De la CAN désastreuse de 2008, l’opinion avait fâcheusement retenu la manière contrariante dont la sélection a été sortie de la compétition. Trois faits sont restés à l’esprit : l’affligeante médiocrité d’Henrik Kasperczak et de ses poulains malgré l’immense potentialité, l’indiscipline caractérisée dont certains joueurs ont fait preuve et la démission du technicien franco-polonais en pleine Coupe d’Afrique et après seulement deux matchs.
Pour beaucoup, ce qui a été plus difficile à concevoir c’était la virée nocturne du capitaine El Hadji Diouf et de son second Toni Sylva. Comment des joueurs patriotes en mauvaise posture suite au match nul contre la Tunisie (2-2) et à la défaite face à l’Angola (1-3), ont-ils osé effectuer une sortie en boîte de nuit à deux jours d’un match capital contre l’Afrique du Sud ? On peut comprendre que ce mercenaire d’Henrik Kasperczak soit moins impliqué et peu inspiré, mais pas que des "Lions" prennent à la légère le drapeau national.
Déjà Henrik Kasperczak s’était rendu au Ghana dans un climat qui laissait perplexe. Face aux alertes du président de la FSF de l’époque, Mbaye Ndoye, et de nombreux autres observateurs par rapport au jeu peu convaincant des "Lions", le Polonais est resté calfeutré dans une suffisance arrogante et coutumière. Il débarque au Ghana avec « ses » certitudes, lesquelles sonnent creux dans les oreilles de tout le monde sauf dans celles de ses thuriféraires, qui refusent de voir la réalité en face et rêvent de miracle.
Les derniers matchs amicaux de préparation à la CAN 2008, joués contre le Mali, le Maroc et le Bénin avaient montré des insuffisances criantes dans le jeu des "Lions". Ainsi, la première vraie alerte a été donnée le 21 novembre 2007 face au Maroc au stade Dominique Duvauchelle de Créteil.
Ce soir-là, les poulains de Kasperczak ont été bouffés tout cru par ceux de l’Atlas dominateurs dans tous les compartiments du jeu. Battus techniquement, dépassés en vivacité et dominés dans presque tous les duels, les "Lions" du Sénégal étaient totalement transparents et à la rue. Au bout du cauchemar, ils ont pris un cinglant 0-3. « Cela fait plus de 12 ans qu’on n’a pas pris un tel score »[1], déclarera à la fin de la rencontre Mbaye Ndoye une fois la claque consommée. Et d’ajouter « (…) On a été très vulnérable en défense (…) ». Kasperczak usera lui-même à la fin de la rencontre des termes « médiocrité et méconnaissable » pour caractériser son équipe.
Sur les trois rencontres préparatoires, le Polonais n’a pas été en mesure de rassurer le public et encore moins les dirigeants sénégalais. Même à une semaine de leur premier match en phase finale, l’ultime revue de troupe face aux modestes Ecureuils du Bénin (2 buts à 1), au stade du 4 août de Ouagadougou, n’a pas permis de dissiper les derniers doutes. Avec un milieu de terrain complètement à la rue du point de vue du placement, des soucis de cohésion et d’automatismes en attaque et une défense systématiquement prise à revers à chaque rencontre (6 buts encaissés en 3 matchs), les "Lions" devaient inspirer une inquiétude légitime.
Nonobstant tout cela, ils débarquèrent au Ghana et promirent au peuple sénégalais le Graal continental avec une suffisance très déplacée à la limite de la présomption. Or, la manière était pareille sinon pire qu’en 2004 et 2006. Visiblement, les deux précédentes campagnes ne leur avaient pas servi de leçon. Les lacunes relevées dans leur jeu lors des trois dernières sorties ne leur avaient pas enseigné l’humilité. Comme il faut beaucoup d'humiliation pour faire un peu d'humilité, les coéquipiers d’El Hadji Diouf vont noircir le tableau en manifestant sur le terrain un flagrant manque d’engagement et d’envie de mouiller le maillot national contre l’Angola (1-3) avec en prime, une virée nocturne en discothèque.
Entre l’humiliation sur le terrain et l’insouciance qui a mené certains d’entre eux en boîte de nuit, le fier scout de Zabrze abandonna le navire en détresse. Avec une grenade dégoupillée laissée entre les mains de son adjoint Lamine Ndiaye et du président de la FSF, Mbaye Ndoye[2], Kasperczak quitte le navire en pleine campagne et prétend vouloir créer un éventuel électrochoc. Il avait fini de donner les "Lions" en pâture aux Aigles de Carthage et aux Palancas Negras, avec en prime 5 buts encaissés en deux matchs de CAN, soit un total de 11 buts en 5 rencontres successives, si l’on prend en considération les trois matchs amicaux. Mbaye Ndoye le craignait.
