Homonyme d'un violeur, Mohamed Camara obtient 60.000 euros pour avoir été emprisonné 6 mois par erreur


Rédigé le Mardi 17 Mai 2016 à 13:33 | Lu 228 fois | 0 commentaire(s)




Homonyme d'un violeur, Mohamed Camara obtient 60.000 euros pour avoir été emprisonné 6 mois par erreur
La réparation est-elle à la hauteur de l’injustice commise ? La Cour de cassation a en tout cas accordé vendredi 60.000 euros de dommages et intérêts à un homme d’une quarantaine d’années emprisonné par erreur pendant plus de six mois parce qu’il est l’homonyme d’un violeur d’enfants condamné par contumace. Le dédommagement, qui vise exclusivement le préjudice moral, est le quatrième montant le plus important jamais attribué en France, rapporté au nombre de jours de détention. 

Le calvaire de Mohamed Camara, qui réside aujourd’hui à Nancy, a commencé en juillet 2001, dans un train Paris-Bruxelles. Il est en effet arrêté en vertu d’un mandat d’arrêt international délivré contre son homonyme. Celui-ci avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle par contumace en 2001 par la cour d’assises de Paris. Les deux hommes, outre de porter les mêmes prénom et nom, ont la particularité d’être tous deux nés au même endroit, à Conakry (Guinée), et la même année, en 1973. 

Arrêté une seconde fois ! L’innocent a ainsi passé quatre mois et 19 jours à la prison Saint-Gilles de Bruxelles avant d’être extradé vers la France, où il a passé un mois et 19 jours de détention à la prison parisienne de la Santé. Il a finalement été libéré le 31 décembre 2001 - contre l’avis du parquet - car les victimes et la famille du condamné ne le reconnaissaient pas. En 2012, il a à nouveau été interpellé à Thionville (Moselle), puis placé en garde à vue toujours en vertu du même mandat d’arrêt européen, avant que la méprise soit reconnue par les policiers. 

En première instance, Mohamed Camara a obtenu 45.000 euros, quatre fois plus que ce que l’Etat proposait, mais quatre fois moins que ce que l’innocent réclamait. Après son incarcération, celui-ci avait notamment développé des troubles psychiatriques. « C’est une très grosse satisfaction. Ça reste toujours insuffisant, mais j’espère que c’est le signe d’une évolution : on a un recours beaucoup trop facile à la détention provisoire en France », a commenté auprès de l’AFP l’avocat du plaignant, Me Frédéric Berna. « Qui, pour 60.000 euros, est prêt à passer six mois en prison avec une étiquette de violeur ? », a-t-il encore interrogé.


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