Invité de Grand format Sudfm : ces patates chaudes posées sur les mains du ministre de la Justice


Rédigé le Lundi 13 Mars 2023 à 12:28 | Lu 75 fois | 2 commentaire(s)



Invité de Grand format Sudfm, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ismaëla Madior Fall face à Baye Oumar Guèye et Nando Cabral Gomis dans l’émission Objection, parle des questions d’actualité. Le cas Hadjibou Soumaré. Celui du journaliste Pape Ndiaye, affaire des forces spéciales , Fulbert Sambou et Didier Badji disparus, ont aussi été des patates chaudes posées sur les mains de Ismaela Madior. Extraits de sudquotidien.sn


Parlons des dossiers judiciaires : le cas Hadjibou Soumaré. Il a été inculpe et placé sous contrôle judiciaire pour « diffusion de fausses nouvelles ». Depuis quand poser une question devient une infraction ?

On ne peut pas dire que poser une question devient une infraction mais c’est la manière de poser une question…Il ne faut pas que des citoyens, sur le prétexte de poser des questions, tentent de mettre en mal l’autorité présidentielle ou même un simple citoyen avec l’opinion publique ou donne des indices et indicateurs pour que l’opinion le soupçonne d’une infraction qu’il n’a pas commise. La preuve, dès qu’il a dit devant les autorités d’enquête que oui, il n’a jamais dit ça, c’est fini.

Mais pourquoi l’inculper ?
Parce que l’infraction est déjà consommée, la diffusion de fausses nouvelles. La fausse nouvelle, elle est partie.

Et la réponse formulée par le gouvernement ?

Ce qu’il a dit est plus grave qu’un ministre est corrompu.

Il pose une question. Il demande au chef de l’Etat mais où est le problème ?

Mais très bien. C’est pour ça qu’il n’est pas retenu dans les liens de la détention. Il est libéré.

Pour vous, dans une République, ce genre d’inculpation s’explique et se justifie ?

C’est vous-mêmes qui parlez d’infraction. A ce stade, ce n’est même pas une infraction.

Je parle d’inculpation ?

Non, on l’inculpe juste pour rassembler des éléments. S’il n’y a pas de preuves, c’est fini. Le contrôle judiciaire est terminé. Et puis, on n’en parle plus.

Vous êtes à l’aise ?

Totalement à l’aise. Quand quelqu’un se réveille, le choix, c’est de poser des questions avec insinuation pour mettre en place le Président avec l’opinion, l’interroger.

L’affaire Pape Ndiaye : six charges contre un journaliste. Là aussi, un simple démenti n’aurait-il pas suffi ?

Je ne suis pas à l’aise pour évoquer des espèces, des dossiers, des cas. Ce n’est pas mon rôle. Je ne suis ni juge ni procureur. Je m’occupe de l’application de la politique du Président en matière de justice. Je m’occupe de la politique, de la gestion des ressources humaines, des infrastructures. Les espèces, à la limite, je les suis de très loin. C’est des questions d’ordre public. Je vais vous citer un seul article de la Constitution. C’est l’article 10 de la Constitution du Sénégal. « Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur ni à la considération d’autrui ni ne trouble l’ordre public». On en prend un seul parmi les chroniqueurs judiciaires. Pourquoi lui et pas les autres ?

On vous pose la question ?

Quand un journaliste dit ce procureur de la République, il a 18 substituts, faux, il y en 11. Tous les 18 substituts ou 19, même il a dit étaient contre le renvoi en juridiction. C’est totalement faux. Pourquoi vous ne dites pas les sources ? J’ai des sources mais je les protège. Et ça c’est de nature à porter atteinte à l’honorabilité des magistrats. Il dit ce magistrat comme ses 18 substituts ne sont pas d’accord, il l’a fait contre leur gré. Comme si d’ailleurs il y avait délibération. Il ne sait même pas comment fonctionne le parquet parce que le parquet, c’est le principe de la hiérarchie. C’est une diffusion de fausses nouvelles qui porte atteinte à la magistrature parce que tu discrédites. D’ailleurs il a dit c’est pour ça qu’il a été promu président de la Cour d’Appel. Mettons un peu à la place de ces gens qui sont incriminés.

Mais il n’a pas été arrêté suite à la plainte de celui dont vous faites allusion ?

C’est l’action publique qui est déclenchée.

Si c’est l’action publique qui est déclenchée, pourquoi ne pas le juger rapidement en flagrant délit?

Oui, ça c’est une option si tous les éléments qui permettent de juger l’affaire sont réunis.

L’affaire des forces spéciales : huit personnes sont placées sous mandat de dépôt. Où en êtes-vous sur ce dossier ?

Le dossier est en instruction et même là, les personnes qui ont été arrêtées c’est parce que ce sont des gens qui ont dit qu’aujourd’hui, il y a une épuration ethnique dans les forces de défense et de sécurité et qu’il y a une ethnie qui serait visée pour être purgée. Au Sénégal, nous avons beaucoup de problèmes mais notre vivre collectif, accuser l’armée et la gendarmerie de procéder à des épurations ethniques et d’avoir assassiné des gens. Pour vous, ce n’est pas grave ?

Fulbert Sambou et Didier Badji, deux agents des renseignements. On ne sait pas jusqu’ici les circonstances de leur disparition ?

Le dossier a été confié à un juge d’instruction qui doit chercher les éléments explicatifs de la cause de leur décès. C’est en instruction. Quand l’Etat du Sénégal prend la responsabilité de le confier à un juge pour élucider l’affaire, les gens se lèvent pour dire que c’est une épuration ethnique, qu’on les a assassinés. Et après on dit ce n’est pas grave. On est aussi dans un Etat organisé. Il n’appartient pas à chaque sénégalais de dire ce qu’il veut dire, de porter atteinte à l’honorabilité d’autrui, de causer le discrédit sur les institutions. Si tu le fais, tu dois répondre de tes actes devant la justice. Je le dis. Oui, j’accuse l’Etat d’avoir assassiné, j’apporte de preuves que l’Etat a assassinées. Vous le dites. Vous n’avez pas de preuves et puis on veut faire passer ça par profit. Moi, je considère qu’il faut qu’on se respecte. Nous sommes dans un Etat organisé. Ici, ce n’est pas l’anarchie. Ce n’est le chaos. Les individus doivent pouvoir répondre de ses actes devant la justice, apporter la preuve de leurs allégations surtout si ces allégations sont susceptibles de causer un trouble à l’ordre public. Il faut prouver. L’Etat doit être présent. L’Etat doit être debout. Si l’Etat est faible, nous périssons. S’il est trop fort, il nous écrase.
Sud



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