A entendre Henryk Kasperczak se désoler du laxisme des joueurs, il est difficile de lui en vouloir, sauf peut-être pour deux choses : ses limites pour ne pas dire ses méthodes préhistoriques et sa défection de la Tanière en pleine campagne. On ne quitte pas le front en pleine guerre lorsqu’on est général d’armée. Tel un cavalier qui refuse de se faire obéir par son mulet, Henrik Kasperczak a été incapable de galvaniser ses troupes.
Le plus intolérable restera sans doute l’attitude des joueurs. En effet, la gueule de bois de la veille de l’ultime et décisive rencontre contre les Bafana-Bafana n’est pas due à la claque reçue contre l’Angola ni à la démission de Henryk Kasperczak, mais bien à une soirée bien arrosée du capitaine El Hadji Diouf et de son adjoint Tony Sylva. Deux zigotos en crampons, risée de la CAN 2008 et qui sont devenus aujourd’hui des donneurs de leçons.
Avec une tanière transformée en fashion week, on a pensé que les joueurs étaient là pour toutes sortes de loisirs, mais pas pour défendre les couleurs du pays. En effet, c’était le monde à l’envers : le Franco-Polonais était au bord des larmes quand les supposés "Lions" ne semblaient s’émouvoir de mal défendre les couleurs du pays de la Téranga.
Devrait-on féliciter le coach et occulter sa part d’impairs ? En tout cas, Kasperczak avait été vivement et constamment critiqué à propos de ses choix et combinaisons qui faussaient le rendement du groupe. A Tamale, les critiques se sont intensifiées sous le regard expectatif des autorités footballistiques du Sénégal. Le match nul contre la Tunisie comptant pour la première journée, démontre que les observateurs n’étaient pas dubitatifs pour rien. Des voix, et pas des moindres, se sont élevées contre « l’entêtement de Kasperczak ».
Le technicien reste cependant dans sa logique, imposant un système de jeu à des joueurs qui, bien que professionnels, ne s’y retrouvent pas forcément. Il pèche dans le choix des hommes, laisse moisir sur le banc des joueurs comme Henri Camara et s’entête à vouloir associer Niang et Diouf, par exemple.
Au sein du bureau fédéral, des langues se délient, mais avec un courage en demi-teinte. « Les choses ne plaident pas en sa faveur parce que les joueurs ne font pas les réaménagements qu’il faut par rapport aux situations. Leurs positionnements très bas a créé des espaces et a rendu compliqué les transmissions en première période », confiait un fédéral à un confrère sous couvert de l’anonymat.
L’ancien international Pape Fall, mais aussi l’agent de joueur Amadou Ndiaye "Zamado", ont attiré l’attention sur l’erreur de laisser moisir certains joueurs sur le banc. "Zamado" et Pape Fall invitent Kasperczak à « élargir l’éventail et faire confiance aux joueurs qui ont faim ». Mais leur message entre dans l’oreille d’un sourd borné et suffisant. Il ne doit pas s’étonner que «certains joueurs ne jouent pas à leur valeur exacte».
Kasperczak s’est entêté dans son jusqu’au-boutisme à associer en attaque Diouf et Niang. Le duo peu productif en sélection et maladroit fonctionne mal. Les deux joueurs aux égos démesurés ne s’entendent pas. A vrai dire, ils ne se sont jamais véritablement appréciés et se toléraient à peine le temps de leurs séjours ensemble dans la Tanière.
Niang a toujours cru que Diouf était pour quelque chose dans sa non-sélection dans l’équipe de 2002 en partance pour la CAN et le Mondial, d’où il avait été écarté de justesse. Diouf, en perte de vitesse, craint, lui, pour son leadership, lequel était visiblement menacé par un Niang montant en puissance. Le feuilleton qui suivra l’échec de 2008 en dit long sur les rapports entre l’ancien Marseillais et l’ancien Lensois. On se rappelle encore leurs échanges aigres-doux par médias interposés.
Si les virées nocturnes de Diouf and Co sont habituelles, celle de Tamale semble avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Avec un état d’esprit pourri et des clans malsains, il était d’emblée difficile, voire impossible, de construire non seulement une équipe compétitive, mais une équipe tout court. Comble de tout, à la moindre contrariété, les langues se délient et le collectif se délite. Bruno Metsu parle de « manque de caractère » comparé au groupe dont il disposait six années auparavant. Henryk Kasperczak lui, avoue l’absence « d’âme ».
[1] La dernière lourde défaite du Sénégal remontait en juillet 1995 en éliminatoires de la CAN 96, en Afrique du Sud. Les « Lions » avaient pris un cuisant 0-4 à Tunis, face à des « Aigles de Carthage » alors conduits par un certain ... Kasperczak
[2] Mbaye Ndoye avait succédé en tant qu'intérimaire à Saïd Fakhry démissionnaire en juillet 2005, et avait été élu en 2006 pour un mandat de quatre ans.
