de leurs discrets, incognito, confrères de la presse écrite et, dans une moindre mesure, de radio, emprunter les transports en commun aussi populeux et populaires que les cars-rapides ou certains taxis qu’un doyen journaliste catégorisait en «raisonnable» (présentable) ou «déraisonnable» (guimbarde). La preuve par l’anecdote rapportée par notre chroniqueur Mbaye Mané M. et concernant un reporter sportif d’une chaîne de radio-télévision surpris par ses fans en train d’acheter du Seddoo (crédit téléphone vendu au détail, voir Grand-Place n° 2256 des 29 et 30 juin 2013).
D’autres vedettes de télévision ou voix de radio se déplaçant à bord de car rapide ou de bus sont obligés d’acheter un journal et de plonger le nez dans la lecture de celui-ci pour masquer autant que possible leur visage familier ! D’autres ont trouvé l’alternative en achetant une voiture – mais, il y en a qui sont de vraies guimbardes – ce qui ne résout pas le problème puisqu’il se trouvera toujours un malveillant ou plusieurs pour raconter avoir vu tel journaliste de telle radio ou de telle télévision conduisant un «pousse mou tak».
Ainsi, la mobilité a été et est toujours une grosse équation pour nombre de journalistes – surtout les célébrités. Tout comme l’habillement – sujet de notre présent texte. Et ainsi, des présentatrices d’émission sont des mannequins de fait de certains couturiers, couturières et magasins de vêtements qui sponsorisent leurs émissions et bénéficient d’un échange de service aux termes duquel le générique indique de «X. Y. est habillé, maquillé… par tel couturier ou boutique de mode». Certains reporters braillards et animateurs attrape-tout ne s’embarrassent pas de ces subtilités et déclarent tout haut - et à l’antenne, s’il vous plaît ! - que «le boubou que je porte m’a été offert par…» Lamentable ! Une pub tout sauf gratuite.
Le journalisme est un de ces métiers qui vous destinent à aller partout, notamment en des lieux où la correction vestimentaire est une des conditions d’accès ou, même si elle ne l’est pas, on doit, par discipline personnelle, être irréprochable dans la mise. Enseignant dans quelque école de formation professionnelle, j’ai eu à refuser l’accès à mon cours à un étudiant venu dans une de ces tenues désinvoltes appelées "check down" ou "criss cross" et consistant à s’habiller en jean et le faire tomber jusqu’à mi-postérieur et faisant apparaître le slip ou le caleçon. Non, je ne pouvais pas laisser passer cela. Et il faut être strict là-dessus.
De la même manière que nouer une cravate s’apprend à l’Ecole nationale d’administration (ENA), on devrait exiger des journalistes qu’ils en fassent de même pour savoir accomplir cette convenance vestimentaire. Et aussi de savoir s’habiller - pas de grand luxe, mais de juste ce qu’il faut qui soit élégant, pas bling-bling, respectueux et respectable.
Grand Place