L'accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) est entré en vigueur ce jeudi 30 mai 2019 après sa ratification par 24 pays africains. Au total, l'accord a été signé par 52 pays depuis la création de la ZLECA en mars 2018 à Kigali sous l'impulsion du président Rwandais Paul Kagamé, mais il doit faire face aux réticences nigérianes.
L'entrée en vigueur de la ZLECA est une première étape vers la longue marche avant l'effectivité du marché commun africain. Auparavant, les Etats africains devraient se pencher sur les règles d'origine des marchandises, les modalités d'arbitrage et les obstacles liés au déficit et à la mauvaise qualité des infrastructures ou encore à la corruption. Les signataires devront également trouver des arguments solides pour convaincre des pays récalcitrants comme le Nigéria, première économie africaine en termes de démographie et de PIB. A long terme, le refus d'adhésion du Nigéria au projet peut-être source de dissension et de cassure de la dynamique enclenchée. Ce n'est qu'en juillet 2019, lors du sommet de l'UA au Niger que la phase opérationnelle du projet sera lancée.Les instigateurs de la ZLECA y placent de grands espoirs en faveur de l'intégration africaine et de développement économique du Continent.
La ZLECA vecteur d'intégration économique et politique
Conformément à la vision de l'Agenda 2063, « l'Afrique que nous voulons » de l'UA, la ZLECA devrait couvrir un marché de 1,2 milliard de personnes, représentant un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars. Selon la Commission économique pour l'Afrique (CEA), la mise en œuvre de la ZLECA pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3 % en éliminant les droits de douane à l'importation, et le doubler si les obstacles non tarifaires sont réduits. La ZLECA est également un marché à fort potentiel. Car selon les projections, l'Afrique comptera 2,5 milliards de personnes à l'horizon 2050 et verra son économie croître deux fois plus rapidement que celle des pays développés. Mais ce projet phare de l'agenda 2063 de l'UA ne fait pas l'unanimité.
Arguments en défaveur de la ZLECA
Selon les détracteurs de la ZLECA, le temps mis pour conduire les négociations avant la signature de l'accord portant création de la zone de libre-échange reste court, soit 3 ans alors que l'enjeu est de taille. Ce qui n'a pas permis de consulter lesecteur privé. C'est l'un des arguments avancés par le Nigéria absent de la Conférence de Kigali, car estimant avoir besoin de plus de temps pour consulter son secteur privé. Ils déplorent également l'absence d'études préalables sur les bénéfices et les coûts de la mise en œuvre de la ZLECA sur les entreprises et l'économie africaine de manière générale. Aussi la création de ZLECA a été faite dans un contexte d'absence de monnaie unique et de véritables zones de libre-échange au sein des blocs régionaux. L'autre argument en défaveur de la ZLECA est relatif à la faiblesse de l'industrialisation, au manque d'infrastructures et de diversification des produits commercialisés sur le Continent. Ce qui rendra inévitable une rude concurrence.