Habib Bèye, né à Suresnes (Hauts-de-Seine) en 1977 et 44 sélections pour le Sénégal, raconte une France qu’on ne voit plus au journal de 20 heures. «Ma mère, Nadine, est française et catholique. Mon père, Abdou, est sénégalais et musulman. Le deuxième prénom de ma soeur, Alexandra, c’est Léna.
Moi, c’est Habib Frédéric. Cette double culture est une magnifique richesse pour moi. J’ai grandi dans un environnement laïc. Je mangeais du porc comme tout le monde à la cantine de l’école, je vivais ma vie, et mon père ne m’a rien imposé. Je ne suis jamais devenu musulman, et je ne pratique aucune religion. Mais je crois en Dieu.»
Il grandit au Port-Marly, dans les Yvelines. «Dans une HLM avec des Chinois, des Blacks, des Algériens, des Marocains, narre-t-il. Aujourd’hui, ce qui m’ennuie le plus, c’est que l’on a peur de l’autre. Avant, dans notre immeuble de quatre étages, les portes étaient ouvertes à chaque niveau. Au premier, il y avait la famille Haddadi, des Kabyles. La mère nous donnait des galettes de semoule. Au 2e, des Chinois qui avaient un fils avec qui je jouais au foot en bas. Au 3e, Patrice recevait tout le monde et nous aussi, on faisait à manger pour plus que nous quatre. Ce n’était pas la Fête des voisins, mais il y avait une solidarité et une convivialité. On était tous ensemble et on ne voyait pas de différences.»
Abdou est footballeur (au Racing à Colombes), Nadine travaille dans une imprimerie. Milieu ni pauvre ni riche, classe moyenne. Habib se met au foot très vite et après un parcours sinueux, marqué par des échecs (détection des 15 ans au PSG, Clairefontaine), il parvient à forcer la porte du PSG à 18 ans. «Sur le petit papier de la maîtresse à l’école, j’ai toujours écrit que je voulais devenir footballeur professionnel plus tard.»
Des fauteuils design au plateau télé
Après moult concours de circonstances, Claude Le Roy, directeur sportif, le repère et l’emmène dans ses bagages à Strasbourg où il part en compagnie de Pierre Mankowski. A presque 21 ans, il signe un contrat de quatre ans et passe de la CFA à la D1, à 15 048 francs (2 294 €) brut par mois. Son contrat le plus juteux, lors de ses derniers feux à Aston Villa (2009-2012), lui offrira un train de vie royal, à 2M€ par an.
Tout au long de sa carrière de footballeur, le Parisien de naissance, Marseillais de coeur, ne reste pas dans son jus social. «Connaître l’autre, c’est ce qui m’intéresse. Il peut m’apprendre, m’aider à comprendre. J’aime m’ouvrir à des gens avec qui je n’aurais jamais pensé converser», glisse-t-il.
Eva, sa femme, l’encourage depuis leur rencontre à emprunter de nouvelles passerelles. Il découvre l’univers de la déco, l’immobilier et se lance dans des fauteuils design à la fin de sa carrière. Les sièges recouverts d’un maillot de foot, via la société For Unique People qu’il crée, c’est lui. Mais il lambine et s’ennuie.
Par hasard, il devient consultant. Après un premier essai sur Canal + en 2013, il rentre chez lui, amer. L’expérience ne lui plaît pas. En se revoyant, c’est pire. «Je me réécoute en replay et là, ça a duré dix minutes, j’ai éteint. J’ai appelé les responsables et je leur ai dit non.»
«C’est le meilleur» consultant
Mais la chaîne cryptée insiste et il se laisse convaincre. Aujourd’hui, les sondages sur le Net ou le milieu du foot le saluent comme le consultant le plus pointu. Son style, qui s’exporte dans Radio Foot International sur RFI une fois par semaine, s’est très vite imposé.
«Ce n’est pas qu’il est bon, c’est plutôt que c’est le meilleur. Tous médias confondus, s’enflamme Sébastien Dupuis, commentateur depuis quinze ans pour Canal +. Il a le fond et la forme. Tactiquement, il est très au point. Il donne ce que le téléspectateur n’est pas en capacité de voir. Il a un esprit de synthèse très rare, il va vite dans la tête et dans la manière de le retranscrire à l’antenne. C’est le commentateur d’aujourd’hui et ce sera encore plus le commentateur de demain.»
Mais demain semble encore loin. Lui-même ne sait pas combien de temps on le verra ferrailler sur les plateaux avec Paul Le Guen ou commenter la L1. «Je suis consultant à 2 000 % mais je pense que c’est un métier qui a une durée de vie limitée. Je passerai un jour mes diplômes d’entraîneur, mais je ne serai alors plus consultant. J’aime le terrain, le jeu.
Mon plaisir, en Ligue des champions, c’est une fois le match fini, de courir en conférence de presse écouter un Guardiola, un Mourinho, un Wenger, un Klopp, me parler football. Je suis comme un enfant dans ces moments-là. Je me mets au fond et je me régale. Souvent, il m’apprend un truc, m’explique tel ou tel changement. Je suis fou de ça, je m’en nourris.» Et après, c’est le public qui en profite.
