Hobby des jeunes filles pour la voyance et les cauris : Mysticisme ou effet de mode?


Rédigé le Lundi 29 Mai 2017 à 16:33 | Lu 173 fois | 0 commentaire(s)



Pour atteindre leurs objectifs, les jeunes filles sont prêtes à tout. Certaines d’entre elles n’hésitent pas à recourir à la voyance concernant leur vie professionnelle ou leur vie de couple…. Cette pratique, jadis, réservée aux adultes, est, aujourd’hui, très prisée par les jeunes filles. Qu’est-ce qui explique ce regain d’intérêt vis-à-vis de la voyance? Quels peuvent en être les impacts psychologiques et sociologues sur ces jeunes filles? Qu’en pense la religion islamique? Dakar7 a tenté de briser le mystère en donnant la parole aux principaux acteurs.


Hobby des jeunes filles pour la voyance et les cauris : Mysticisme ou effet de mode?

Reportage. 

 
Avoir son homme à elle toute seule; ne jamais le partager, faire en sorte qu’il n’éprouve jamais l’envie de regarder une autre fille. Comment faire pour avoir un mari ou un copain riche ? Comment sera l’heureux élu ? Le mariage va-t-il marcher ? Telles sont, entre autres, les préoccupations qui poussent les filles à recourir aux marabouts, féticheurs, voyants et autres faiseurs de miracles. 

Une pratique qui prend des proportions inquiétantes chez les  adolescentes au Sénégal. C’est le cas de « Arame  Ndiaye », ( nom d’emprunt) une jeune fille d’une vingtaine d’années,  croisée chez le voyant Alassane Séne, basé aux Parcelles assainies unité 1. «Je suis avec mon copain depuis presque 3 ans. Et ces temps-ci, il me propose le mariage. Et comme toutes les jeunes filles, je suis venue pour voir si cela pourrait marcher avant de me jeter à l’eau. Heureusement, je suis rassurée, car, selon le voyant, c’est l’homme qu’il me faut », dit-elle. 

« Je me suis déplacée jusqu’à Mbour chez un voyant pour… » 

A quelques mètres d’ici, nous croisons Mère Ndiaya, assise dans son restaurant entrain de donner des ordres à ses serveuses. Mère de trois filles et d’un garçon, cette dame d’une quarantaine d’années semble être du même avis que Arame. 

«Quand je devais donner ma fille aînée en mariage à son cousin, je me suis déplacée jusqu’à Mbour chez un voyant pour en savoir un peu plus sur son homme. Si cette union fera-t-elle son bonheur ou pas? Car on ne peut pas donner sa fille comme ça », explique cette dame. Pour elle, le recours à la voyance est juste une manière, pour les mamans de protéger leurs enfants du mauvais œil. 

Une qui n’a jamais cru à cette pratique de divination, c’est Astou Fall.  Divorcée depuis 6 mois, cette  jeune fille de 27 ans, de teint clair, est trouvée devant une boutique de prêt-à-porter en train de faire ses achats. 

Réceptionniste dans une banque de la place, elle regrette de n’avoir pas eu recours à la voyance avant de s’engager avec Mbaye Ndiaye qui, après leur mariage, était resté impuissant. «Mon mari a été victime d’un maraboutage. », confie-t-elle.
Mais si certains trouvent la réponse à leurs questions dans la voyance, d’autres rejettent cette pratique jugée « fausse ». 

Aissata Sow, est Professeur de science physique à la classe de 4e secondaire, âgée d’une trentaine d’années, trouvée devant  la sortie de l’école Cem Elhadji Thiaw de l’unité 8 des Parcelles assainies. Elle s’apprête à rentrer chez elle, mais a eu le temps de se prononcer sur la question. Voile sur la tête, elle soutient que la voyance n’est pas une science exacte. «Parfois, ils(les voyants) te disent la vérité, parfois non», dit-elle. 

 
Selbé Ndom, voyante : « La plupart du temps, les jeunes filles viennent pour des histoires d’hommes». 

Il y a plusieurs formes de voyances mais les plus pratiquées au Sénégal sont celles faites à base de cauris, d’eau, ….. Trouvée dans son quartier Yeumbeul  bène Baraque, Selbé Ndom, est l’une des voyantes les plus célèbres du pays du fait de ses sorties médiatiques fracassantes. 

Assise sur une nappe dans sa chambre, en compagnie de ses cauris, cette dame d’une quarantaine d’années a des clients de tous âges. « Je reçois  même des adolescents de 14ans. Pour juste vous dire que la voyance n’a pas d’âge, et ma voyance n’a pas de frontière. Je suis internationale », dit-elle avec fierté. 

Toutefois, chaque client vient avec sa propre préoccupation. «Beaucoup de filles viennent de partout me voir et la plupart du temps, elles viennent pour des histoires d’hommes. Je peux vous prédire l’avenir à partir des cauris, des oliviers, des cornichons. Même  quand je vous regarde je peux faire des révélations sur vous.», se glorifie-t-elle. 

L’Islam n’autorise que le « listixaar », selon Iran Ndao 

Néanmoins, cette pratique est formellement interdite par l’Islam. Selon Oustaz Iran Ndao, prêcheur à la SENTV, il y a une grande nuance entre la voyance et le « Listixaar », qui est un mot arabe qui signifie prédire une chose dans laquelle une personne fait ou entreprend. 

« C’est quelque chose qui ne relève pas de la tricherie mais plutôt de sérieux. Car cela n’est pas donné à tout le monde. Le « listixaar » est le plus sûr des techniques de voyance. Car c’est basé sur le Coran», explique Iran Ndao. 

 
Le regain d’intérêt noté chez des jeunes filles par rapport à la voyance a une explication sociologique.  «La voyance renvoie au poids du passé et à l’héritage qui est un capital symbolique pour certains. Pour d’autres, c’est le sentiment de peur qui les animent et les poussent à recourir à cette pratique  pour  se rassurer », explique le sociologue Amadou  Sarr. « Juste vous dire que l’individu est naturellement curieux », ajoute-t-il. 

3 trois choses nécessitent le recours au « listixaar » 

Quelles que soient les raisons que l’on puisse invoquer, Iran  Ndao pense qu’un musulman ne doit pas recourir à la pratique divinatoire. Car, dit-il, le prophète Mohamed (Psl), nous recommande dans tout ce qu’on doit faire ou entreprendre de recueillir l’avis d’un Imam ou même quelqu’un qui s’y connait. 

« L’oiseau même jette un coup d’œil dans son nid avant d’y entrer. Et pourquoi pas l’homme ? », se demande le prêcheur. Selon lui,  trois choses nécessitent le recours au « listixaar » :l’achat d’une voiture, d’une maison et le fait d’épouser une femme. 

De manière pratique, Iran Ndao explique : «Par exemple si vous venez chez moi pour me dire que vous êtes en couple avec un certain Maaba. La première chose à faire vous me dites le nom de votre mère  et celui de votre amoureux. Et pour ce qui est des noms de père nous ne sommes pas sûr de la paternité des deux, car la femme c’est celle qui porte 9 mois son enfant. 

Après je dois prier deux Rakkas, il y’aura une prière à invoquer devant Dieu pour qu’il vous aide à informer la famille si cette relation est fructueuse ou pas. Néanmoins si c’est un champ plein verdure, c’est un bon signe et si c’est le contraire, ça veut dire qu’il y’aura du malheur. » 

Fana Cissé (Dakar7)



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