La Voix du Nord raconte mardi qu'un quinquagénaire originaire d'Annezin, près de Béthune, a délibérément coupé son bracelet électronique vendredi dans l'espoir de retourner en prison. L'homme a expliqué vouloir, par ce geste, échapper au climat délétère de son domicile. «À la maison, ça n'allait pas, il y avait des tensions», a-t-il confié à l'issue de sa comparution immédiate lundi. Cet ancien directeur général d'un grand groupe de restauration avait été incarcéré en février 2013 après avoir été interpellé par la police au volant de la voiture de sa compagne.
L'homme, qui avait sombré dans l'alcoolisme depuis son divorce en 2006, avait 1,6 g d'alcool dans le sang. Son avocate, Me Anne-Céline Lemonnier-Leneutre, évoque un climat difficile entre Philippe Brongniart et sa compagne, devenue son épouse lors de sa détention. «Il a fallu que son épouse réapprenne la vie à deux après 18 mois de parloirs», précise-t-elle.
«La sortie de mon client n'a pas été préparée»
Mais en coupant son bracelet chez sa compagne, Philippe Brongniart a déclenché une alarme. Un tel geste est en effet considéré comme une évasion aux yeux de la justice. L'homme s'est ensuite rendu à la maison d'arrêt et a demandé à être réincarcéré. Sa demande rejetée, il s'est ensuite rendu de son propre chef au commissariat qui l'a invité à rentrer chez lui pour «attendre que l'administration pénitentiaire le contacte» selon le quotidien.
«La sortie de mon client n'a pas été préparée», regrette son avocate. «Nous avions fait une première demande de placement sous bracelet électronique qui avait été déboutée, alors que mon client avait un projet professionnel.» Puis, la justice a proposé un aménagement de peine obligeant Philippe Brongniart à ne pas quitter son domicile, et donc, à ne pas pouvoir mener à bien son projet de formation professionnelle. «Rester chez soi comme ça n'est pas si simple» rappelle Me Lemonnier-Leneutre. «La sortie a été trop brutale. Mon client n'a pas été préparé. On n'imagine pas les conséquences que peuvent avoir des mois d'incarcération sur un individu. Mon client était habitué au rythme de vie de la prison.» Selon l'avocate, cette sortie rapide n'a pas laissé le temps de mettre en place un accompagnement psychologique et médical dans les plus brefs délais, faute de moyens. Cette difficile transition entre vie de détenu et à la vie civile avec le bracelet électronique serait loin d'être anecdotique si l'on en croit l'avocate: «Ce qui vaut pour lui vaut pour bien d'autres.»