Source: Le Parisien
Moi, c’est Habib Frédéric. Cette double culture est une magnifique richesse pour moi. J’ai grandi dans un environnement laïc. Je mangeais du porc comme tout le monde à la cantine de l’école, je vivais ma vie, et mon père ne m’a rien imposé. Je ne suis jamais devenu musulman, et je ne pratique aucune religion. Mais je crois en Dieu.»
Il grandit au Port-Marly, dans les Yvelines. «Dans une HLM avec des Chinois, des Blacks, des Algériens, des Marocains, narre-t-il. Aujourd’hui, ce qui m’ennuie le plus, c’est que l’on a peur de l’autre. Avant, dans notre immeuble de quatre étages, les portes étaient ouvertes à chaque niveau. Au premier, il y avait la famille Haddadi, des Kabyles. La mère nous donnait des galettes de semoule. Au 2e, des Chinois qui avaient un fils avec qui je jouais au foot en bas. Au 3e, Patrice recevait tout le monde et nous aussi, on faisait à manger pour plus que nous quatre. Ce n’était pas la Fête des voisins, mais il y avait une solidarité et une convivialité. On était tous ensemble et on ne voyait pas de différences.»
Abdou est footballeur (au Racing à Colombes), Nadine travaille dans une imprimerie. Milieu ni pauvre ni riche, classe moyenne. Habib se met au foot très vite et après un parcours sinueux, marqué par des échecs (détection des 15 ans au PSG, Clairefontaine), il parvient à forcer la porte du PSG à 18 ans. «Sur le petit papier de la maîtresse à l’école, j’ai toujours écrit que je voulais devenir footballeur professionnel plus tard.»
Des fauteuils design au plateau télé
Après moult concours de circonstances, Claude Le Roy, directeur sportif, le repère et l’emmène dans ses bagages à Strasbourg où il part en compagnie de Pierre Mankowski. A presque 21 ans, il signe un contrat de quatre ans et passe de la CFA à la D1, à 15 048 francs (2 294 €) brut par mois. Son contrat le plus juteux, lors de ses derniers feux à Aston Villa (2009-2012), lui offrira un train de vie royal, à 2M€ par an.
Tout au long de sa carrière de footballeur, le Parisien de naissance, Marseillais de coeur, ne reste pas dans son jus social. «Connaître l’autre, c’est ce qui m’intéresse. Il peut m’apprendre, m’aider à comprendre. J’aime m’ouvrir à des gens avec qui je n’aurais jamais pensé converser», glisse-t-il.
Eva, sa femme, l’encourage depuis leur rencontre à emprunter de nouvelles passerelles. Il découvre l’univers de la déco, l’immobilier et se lance dans des fauteuils design à la fin de sa carrière. Les sièges recouverts d’un maillot de foot, via la société For Unique People qu’il crée, c’est lui. Mais il lambine et s’ennuie.
Par hasard, il devient consultant. Après un premier essai sur Canal + en 2013, il rentre chez lui, amer. L’expérience ne lui plaît pas. En se revoyant, c’est pire. «Je me réécoute en replay et là, ça a duré dix minutes, j’ai éteint. J’ai appelé les responsables et je leur ai dit non.»
«C’est le meilleur» consultant
Mais la chaîne cryptée insiste et il se laisse convaincre. Aujourd’hui, les sondages sur le Net ou le milieu du foot le saluent comme le consultant le plus pointu. Son style, qui s’exporte dans Radio Foot International sur RFI une fois par semaine, s’est très vite imposé.
«Ce n’est pas qu’il est bon, c’est plutôt que c’est le meilleur. Tous médias confondus, s’enflamme Sébastien Dupuis, commentateur depuis quinze ans pour Canal +. Il a le fond et la forme. Tactiquement, il est très au point. Il donne ce que le téléspectateur n’est pas en capacité de voir. Il a un esprit de synthèse très rare, il va vite dans la tête et dans la manière de le retranscrire à l’antenne. C’est le commentateur d’aujourd’hui et ce sera encore plus le commentateur de demain.»
Mais demain semble encore loin. Lui-même ne sait pas combien de temps on le verra ferrailler sur les plateaux avec Paul Le Guen ou commenter la L1. «Je suis consultant à 2 000 % mais je pense que c’est un métier qui a une durée de vie limitée. Je passerai un jour mes diplômes d’entraîneur, mais je ne serai alors plus consultant. J’aime le terrain, le jeu.
Mon plaisir, en Ligue des champions, c’est une fois le match fini, de courir en conférence de presse écouter un Guardiola, un Mourinho, un Wenger, un Klopp, me parler football. Je suis comme un enfant dans ces moments-là. Je me mets au fond et je me régale. Souvent, il m’apprend un truc, m’explique tel ou tel changement. Je suis fou de ça, je m’en nourris.» Et après, c’est le public qui en profite.
Source: Le Parisien