La fête dans les rues de Paris après le sacre de l’Equipe de France au Mondial a été ternie par des dizaines d’agressions sexuelles. Alors que les célébrations battaient leur plein dans la capitale, de nombreuses jeunes femmes auraient été victimes d’attouchements sexuels. Les victimes ont rassemblé leurs témoignages sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooFoot.
« Y’a un mec alcoolisé qui vient de me foutre une main au cul, tout en essayant de m’embrasser de force. Je le repousse, il me prend par le cou en me disant: C’est la victoire, qu’est-ce que tu attends? ». Ce témoignage posté sur les réseaux sociaux après le sacre des Bleus est loin d’être un cas isolé. Des dizaines de jeunes femmes assurent avoir été victimes de faits de harcèlement et d’agressions sexuelles le soir des célébrations dans les rues de Paris.
« Un mec m’a touché le sexe à travers mon short »
Une autre victime dénonce sur le site 20 minutes. « On était sur les Champs-Élysées, il y a eu un mouvement de foule, des gaz lacrymogènes. J’ai quasiment perdu connaissance. Alors qu’une de mes amies me portait pour me mettre à l’abri, un mec a commencé par me toucher les fesses puis le sexe à travers mon short. Je me suis retournée. J’ai vu son visage. Je m’en souviendrai toute ma vie. Tout ce que je vais retenir de la victoire, c’est mon agression sexuelle sur les Champs-Élysées… », explique cette étudiante de 20 ans, qui ne compte toutefois pas porter plainte.
« À peine sortie du métro Bonne-Nouvelle », à Paris, « un homme a mis sa langue dans ma bouche par surprise », a raconté une troisième victime à l’Obs. « Le mec insistait, il faisait deux têtes de plus que moi », prolonge-t-elle, ajoutant que l’homme lui a lancé « on est les champions » avant de s’enfuir.
Une autre supportice, installée dans la fan zone du champ de Mars avec des copines, parle de la « pire soirée de sa vie » dans le quotidien Le Progrès. La situation a vite dégénéré. « On a été aspergées à la bière par des mecs à moitié saouls. On s’est fait importuner. C’était la pire soirée de ma vie. J’ai senti des mains passer sur mes fesses, ma poitrine. En fait, je crois qu’il y avait des gens qui n’étaient là que pour peloter des filles ». A la fin du match, la jeune femme a quitté les lieux, complètement sous le choc.
Appel à porter plainte
Pour la plupart, ces jeunes femmes ne porteront pas plainte car elles ont le sentiment que « cela ne servira à rien ». Le parquet de Paris n’a d’ailleurs pas constaté une augmentation particulière du nombre de plaintes le soir des célébrations. Deux hommes, dont un mineur, ont toutefois été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi pour des faits d’agressions sexuelles. En attendant, les témoignages pullulent sur les réseaux sociaux et l’affaire prend de l’ampleur.
Michel Delpuech, préfet de police de Paris, invite les victimes à dénoncer ces faits auprès des services de police « pour que les investigations soient menées ». « Nos services seront sans complaisance avec les auteurs s’ils sont identifiés », tient-il à préciser au micro d’Europe 1.
Dans un tweet, le Secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité femmes-hommes rappelle qu’embrasser une femme de force est une agression sexiste punie par la loi. L’auteur encourt jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. Sur son compte Twitter, Marlène Schiappia, Secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, a partagé un article de BuzzFeed relatant les faits. « On est les champions, mais c’est pas une raison pour toucher de force des femmes qui n’ont rien demandé ».