Cheikh Mbacke SENE, Journaliste-écrivain
Pour beaucoup, ce qui a été plus difficile à concevoir c’était la virée nocturne du capitaine El Hadji Diouf et de son second Toni Sylva. Comment des joueurs patriotes en mauvaise posture suite au match nul contre la Tunisie (2-2) et à la défaite face à l’Angola (1-3), ont-ils osé effectuer une sortie en boîte de nuit à deux jours d’un match capital contre l’Afrique du Sud ? On peut comprendre que ce mercenaire d’Henrik Kasperczak soit moins impliqué et peu inspiré, mais pas que des "Lions" prennent à la légère le drapeau national.
Déjà Henrik Kasperczak s’était rendu au Ghana dans un climat qui laissait perplexe. Face aux alertes du président de la FSF de l’époque, Mbaye Ndoye, et de nombreux autres observateurs par rapport au jeu peu convaincant des "Lions", le Polonais est resté calfeutré dans une suffisance arrogante et coutumière. Il débarque au Ghana avec « ses » certitudes, lesquelles sonnent creux dans les oreilles de tout le monde sauf dans celles de ses thuriféraires, qui refusent de voir la réalité en face et rêvent de miracle.
Les derniers matchs amicaux de préparation à la CAN 2008, joués contre le Mali, le Maroc et le Bénin avaient montré des insuffisances criantes dans le jeu des "Lions". Ainsi, la première vraie alerte a été donnée le 21 novembre 2007 face au Maroc au stade Dominique Duvauchelle de Créteil.
Ce soir-là, les poulains de Kasperczak ont été bouffés tout cru par ceux de l’Atlas dominateurs dans tous les compartiments du jeu. Battus techniquement, dépassés en vivacité et dominés dans presque tous les duels, les "Lions" du Sénégal étaient totalement transparents et à la rue. Au bout du cauchemar, ils ont pris un cinglant 0-3. « Cela fait plus de 12 ans qu’on n’a pas pris un tel score »[1], déclarera à la fin de la rencontre Mbaye Ndoye une fois la claque consommée. Et d’ajouter « (…) On a été très vulnérable en défense (…) ». Kasperczak usera lui-même à la fin de la rencontre des termes « médiocrité et méconnaissable » pour caractériser son équipe.
Sur les trois rencontres préparatoires, le Polonais n’a pas été en mesure de rassurer le public et encore moins les dirigeants sénégalais. Même à une semaine de leur premier match en phase finale, l’ultime revue de troupe face aux modestes Ecureuils du Bénin (2 buts à 1), au stade du 4 août de Ouagadougou, n’a pas permis de dissiper les derniers doutes. Avec un milieu de terrain complètement à la rue du point de vue du placement, des soucis de cohésion et d’automatismes en attaque et une défense systématiquement prise à revers à chaque rencontre (6 buts encaissés en 3 matchs), les "Lions" devaient inspirer une inquiétude légitime.
Nonobstant tout cela, ils débarquèrent au Ghana et promirent au peuple sénégalais le Graal continental avec une suffisance très déplacée à la limite de la présomption. Or, la manière était pareille sinon pire qu’en 2004 et 2006. Visiblement, les deux précédentes campagnes ne leur avaient pas servi de leçon. Les lacunes relevées dans leur jeu lors des trois dernières sorties ne leur avaient pas enseigné l’humilité. Comme il faut beaucoup d'humiliation pour faire un peu d'humilité, les coéquipiers d’El Hadji Diouf vont noircir le tableau en manifestant sur le terrain un flagrant manque d’engagement et d’envie de mouiller le maillot national contre l’Angola (1-3) avec en prime, une virée nocturne en discothèque.
Entre l’humiliation sur le terrain et l’insouciance qui a mené certains d’entre eux en boîte de nuit, le fier scout de Zabrze abandonna le navire en détresse. Avec une grenade dégoupillée laissée entre les mains de son adjoint Lamine Ndiaye et du président de la FSF, Mbaye Ndoye[2], Kasperczak quitte le navire en pleine campagne et prétend vouloir créer un éventuel électrochoc. Il avait fini de donner les "Lions" en pâture aux Aigles de Carthage et aux Palancas Negras, avec en prime 5 buts encaissés en deux matchs de CAN, soit un total de 11 buts en 5 rencontres successives, si l’on prend en considération les trois matchs amicaux. Mbaye Ndoye le craignait.
