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Human Rights Watch appelle à la fin de l’impunité après un nombre record d’atrocités au Mali


Rédigé le Lundi 10 Février 2020 à 12:07 | Lu 404 fois | 0 commentaire(s)



Human Rights Watch a appelé, lundi 10 février, le gouvernement malien à mettre fin à la quasi-impunité des groupes armés islamistes et d’autodéfense communautaire, responsables en 2019 d’un nombre record d’atrocités qui ont coûté la vie à plus de 450 civils dans le centre du Mali selon l’organisation non gouvernementale (ONG).


« Combien de sang doit encore couler ? », s’interroge l’ONG de défense des droits humains dans un rapport fondé sur les interviews de près de 150 victimes et témoins d’exactions, de leaders des communautés peule et dogon, de responsables des services sécuritaires et judiciaires et d’experts. 

« A travers la région centrale du Mali, des groupes armés tuent, mutilent et terrorisent des communautés, apparemment sans craindre de devoir rendre des comptes », a déclaré Corinne Dufka, directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique de l’Ouest, citée dans un communiqué. « Le bilan humain en vies détruites s’alourdit à mesure que se répètent les cycles mortels de violence et de vengeance », a-t-elle ajouté. 

Incrédulité et colère 

Depuis leur apparition dans le nord du Mali en 2012, les violences djihadistes se sont propagées vers le centre du pays et au Burkina et au Niger voisins, malgré la présence des forces françaises, régionales ou de l’ONU. 

Des attaques de grande ampleur visent régulièrement des camps de l’armée malienne, où les victimes se comptent souvent par dizaines, provoquant des réactions d’incrédulité et de colère au sein d’une population qui ne voit pas venir la fin du conflit, ainsi qu’un rejet croissant des interventions étrangères.
 
 
Après l’apparition en 2015 du groupe du prédicateur radical Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi des Peuls, généralement éleveurs de bétail, les affrontements se sont en outre multipliés entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture. Ces dernières ont créé des groupes d’autodéfense en s’appuyant sur les chasseurs traditionnels dozos. 

Comme l’AFP l’a rapporté au fil des mois, le rapport de HRW fait état en 2019 d’exécutions de villageois, forcés de descendre de leur véhicule en raison de leur appartenance ethnique, de civils brûlés vifs dans leur maison ou encore tués par des engins explosifs improvisés, qui frappent également les militaires maliens et étrangers. Ces violences se poursuivent en 2020. 

« Au moins 456 civils ont été tués, et des centaines d’autres blessés » dans le centre du Mali, « épicentre » de la violence, ce qui fait de 2019 « l’année la plus mortelle pour les civils depuis le début de la crise politique et militaire dans ce pays en 2012 », selon le rapport de 97 pages. 

« Echec à punir » 

Human Rights Watch fustige la quasi-impunité dont jouissent les responsables des différents groupes armés, estimant que « les autorités maliennes devraient de toute urgence accélérer les enquêtes et les poursuites ».
 
 
Si les tribunaux ont ouvert l’an dernier plusieurs enquêtes et condamné « environ 45 personnes au motif d’incidents moins graves de violences communautaires », « les autoritaires judiciaires n’ont toujours pas interrogé, et encore moins poursuivi en justice, les puissants leaders de groupes armés impliqués dans de nombreux massacres ». 

« Les groupes armés tuent, mutilent et terrorisent des communautés, apparemment sans craindre de devoir rendre des comptes. L’échec du gouvernement malien à punir les groupes armés, tous bords confondus, encourage ces derniers à commettre d’autres atrocités », affirme Mme Dufka. 




LE MONDE
 
 


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