A entendre Henryk Kasperczak se désoler du laxisme des joueurs, il est difficile de lui en vouloir, sauf peut-être pour deux choses : ses limites pour ne pas dire ses méthodes préhistoriques et sa défection de la Tanière en pleine campagne. On ne quitte pas le front en pleine guerre lorsqu’on est général d’armée. Tel un cavalier qui refuse de se faire obéir par son mulet, Henrik Kasperczak a été incapable de galvaniser ses troupes.
Le plus intolérable restera sans doute l’attitude des joueurs. En effet, la gueule de bois de la veille de l’ultime et décisive rencontre contre les Bafana-Bafana n’est pas due à la claque reçue contre l’Angola ni à la démission de Henryk Kasperczak, mais bien à une soirée bien arrosée du capitaine El Hadji Diouf et de son adjoint Tony Sylva. Deux zigotos en crampons, risée de la CAN 2008 et qui sont devenus aujourd’hui des donneurs de leçons.
Avec une tanière transformée en fashion week, on a pensé que les joueurs étaient là pour toutes sortes de loisirs, mais pas pour défendre les couleurs du pays. En effet, c’était le monde à l’envers : le Franco-Polonais était au bord des larmes quand les supposés "Lions" ne semblaient s’émouvoir de mal défendre les couleurs du pays de la Téranga.
Devrait-on féliciter le coach et occulter sa part d’impairs ? En tout cas, Kasperczak avait été vivement et constamment critiqué à propos de ses choix et combinaisons qui faussaient le rendement du groupe. A Tamale, les critiques se sont intensifiées sous le regard expectatif des autorités footballistiques du Sénégal. Le match nul contre la Tunisie comptant pour la première journée, démontre que les observateurs n’étaient pas dubitatifs pour rien. Des voix, et pas des moindres, se sont élevées contre « l’entêtement de Kasperczak ».
Le technicien reste cependant dans sa logique, imposant un système de jeu à des joueurs qui, bien que professionnels, ne s’y retrouvent pas forcément. Il pèche dans le choix des hommes, laisse moisir sur le banc des joueurs comme Henri Camara et s’entête à vouloir associer Niang et Diouf, par exemple.
Au sein du bureau fédéral, des langues se délient, mais avec un courage en demi-teinte. « Les choses ne plaident pas en sa faveur parce que les joueurs ne font pas les réaménagements qu’il faut par rapport aux situations. Leurs positionnements très bas a créé des espaces et a rendu compliqué les transmissions en première période », confiait un fédéral à un confrère sous couvert de l’anonymat.
L’ancien international Pape Fall, mais aussi l’agent de joueur Amadou Ndiaye "Zamado", ont attiré l’attention sur l’erreur de laisser moisir certains joueurs sur le banc. "Zamado" et Pape Fall invitent Kasperczak à « élargir l’éventail et faire confiance aux joueurs qui ont faim ». Mais leur message entre dans l’oreille d’un sourd borné et suffisant. Il ne doit pas s’étonner que «certains joueurs ne jouent pas à leur valeur exacte».
Kasperczak s’est entêté dans son jusqu’au-boutisme à associer en attaque Diouf et Niang. Le duo peu productif en sélection et maladroit fonctionne mal. Les deux joueurs aux égos démesurés ne s’entendent pas. A vrai dire, ils ne se sont jamais véritablement appréciés et se toléraient à peine le temps de leurs séjours ensemble dans la Tanière.
Niang a toujours cru que Diouf était pour quelque chose dans sa non-sélection dans l’équipe de 2002 en partance pour la CAN et le Mondial, d’où il avait été écarté de justesse. Diouf, en perte de vitesse, craint, lui, pour son leadership, lequel était visiblement menacé par un Niang montant en puissance. Le feuilleton qui suivra l’échec de 2008 en dit long sur les rapports entre l’ancien Marseillais et l’ancien Lensois. On se rappelle encore leurs échanges aigres-doux par médias interposés.
Si les virées nocturnes de Diouf and Co sont habituelles, celle de Tamale semble avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Avec un état d’esprit pourri et des clans malsains, il était d’emblée difficile, voire impossible, de construire non seulement une équipe compétitive, mais une équipe tout court. Comble de tout, à la moindre contrariété, les langues se délient et le collectif se délite. Bruno Metsu parle de « manque de caractère » comparé au groupe dont il disposait six années auparavant. Henryk Kasperczak lui, avoue l’absence « d’âme ».
[1] La dernière lourde défaite du Sénégal remontait en juillet 1995 en éliminatoires de la CAN 96, en Afrique du Sud. Les « Lions » avaient pris un cuisant 0-4 à Tunis, face à des « Aigles de Carthage » alors conduits par un certain ... Kasperczak
[2] Mbaye Ndoye avait succédé en tant qu'intérimaire à Saïd Fakhry démissionnaire en juillet 2005, et avait été élu en 2006 pour un mandat de quatre ans.
Cheikh Mbacke SENE, Journaliste-écrivain